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Poésie - Page 11

  • Atelier "voix et poésie" au lycée

    Voix posée, claire, douce, éclatante, harmonieuse, rauque… Chacun de nous a un timbre différent qui nous identifie aussi bien qu'un visage. Cette voix qui porte le langage, qui voyage sur les ondes, qui fascine ou inquiète est impalpable et tellement vivante. Porteuse d'informations, d'émotions. Lien entre les êtres.

    En novembre, nous étions au lycée Alain Borne à Montélimar pour animer un atelier "voix et poésie" avec des élèves de seconde, à la demande de Martine Français documentaliste et de professeurs de lettres. Notre but était de faire prendre conscience aux jeunes de ce qui entre en action dans le fait de parler. Faire vibrer l'instrument de la parole par une bonne position du corps, par la respiration, par l'articulation. Maîtriser le souffle pour lire, pour s'exprimer à voix haute, pour dire la poésie.

    Les élèves de ces deux classes de seconde ont manifesté un intérêt réel pour cet entraînement. "La parole est à moitié à celui qui la donne, la moitié à celui qui la reçoit", disait Montaigne. Autrement dit, ce n'est pas ce que l'on dit qui est important, mais ce qui est entendu.

    Après des exercices d'échauffement, on en vient à lire un poème ensemble et chaque voix côtoie celle des autres en résonnance, les timbres se répondent, se fondent. Harmonie. Cette diction introduit d'une manière sensorielle la compréhension du poème, par sa mélodie, son rythme.

     J.M.G Le Clézio parle du "langage beauté où nous n'agissons plus, mais c'est nous qui sommes devenus les verbes et les noms. Celui qui a commencé à parler maintenant dans le poème, ouvre l'étendue de l'océan, sous le ciel, trace le cercle de l'horizon…"

     Dans un deuxième temps, les élèves ont pu individuellement donner un texte de leur choix.

    "Il est temps de lever sa voix comme une mèche sur une lampe", écrivait le poète Alain Borne.

     Ce travail ouvre la voie aux festivités 2015 qui célébrera le centenaire de la naissance du poète montilien initiée par la médiathèque de Montélimar. Certains élèves présenteront à cette occasion un choix de poésies d'Alain Borne.

     André et Geneviève

  • Lire Philippe Jaccottet

    philippe jaccottet,beauregard,andré du bouchet,montale,grignan,drôme,suisse,florence,geneviève briot,bleu 31Lire Philippe Jaccottet, c'est faire une promenade dans la nature et se laisser surprendre par une fleur, un nuage, une lueur, mais c'est bien plus qu'être intensément là dans le moment présent ; c'est faire une plongée dans le passé, c'est rencontrer au même instant la vie et la mort ; c'est saisir des éclats d'une vie intérieure, des correspondances avec des souvenirs, des lectures, des musiques, des peintures, des mots magnifiés. Sous une apparente simplicité, le poète donne une vision picturale qui unit émotions et couleurs. Et toujours, ce tremblement de l'écriture produit par les hésitations, l'approche toujours insatisfaite entre ce qui est dit et ce qui se dérobe.

    Je pourrais évoquer des mots que nous avons aimé lire en public : l'heureux brouillard des amandiers de "À travers un verger", le travail du poète qui est de veiller comme un berger et d'appeler tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. J'aimerais dire mon émotion à la lecture de "Truinas" écrit à propos des obsèques de André du Bouchet où Philippe Jaccottet exprime la merveille extrême, celle capable de susciter, paradoxalement sinon scandaleusement une espèce de joie sourde, timide et pourtant puissante…

    Mais j'ai choisi d'évoquer "Beauregard" que je viens de relire :

    C'est toute la fascination du mot qui nous est donnée à voir. Beauregard, village perdu, presque un hameau : "… on allume les lampes et cela aide, tandis que le vert des prairies et des forêts devient comme de l'encre ou presque, s'imprègne de nuit ; et qu'à l'inverse, une dernière fois avant la nuit, flamboie l'entaille de la carrière, à croire qu'on avait allumé là-bas un grand brasier rose qui semble sourdre de la terre elle-même - et c'est aussi un verre de lumière à boire, un verre de soleil couchant."

    Ce Beauregard, tout à fait drômois, le mène à un lieu-dit près de sa ville natale : "… quand on disait ce mot on faisait tinter une cloche justement pour accéder à quelque lieu inconnu… Oui ce mot tintait comme un instrument de métal frappé par un marteau - et dont le retentissement, maintenant que j'y songe après tant d'années, n'était pas sans analogie avec celui (qu'on imagine) d'un gong dans la cour d'un temple d'Asie ou celui des sonnailles d'un troupeau qu'on entend avant de le voir … et le son clair se répand, vient à vous à travers la distance elle-même absolument claire, c'est l'air lui-même qui tinte et vibre, l'air tout à fait invisible des hauteurs qui semble s'ouvrir à son passage - tandis que les montagnes s'élèvent immobiles, à distance les unes des autres, comme des beffrois."

    Beauregard entraîne ensuite Philippe Jaccottet vers "Tempi di Bellosguardo", un poème de Montale, l'évocation d'un quartier de Florence puis d'une personne assise en retrait dans l'ombre : "on voit alors ses yeux saturés de la lumière du monde sur lesquels rapidement les paupières se baissent pour ne laisser filtrer qu'un désir de tendresse ou de long sommeil."

    Philippe Jaccottet est né en Suisse et vit à Grignan dans la Drôme.

    Geneviève

     

  • Silence !

    Voici ce que j'avais projet de lire en préambule lors de la table ronde "dire avec la voix, dire avec la plume" des "27 heures chrono" Baz'Art des Mots (2014). Faute de temps, le débat n'eut pas lieu. Ce n'est que partie remise, j'espère. On me demandait un avis tranché. Le voici :

     Je pense que dans ce monde où l'actualité nous parvient comme un tourbillon, nous manquons cruellement de silence.

    Le silence appartient au processus de la parole comme il appartient à la musique. Indispensable.

    On peut comparer le silence au vide de l'univers, la voix aux étoiles et aux planètes. Le silence est un immense champ de découverte. Il est un renouvellement de la parole pour qu'elle devienne audible. 

    Parole et silence semblent des contraires, alors que l'un possède l'autre comme le Yang et le Yin sont réunis en chaque partie du corps, en chaque chose. Le lien est constant. Un peu comme au théâtre où les "contraires" provoquent le mouvement. Rien n'est statique, rien n'est acquis. Un peu aussi comme la décroissance, dont on parle aujourd'hui, qui n'est pas la négation de la croissance mais son renouvellement. Le silence est source de renouveau pour la parole parlée et écrite. Donner un sens à l'un donne un sens à l'autre.

     Le silence comme viatique à la fête, à la pleine possession du corps. C'est aussi un temps où l'on apprend à parler avec la voix de la terre.

    Le silence comme époux de la parole. "La poésie, ce sont les noces de la paroles et du silence", nous dit Guillevic.

     Transversalité de la parole et du silence, comme oralité et écriture, corps, espaces, matières. Des lieux sans frontières.

     Je propose de fomenter des silences, jusqu'à l'insurrection ! Créons des brigades de silence !

     Le silence comme un rêve de l'autre. Aucune rencontre n’est anodine. C’est “l’autre” qui te métamorphose. Aller à sa rencontre, c’est aussi aller à la rencontre de soi, trouver la source d’une renaissance, inventer le temps qui reste.

    Offrons-nous ces moments. Partageons-les comme on partage un repas. D'autres paroles viendront ensuite, naturellement.

    Jusqu'à la débandade. 

    Aux mots du poète Alain Borne "Je pense que tout est fini qui retenait la toile / Je pense qu'il reste dorénavant surtout à mourir". Ce qui, ici, retient la toile est pour moi le silence. Je préfère ceux pleins de vie et de fougue de Blaise Cendrars "Quand je pense, je suis un animal en rut qui se vautre la verge haute stupide vers le futur. Quand je pense, je suis la débandade effrayée des sons d'une symphonie, la débandade de l'harmonie et du silence".

    Je termine ce préambule avec Philippe Jaccottet : "Le travail du poète est de veiller comme un berger et d'appeler tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort".

    André Cohen Aknin, juin 2014

  • À pleine peau

     

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    Nous allons vers le sud, vers les oliviers, vers la lumière. La pluie même la secrète en perles fines, étend son voile sur la mer. Éclats de bleus sur la dentelle de béton du Mucem. Marche dans les cailloux qui l'étreignent, la ruminent avant de l'exploser dans la calanque à Cassis. Cascade argentée de la rivière sous les arbres dans le Lubéron. Regards et rires d'enfants.

    Faut-il que nous soyons dans l'enlisement pour tendre ainsi les mains vers la lumière, l'atteindre, l'emporter dans un appareil photo, emprisonnée ainsi que nous sommes ? Éclairer les insomnies à la lampe de poche !

    Les paroles ont des flammes tremblantes au vent des rencontres. Sur les murs d'un village perché, la lumière vibre et nos corps semblables aux pierres s'y abreuvent. Prières entre terre et ciel, ténues comme galets, légères comme oiseaux.

    Mouvement vers ce qui nous manque, ce qui nous aime, ce qui nous éclaire. Prendre les soleils à pleine peau et brûler les ombres le temps d'un élan.

    Geneviève

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  • La poésie et maintenant

    Une journée de rencontre et d'échange était organisée par l'ARALD (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la Documentation) le 19 mars 2014 à la Bibliothèque de Lyon Part-Dieu sur le thème de la poésie. Des intervenants du monde de l'édition, de la librairie, des bibliothèques et des poètes se sont succédé.

    Nous ne souhaitons pas faire un compte-rendu de cette journée, mais mettre en lumière des propos qui font écho en nous et d'y mêler nos propres réactions. Jean-Pierre Bobillot fit un portrait de cette chose multiforme : le livre, l'oralité, la scène, la performance… Il ne s'agit pas de mettre le mot poésie à la sauce du paysage, du printemps, de l'art, ni même de faire un bilan de ce qu'elle fut, mystique, épique ou lyrique mais bien plutôt de regarder la poésie maintenant et elle est plurielle. Faire de la poésie, dit-il, c'est entrer dans le langage, objet du désir.

    Il y a le "faire" du poète et le "dire" du lecteur.

    Sur le "faire", Francis Ponge disait : "Je crois ma vision fort commune", et c'est bien cela que la poésie tient dans ses mots, la vie au quotidien. Est-ce la poésie sonore de Bernard Heidsick dans "Carrefour de la Chaussée d'Antin" qui cueille mots et sons de l'instant ou est-ce une poésie méditative… ou…?

    Paul Vincensini l'appelait "cet enfant impossible" qui donne idée de l'éventail des couleurs, qui donne aussi l'idée de la source, de la fragilité et de l'authenticité.

    Dans la réflexion sur "La poésie au cœur de la cité", quelqu'un a dit : la poésie, c'est sortir de soi pour faire entrer les autres.

    Pas une, mais des poésies. On les trouve dans les livres, les revues, les lectures, les récitals, les performances, là où elle prend résonance. Le martèlement dans la lecture de Claire Rengade nous ramenait au poème de Blaise Cendrars "50 mesures de do-ré"… dédié à Eric Satie (Du monde entier - Poésie / Gallimard). La quête reste donc la même. Aller au plus loin, découvrir d'autres mondes, d'autres parties de soi. Mouvement perpétuel. Le poème est un corps en mouvement.

    Un temps fort. Le poète Patrick Laupin nous a fait vivre l'authenticité de son action au cours d'ateliers d'écriture dans les écoles. Parce qu'il est au cœur de la poésie et en empathie avec les enfants, il crée le lien qui donne aux écoliers qui ne savent pas quoi écrire, la possibilité de passer le mur du langage, de faire émerger les mots qui sont tapis au fond d'eux-mêmes. Il dit aux enfants : "on fait des écritures". Chacun a une écriture, chacun a un livre en soi. Il rappelle le mot de William Blake : Tout le monde a une conscience poétique. Il nous livre quelques paroles et écrits de ces enfants. Il raconte : une petite-fille ne peut pas écrire. Elle dit : j'ai plein d'oublis. Elle revient un peu plus tard et dit : l'oubli a des trous dans ses poches. Il a rendu compte de ces rencontres avec les enfants dans "Le courage des oiseaux" Ed. La rumeur libre et à paraître prochainement, "L'alphabet des oubliés".

    Ce qu'il nous apporte en ce début d'après-midi, c'est son enthousiasme : nous buvons ses mots, ses commentaires qui font courir un frémissement, une joie de vivre en poésie.

    Alors si la poésie est en chacun de nous, pourquoi est-elle la parente pauvre dans nombre de librairies, de bibliothèques, internet…? Pourquoi les poètes sont-ils absents de notre environnement ? Pourquoi est-elle encore si souvent seulement récitation à l'école et explication de textes au lycée, pourquoi n'est-elle pas parole vivante ? La poésie ne peut être objet d'analyse. Elle est source et expression de vie.

    A la suite de cette journée, nous nous sommes interrogés sur l'absence de la poésie dans notre société. Faut-il la vouloir présente à tout prix ? Jean-Pierre Bobillot faisait remarquer qu'elle était "hors-la-loi". N'est-ce pas sa "rareté" qui lui permettra de survivre dans cette période de consommation à outrance. Elle demeure un refuge, un moment à soi. André du Bouchet n'écrit-il pas dans l'ajour - Poésie / Gallimard : "Je n'ai rien su avant de m'immobiliser". La poésie est une immobilité terriblement mobile.

    Reconnaissons qu'elle n'est pas toujours évidente.

    "L'obscurité qu'on lui reproche ne tient pas à sa nature propre, qui est d'éclairer, mais à la nuit même qu'elle explore, et qu'elle se doit d'explorer : celle de l'âme elle-même et du mystère où baigne l'humain." nous dit René Char.

    Pour finir ce propos un poème de Patrick Laupin extrait  de "Le jour l'aurore" paru en 1981

    "le jour l'aurore

    les arbres tremblent

    comme un délire

    le langage le monde

    ne nous appartiennent pas"

     

    Geneviève et André

  • Liberté des femmes

    41vfJlntHlL._AA160_.jpgLe roman "Des cerises en hiver" retrace l'histoire d'une famille modeste et s'attache particulièrement à ces "Femmes d’hier dont les rêves contrariés sont aussi le terreau dans lequel poussent les fleurs de la liberté des femmes d’aujourd’hui", commente Marie-France Moyns de Maif Magazine. D'autre part, la lettre des médiathèques du Pays de Romans parle d'une "ronde des femmes". Dans sa ronde, Roberte, l'héroïne soumise, tient la main de ses filles et petites-filles qui, elles, ont choisi de vivre leur vie. "

    Au cœur de "Des cerises en hiver", il y a aussi celle qui n'est pas née. Une voix étrange surgit par instants dans le roman. C'est un espace d'imaginaire, une voix à la fois ancestrale et future qui accompagne les personnages, à la fois voix intérieure et voix d'ailleurs.

    "Je suis celle qui n'est pas née. Quand je dis "je" c'est bien sûr un abus de langage, c'est jouer à l'esprit incarné dans une chair bien particulière, celle des mots. J'appartiens à la transparence. Je m'accroche aux vocables, aux phrases …

    Je n'avais pas droit de vie. Pour Jeanne, je n'étais pas une graine, mais un grain de sable. Je suis non-né. Il y a bien des René, re-né, pourquoi pas des "nonné". Je m'invente au féminin avec un zeste de masculin.

    Quand on n'a pas de corps, on échappe au temps, aux traces de l'hérédité. Vivre non, ivre oui. Par mes rêveries chorégraphiques, je tourne sur la rose des vents de l'écriture avec le ciel comme étoile polaire, la terre comme sud, l'ouest en guise de passé, l'est est mon avenir. Un avenir lié à la source

    Encre sur la page, sillon tiré sur la ligne, lettres semées l'une devant l'autre pour devenir mots et phrases, pour avancer dans le chant. Sirène appelée par une petite pensée de rien du tout. Lettres liées comme le sont les hommes et les arbres, les vivants et les morts. Iles désertes et solitudes aux ailes déployées vers le désir dans l'air que l'on respire. Sons de terre et de sang, silences.

    Mon silence est vibration. Debout dans l'esprit du vent, oiseau, empereur, serviteur du passant, je danse avec l'océan.

    Vivre le temps d'un roman. L'esprit du vent tourne les pages le temps d'une vie. Les phrases s'envolent avec les feuilles, parlent à l'avenir. Jeanne, je ne suis pas enfant de ton corps… je suis ton ombre et ta liberté. A toi de ne pas me perdre."

    "Des cerises en hiver" de Geneviève Briot - Editions L'harmattan

  • Lectures publiques - 1er trimestre 2O14

    - 15 janvier - Villa Boréa, Romans - "DES CERISES EN HIVER" par Geneviève et André (privé)

    - 23 janvier - Médiathèque Simone de Beauvoir - Romans, 18h30 -  "LE SOURIRE DE L'ABSENTE" par André (entrée libre)

    - 25 janvier - Bibliothèque de la Motte de Galaure, 17h - "LE SOURIRE DE L'ABSENTE" par André (entrée libre)

    - 5 février – Romans Accueil, 14h - "VIVRE ENSEMBLE" par Geneviève et André (adhérents)

    - 9 février – Festipage à Miribel, lecture par Geneviève "DES CERISES EN HIVER" selon "roue du hasard" (entrée libre)

    14 mars chez Agnès et Michel Guillemoto-Pesenti - Valence, 20h30 - par André  "LE SOURIRE DE L'ABSENTE". Nombre de places limitées. Veuillez réserver votre soirée au 04 75 43 58 95  agnès.guillemoto@hotmail.fr

     - 22 mars – Théâtre de la Courte Echelle – Romans -  Lecture Poésie. A confirmer

     - 29 mars - Médiathèque La Passerelle – Bourg les Valence – 15h "LE SOURIRE DE L'ABSENTE" par André (entrée libre)

    *

    Geneviève et André présenteront leurs livres :

    - 25 janvier à la Bibliothèque de la Motte de Galaure (après-midi)

    9 février à Festipage 2014 – Salle Intercommunale de la Haute Herbasse – Miribel – 10h/18h

  • Invitation à la poésie

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     Et si l'on ouvrait l'année 2014 avec le recueil de Max Alhau et les encres de Hélène Baumel.  "A la nuit montante" est édité par Voix d'encre à Montélimar.

    Découvrons la poésie d'un "marcheur à l'affût de ses rêves" : errance dans le passé et l'inconnu à la recherche d'une "source cachée", "à la rencontre d'une voix ou de son écho. Serait-ce l'aube d'une autre naissance ?"… s'interroge Max Alhau

    Les encres bleues de Hélène Baumel nous emmènent dans des paysages d'eaux, de montagnes et de ciels, de brumes et de trouées de lumière.

    Le poète se demande, nous demande :

    "Quel monde bruit désormais en toi dont tu es l'incendiaire ?


  • Paroles de dockers IV

    paroles de dockers IV.jpgJe l'ai vu arriver de loin, un sac sur l'épaule, la main droite calée à la taille. Il traverse le quai à vive allure, contourne des cadres de bois avant de s'engouffrer dans la gueule noire d'un entrepôt, suivi d'autres dockers. Il en sort le torse grandi dans sa tunique bleue, le regard fier des gens du port et rejoint la grue qui tend un nouveau filet de sacs. On m'avait prévenu, mon oncle n'est pas un rigolo. Il ne s'arrêtera pas avant d'en avoir terminé. Et si je voulais lui apporter son repas, je devrais faire preuve de patience.

    Assiette emmaillotée en mains, je me réfugie à l'abri d'un énorme anneau de cordes dans une odeur de mer, d'huile brûlée et de vapeurs d'échappements. On grille aussi des sardines quelque part sur le port.

    Très vite, grincements, couinements, coups de sifflet et paroles jetées d'un bateau me jettent dans un malstrom. On m'invite à grimper sur un navire. Je me lève, deviens moussaillon, timonier, capitaine au long cours. Je m'envole sur les mers lointaines.

    "Va rentre, je rapporterai l'assiette. Et surtout, ne traîne pas en route". Mon oncle vient de m'arracher à la couronne de cordes.

    La tête qui tourne. Les jambes qui flageolent. Je m'éloigne dans une sorte de nuage. Impossible de prononcer le moindre mot. Est-ce cela qu'on appelle le mal de mer ?

    "paroles de dockers IV" - encre calame, oct 2013 

    © André Cohen Aknin