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nature

  • Poésie-musique au jardin

     

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    Le dimanche 4 juillet 2023, chez Anne-Marie et Philippe à Grillon dans la Drôme, les amis se rassemblaient pour écouter un quatuor de saxophones d’abord.
    Puis ce fut le tour du duo M'Diam de Dominique et Laure, avec la participation de Geneviève pour un programme de poésies, chansons et musiques, à partir d’Un caillou qui pense oiseau, un recueil de G.Briot : 
    “Le cri de la chouette
    lueur coulée dans le noir
    rivière autour de mon cou
    Souviens-toi que tu es lumière
    et que tu retourneras à la lumière”
    Ce fut un moment de convivialité et de partage.

  • Chemin faisant - Balade poétique à Condillac

    En ces temps troublés par la guerre en Ukraine, par les tempêtes qui secouent la planète, des petites joies se faufilent dans les villages et sur les chemins de campagne.
    Geneviève et André, les colporteurs-liseurs, ont été sollicités par la médiathèque de Montélimar dans le cadre de Itinérance(s) ; à eux, se sont greffés d'autres liseurs : Naïs, Juan-Antonio et deux jeunes musiciens, Esteban saxophoniste et Maïa violoncelliste. Une équipe pour faire entendre poésie d'ici et d'ailleurs.
    Une trentaine de promeneurs s'étaient rassemblés autour d'eux ce samedi 30 avril.
     
    Revenir à la source, aux sources de la Layne à Condillac qui eurent leur moment de prestige quand elles étaient autrefois exploitées.
    J'écoute le murmure des sources, dit Naïs, des mots extraits d'un recueil Un caillou qui pense oiseau. Et ils sont là les oiseaux dans les branches qui s'agitent sous la brise. Se disent alors des mots sur l'importance de l'eau d'un poème touareg.
    Il y a presque toujours dans les lectures des colporteurs-liseurs des textes teintés d'humour du poète ardéchois Paul Vincensini qu'ils ont connu :
    Moi j'ai toujours peur du vent 
    Me voici 
    Mes poches 
    Bourrées de cailloux
    Pour rester avec vous
    Ne pas m'envoler dans les arbres
     
    On grimpe alors sur la colline, tandis que des interrogations de Guillevic ponctuent la grimpette :
    La force de qui / La force de quoi / Rêvez-vous d'avoir / Et c'est pour quoi faire ?
    Christine de la mairie de Condillac se lance et pose une question de Michel de Maulpoix : À qui, à quoi as-tu donné ton temps ? 
    Le groupe manifeste le plaisir de l'échange, du printemps, du partage.
    Esteban sur son saxophone élève aussi sa question musicale, libre d'interprétation. Ses notes de cuivre accompagnent certains textes et illuminent l'instant. Sa sonorité sait devenir murmure pour doubler la voix d'André qui conte comment il est né de ses voyages : route route route soixante fois route je suis né d'elle.
    Le poème Les exilés rappelle les dures épreuves des déracinés dans le monde et la nécessité de les accueillir. Ils viennent à notre rencontre, dit le poème de Geneviève.
    Arrive le texte de Jean Louis Novert Nous sommes d'une longue marche. Jacky le maire de Condillac nous conte  l'histoire du château qu'on aperçoit environné par la forêt.
    Avec un texte de Natyot, Naïs parle de déplacer les montagnes.
    Tel est le pouvoir de la poésie, éveiller en nous l'essence des choses et nous donner la force d'agir. La meilleure impulsion ne serait-elle pas celle de l'amour ? Alors on entend les mots d'Alain Borne, poète montilien : Le monde est nu, je voudrais le vêtir d'un poème d'amour comme la page blanche.
    Les voix mêlées de Geneviève et André disent : Il y aura ceux qui s'aiment de Andrée Chedid.
    À la fin du parcours, c'est Maïa avec son violoncelle qui accueille les marcheurs. Elle accompagne Juan-Antonio qui dit en français et en espagnol un poème de Pablo Neruda sur Federico Garcia Lorca.
    Le spectacle nomade se clôt sur une phrase : L'espace est libre et les jeunes musiciens en harmonie l'expriment à leur façon. Ils nous enchantent avec un dernier morceau, La toccata de Girolami Frescobaldi. 

    Geneviève et André

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  • Qui suis-je ?

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    Qui suis-je ? demande Guillevic dans son recueil "Maintenant". 

    Oui maintenant, à l'heure où nous nous interrogeons sur l'après coronavirus, relisons ce poème, qui en quelques mots donne le la, la note juste.

     

    Qui suis-je ?

    Je suis l'usufruitier 

    Du domaine.

     

    En moi 

    Des milliards de courbes

    Se rencontrent, se croisent.

     

    En moi

    Tous les courants qui font le monde (1)

     

    À nous humains qui voulons dominer, posséder, consommer, rappelons-nous que sur cette terre, nous n'avons que l'usufruit. 

    Si nous comprenons cela, tous les espoirs sont permis.

    Geneviève

    (1) Guillevic - Maintenant, Editions Gallimard, 1993

  • Retour aux sources

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    En retournant dans mon village natal, je voulais tirer la porte derrière moi, la porte de mon enfance. Bien la refermer. Mais la lumière de la Lorraine m'a kidnappée.
    Le passé revêt le tissage du présent.  Un arc-en-ciel traverse le temps. Les bruits d'autrefois murmurent en souterrain. Mes enfants toujours perles à mon collier s'émerveillent devant le village retrouvé et mon visage. Vision bucolique ce matin-là sur le mont Curel où paissent des moutons tandis que huit milans royaux  tournent dans le ciel. Sur la pierre moussue du grand lavoir, coule une eau limpide qui éveille le clapotis des sept fontaines d'autrefois. Ce pays coule dans mes veines.

    La Tarpe fut pâturage aux temps lointains. Mon souffle de fillette en pleine course traverse encore la clairière blanche de silence. Le sous-bois odorant parle dans ses feuilles froissées. Comme le hêtre qui a mangé la statue posée à son pied depuis tant d'années, les arbres me boivent jusqu'à la moelle. Ils sont ma famille. Suis-je un arbre ? Mon père le savait qui me traitait de tête de Holz, tête de bois. Je suis forêt par mon père. Il y a peu, dans mon sommeil, il me prenait par la main et m'emmenait sous les ombrages.

    Je suis chant de la ville par ma mère. Le Mirecourt de mon adolescence s'est épanoui dans ses violons. À Nancy où je suis née, le Jardin éphémère de la Place Stanislas rayonne sous forme d'une sculpture, une main d'Emile Gallé, main aux cinq doigts, aux cinq sens. Nature dans ses créations sur verre, sur bois. Une "armoire arbre" témoigne du lien entre l'arbre et l'homme. Main de la fraternité humaine et végétale.

    Au village, je pensais ne plus connaître personne. Mais des mains se tendent, des portes s'ouvrent, des tables d'amitié nous invitent ici ou là. Le présent se renoue à autrefois et ne forme qu'une seule image, multiple. Il faut revenir à l'enfance, fermer la boucle d'une vie pour qu'elle devienne bulle irisée qui s'envole vers la Source de vie.

    octobre 2019

    Geneviève

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  • La Chapelle en Vercors

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     © André Cohen Aknin

     

    Sur le chemin de verdure aux yeux bleus
    les myosotis nous disent :
    n'oubliez pas les Résistants
    Ici ils se sont battus
    La beauté fragile des fleurs
    la solidité des roches
    l'éphémère et l'immobile
    unis dans un même paysage
    Marche sur le chemin
    de verdure aux yeux bleus
    Le rocher résonne-t-il encore
    des combats des conciliabules
    dans la nuit et le froid ?
    Vercors aujourd’hui lumineux
    où soupire le sang de la jeunesse
    La vie toujours
    renaît semblable et différente
    Marche sur le chemin tracé par d'autres
    dans l'ombre des hêtres
    Chemin de verdure aux yeux bleus
    Dans la cour des fusillés
    sur la paroi transparente
    je lis à voix haute les prénoms
    de seize jeunes hommes fauchés
    par la guerre et la haine
    Leurs yeux brillent dans notre liberté

    poème de Geneviève, juin 2017

  • Voyage au cœur de nous-mêmes

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    Au cours d'un stage de Qi Gong avec le Dr Liu Dong*, nous avons ressenti plus que du bien-être. Il y a chez Liu Dong une vibration que l'on rencontre chez certains poètes. Une vibration qui émane de sa voix, mais aussi de quelque chose de plus impalpable, un fluide né de sa présence. Une porte s'ouvre : nous sommes à la fois dans l'intériorité et sur une onde qui unit les participants. Créer des liens entre les énergies pour acquérir une conscience de soi. On se situe dans la nature, les saisons, entre le ciel et de la terre. C'est aussi la saison de l'âme qui prend sa source dans le corps en mouvement, en mutation.

    Une perception intime et profonde nous fait évoquer la poésie qui est essence de la vie. Des mots de Guillevic nous viennent aux lèvres :  

    "Laisse faire le silence.

    Laisse-le agir à sa guise"

    "Voilà que cette nuit

    Tu désirerais tenir dans ta main

    Une boule de lumière,

    Et soudain tu comprends

    cette lumière est en toi,

    tapie dans ton corps"

    "La voie du calme", ainsi que l'indique le titre d'un livre du maître chinois, nous invite à poser sur la page des mots surgis d'un silence fécond,  invite à une autre trace sur le sable.

    Geneviève et André

    * Stage de 4 jours organisé au château de Beauregard à St Péray (Ardèche) en août par le Taiji et Qi gong Grangeois

     - © photo d'André dans le Vercors

  • Méditation

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     Vers le Garlaban*

    grimper le chemin rocailleux

    entre le vert des chênes kermès

    et le rose des cistes à la peau froissée

    Un rossignol caché

    lance sa voix en gouttes de feu

    qui arpègent vers le ciel

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    Au détour d'un buisson

    un paysage de Provence

    ponctué de  cyprès

    flèches sombres d'éternité

    J'entre dans la respiration du pays

    inhale les parfums de sèves chauffées au soleil

    Une route d'argent traverse la colline

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    À la descente les oliviers en terrasses

    captivent le regard

    Lignes ordonnées du végétal

    de la pierre et de la terre

    Etre en équilibre

    là où la voix coule paisible

    près d'un puits de source profonde

    Geneviève 

    *Le massif du Garlaban surplombe Aubagne et la vallée de l'Huveaune 

  • Le monde est nu

     

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    Cette année, nous fêterons le centenaire de la naissance d'Alain Borne. Il est né le 12 janvier 1915 dans l'Allier, il a passé son enfance en Ardèche à Privas et a vécu ensuite à Montélimar où il fut avocat. Il disait : "Pour moi, seule la poésie est vie, tout le reste est subsistance." 

    "Je songe à vous dans le soir dont la pluie contre moi resserre la présence.

    Le monde est nu, je voudrais le vêtir d'un poème d'amour comme la page blanche.

    Ma main répand de petits rêves froids, je construis de maigres vies grelottantes, j'aide à voir quelques yeux qui n'ont plus de refuge qu'en l'automne des livres.

    Le monde est nu, je n'ai qu'un cœur de glace à l'équateur de mon amour. Et pourtant le soleil m'avait paru si pauvre que je lui préférai mon gel de naissance.

    Faudra-t-il que je parte sans réussir ce feu dont j'assemblais les branches ?"

    Saurons-nous faire chanter les poèmes d'Alain Borne et faire vibrer ses mots en brasiers ?

    Geneviève & André

  • Lire Philippe Jaccottet

    philippe jaccottet,beauregard,andré du bouchet,montale,grignan,drôme,suisse,florence,geneviève briot,bleu 31Lire Philippe Jaccottet, c'est faire une promenade dans la nature et se laisser surprendre par une fleur, un nuage, une lueur, mais c'est bien plus qu'être intensément là dans le moment présent ; c'est faire une plongée dans le passé, c'est rencontrer au même instant la vie et la mort ; c'est saisir des éclats d'une vie intérieure, des correspondances avec des souvenirs, des lectures, des musiques, des peintures, des mots magnifiés. Sous une apparente simplicité, le poète donne une vision picturale qui unit émotions et couleurs. Et toujours, ce tremblement de l'écriture produit par les hésitations, l'approche toujours insatisfaite entre ce qui est dit et ce qui se dérobe.

    Je pourrais évoquer des mots que nous avons aimé lire en public : l'heureux brouillard des amandiers de "À travers un verger", le travail du poète qui est de veiller comme un berger et d'appeler tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. J'aimerais dire mon émotion à la lecture de "Truinas" écrit à propos des obsèques de André du Bouchet où Philippe Jaccottet exprime la merveille extrême, celle capable de susciter, paradoxalement sinon scandaleusement une espèce de joie sourde, timide et pourtant puissante…

    Mais j'ai choisi d'évoquer "Beauregard" que je viens de relire :

    C'est toute la fascination du mot qui nous est donnée à voir. Beauregard, village perdu, presque un hameau : "… on allume les lampes et cela aide, tandis que le vert des prairies et des forêts devient comme de l'encre ou presque, s'imprègne de nuit ; et qu'à l'inverse, une dernière fois avant la nuit, flamboie l'entaille de la carrière, à croire qu'on avait allumé là-bas un grand brasier rose qui semble sourdre de la terre elle-même - et c'est aussi un verre de lumière à boire, un verre de soleil couchant."

    Ce Beauregard, tout à fait drômois, le mène à un lieu-dit près de sa ville natale : "… quand on disait ce mot on faisait tinter une cloche justement pour accéder à quelque lieu inconnu… Oui ce mot tintait comme un instrument de métal frappé par un marteau - et dont le retentissement, maintenant que j'y songe après tant d'années, n'était pas sans analogie avec celui (qu'on imagine) d'un gong dans la cour d'un temple d'Asie ou celui des sonnailles d'un troupeau qu'on entend avant de le voir … et le son clair se répand, vient à vous à travers la distance elle-même absolument claire, c'est l'air lui-même qui tinte et vibre, l'air tout à fait invisible des hauteurs qui semble s'ouvrir à son passage - tandis que les montagnes s'élèvent immobiles, à distance les unes des autres, comme des beffrois."

    Beauregard entraîne ensuite Philippe Jaccottet vers "Tempi di Bellosguardo", un poème de Montale, l'évocation d'un quartier de Florence puis d'une personne assise en retrait dans l'ombre : "on voit alors ses yeux saturés de la lumière du monde sur lesquels rapidement les paupières se baissent pour ne laisser filtrer qu'un désir de tendresse ou de long sommeil."

    Philippe Jaccottet est né en Suisse et vit à Grignan dans la Drôme.

    Geneviève