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Marie-Paule Richard poète

L'horloge de la poète Marie-Paule Richard s'est arrêtée en juillet 2025, la stoppant dans son élan. Elle devait donner une lecture à Névache dans les Hautes-Alpes, avec Cathline, lectrice et chanteuse. Elles cheminent ensemble depuis longtemps.

J'ai rencontré Marie-Paule sous le nom de Marie-Renée au début des années 2000. Elle présentait à la médiathèque de Romans-sur-Isère son roman "Hôtel de la plage". Mais son domaine était la poésie.

Elle-même a évoqué la mort d'un poète devançant la sienne de plusieurs années :

l'horloge du poète s'est / arrêtée / il va... / au bout de lui-même... / au bout de ses mains poussent/ les feuilles qu'il n'a pas écrites

Sa vie se déroule dans une histoire et une géographie. Vivre près du Vercors n'est pas anodin.

Plus qu'une montagne / un pays / une famille / protectrice et rude / massive et secrète... ...des morts surgissent les vivants /...l'homme fait corps avec la montagne
au profond de ses entrailles/ elle a ses secrets / ses morts ses batailles

J'ai sous les yeux son recueil Fleur d'orage, beau titre inspiré d'Andrée Chedid paru chez Jacques Brémond en 2018. "Chaque fleur d'orage porte la graine de demain" inscrit-elle en exergue.

Dans la lignée de la poète franco-égypto-libanaise, Marie-Paule cherchait les alliances. Elle a publié avec des artistes, Marie-France Chevalier pour "Mon Vercors", Jean-Paul Meiser pour "Riflesso".

Elle animait des ateliers d'écriture. Elle a aidé Chantal Umuraza à raconter "Une jeunesse rwandaise" au milieu des massacres qu'a connues la jeune fille en 1994. Jean Magalhaes a pu dire ce qui lui tenait à cœur "Dans le ventre du loup". D'autres, grâce à elle ont pu écrire des mots libérateurs.

Elle écrit dans "Fleur d'orage" : Cheminer, s'accorder, s'émerveiller. Et aussi :

inventer sa route /dans le débris de ses rêves à la rencontre / de l'autre

Elle est avant tout REGARD, me semble-t-il. Sensible à l'éphémère, elle voit les petits riens qui sont tout. Un rire, la chute d'un pétale, un papillon. Elle dénonce les artifices. Elle dit aussi que le langage est de sable.

Tout autre est le recueil "D'infinis paysages", poème d'amour à la femme aimée.

la caresse / est notre langue / un chant / la houle qui nous aimante

La sensualité s'y déploie d'autant plus sublimée qu'elle est en retenue et va vers la rupture

toi et puis rien / une brise/ un vol d'oiseau / en moi tous les désirs / toute l'intranquillité du monde

Le désir interdit laisse la page blanche : je pleure / ce que je ne sais pas nommer

Marie-Paule, je l'ai plus croisée que connue. Je ne sais pas si elle était facétieuse. J'aime à penser que ses mots pourraient resurgir parmi nous comme "un petit nuage qui gonflait ses joues dans le couchant"

Geneviève Briot juillet 2025

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