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  • Les nymhéas à deux voix - Musée de l'Orangerie

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    Entrer au Musée de l'Orangerie, c'est entrer dans un temple où règnent les nymphéas. Des ondes d'un bleu vert pailleté d'étoiles dansent sur les murs. Le silence s'impose et chacun s'y trouve seul au milieu de tous. Une divinité de la Paix y séjourne, déesse primitive de la nature. Les visiteurs sont pris dans une ronde d'étangs. Sur les murs, en sourdine, un chant se devine, mystique. Plongée dans le bleu.Claude Monet peint pendant des jours et des jours. J'imagine que dans son sommeil, il nage dans la transparence, prêt à saisir la moindre lueur. L'onde est aussi le ciel. Lequel reflète l'autre ? Un buisson ardent, un soleil qui insuffle le rire et des chuchotis. Des vents agitent la surface. Le fond frémit, là où s'enracinent les algues. Les plantes enlacées enfantent dans le clapotis de l'eau. Des saules pleureurs réfléchissent l'aube. Des bulles d'air éclatent.L'artiste peint les couleurs en bourgeons sur le point de s'épanouir. Tous ses tableaux sont là, visages de porcelaine dans les fleurs des nymphéas, cheveux lumière, robes clartés du féminin, habits sombre des hommes. Nous entrons dans le secret de l'art. Claude Monet livre un mystère aux regards qui plongent au cœur des eaux. Vibration de poètes et d'artistes, traversée de miroirs.Il peint pendant des jours et des nuits, même quand les pinceaux gorgés de couleurs se reposent. Ses rêves sont dans l'étang, errent avec des antennes qui appellent les enfances, les chemins étranges de la vie et de la mort.Monet devenu étang, fait son autoportrait qui flotte tel Ophélie.Les nymphéas, déesses de l'onde dansent sous nos yeux d'intérieur et nous offrent l'innommable douceur d'un jardin sous les eaux.

    Geneviève

     

    Je n'ai qu'à tendre le bras pour sentir les remous de la main du peintre. Les flots sont vivants. Une aubaine pour quelqu'un né en bord de mer qui aspire à se baigner. Les herbes sont folles ; elles imitent les voyelles et font des pirouettes sous les yeux amusés des nénuphars. L'eau, son bleu multiplié, couvre la page. Les Nymphéas sont un livre ouvert. J'assiste à une leçon d'écriture. Forcément, chaque visiteur, devenu lecteur, trouvera son compte. Devenus également corps à la dérive parés de silences. Car tel est le vœu du peintre. Silence, il faut faire silence. Les gardiennes de l'Orangerie le rappellent régulièrement. Des silences aussi nombreux que les visiteurs. Derrière les murs peints, une mer immense, d'un bleu noir, originelle. On devine son bouillonnement dans les éclats de voix soudains des visiteurs. L'émotion est telle que j'en oublie mon chapeau.

    André