Geneviève Briot, André Cohen Aknin, Bleu 31Deux auteurs de la Drôme. André Cohen Aknin et Geneviève Briot écrivent roman récit, théâtre. Lui partage ses découvertes par ses lettres de colporteur-liseur. Elle cherche son chemin par la poésie. Ensemble, ils donnent des lectures récitals2024-01-29T16:56:05+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlNuit de la lecture à Espeluche "Le corps"tag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2024-01-28:64824692024-01-28T18:03:06+01:002024-01-28T18:03:06+01:00 Nuit de lecture le 19 janvier 2024, organisée par l'association Le Banc...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; color: #0000ff;"><em>Nuit de lecture le 19 janvier 2024, organisée par l'association Le Banc Dez'arts</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Malgré le mistral, des participants se retrouvent à 18h30 au banc seigneurial de justice. Les mots s'élèvent un peu gelés à l'instar des paroles ouïes par Pantagruel dans le Quart Livre de Rabelais. On traverse les saisons, les siècles. Hier est aussi aujourd'hui.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Il faut vite se réchauffer au Broc Café. Au milieu d'objets hétéroclites, les habitants se rassemblent, boivent un verre de rouge capiteux et des tartines servis par Charlotte.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Après une présentation de Jean Phi, président du Banc Dez'arts, l'un d'entre nous entonne chanson vieille de 80 ans qui donne le ton : "J'ai la rate qui s'dilate J'ai le foie qu'est pas droit J'ai le ventre qui se rentre J'ai l'pylore qui s'colore".</span><br /><span style="font-size: 12pt;">D'autres lecteurs suivent. Les voix montent fragiles ou assurées. Chacun se livre avec simplicité. Nous sommes là pour le plaisir des mots et le corps peut bien être désarticulé. "La différence entre passé, présent et futur n'est qu'une illusion", a dit Einstein. Ce soir on défroisse le temps. Les visages sont ouverts. </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Plaisir de lire et de partager les textes qu'on aime. Il est recommandé de faire bref, mais une lectrice prise dans son élan, ouvre les vannes et c'est un fleuve qui se déverse. C'est dire le plaisir de lire à voix haute, une ivresse. Pouvoir des mots qui nous bercent, nous enchantent, nous réunissent. Le ton est à l'humour avec des textes inspirés de l'<em>Oulipo</em> où les syllabes jouent leur musique et sortent des formes convenues. Corps exaltés mais aussi corps empêchés, comme ceux des Iraniennes et Afghanes évoquées. Une pensée pour elles à travers un poème : C'est pour vous que je danse.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">En cette soirée, la lecture exalte son royaume. On s'émerveille des syllabes prononcées qui font jaillir pour chacun images, surprises, souvenirs. Magie d'un kaléidoscope. On se remplit "d'imaginé" ensemble dans ce village chaleureux. </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Ce sont davantage les textes que les auteurs qui sont célébrés, cependant Arthur Rimbaud réussit à émerger dans les mots de Jack Kerouac et la voix de Christian. Un plat de résistance.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Un beau moment.</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Geneviève</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlRencontre avec la poète Marie Huottag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-10-17:64664242023-10-18T11:14:01+02:002023-10-17T12:30:00+02:00 Nous sommes le 4 octobre 2023 à la librairie Chant libre à...
<p style="font-size: medium; font-family: 'Helvetica Neue'; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><img id="media-6482962" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/01/00/1699979498.jpg" alt="Livres M.Huot.jpg" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Nous sommes le 4 octobre 2023 à la librairie Chant libre à Montélimar à 18h. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Marie Huot présente des extraits de ses ouvrages en présence d'Alain Gorius, éditeur d'Al Manar.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Elle a publié plusieurs ouvrages avec des artistes. Elle parle de ce lien dans la création commune qui se tisse dans la proximité, la spontanéité et l'ouverture à l'autre. </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Elle a la grâce et la simplicité d'une fleur des champs. On dirait qu'elle a parlé avec le vent qui a déposé sur elle des pollens de pays proches et lointains, des pays enfouis au fond de nous. Sa voix douce nous les transmet naturellement, comme une évidence. Le parfum de ses mots nous habille d'une robe légère qui nous fait sentir ce vent. Alors nous pensons plus juste. Nous pouvons alors accueillir la nuit qui ne ment pas, la mémoire qui est une source.</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">On ne peut pas parler de sa poésie. On ne peut que la relire et entendre les mots frapper à notre porte. </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Vous donnerai-je sa voix bleue, sa voix de cheval ?</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">"Ma voix de cheval dit</span><br /><span style="font-size: 12pt;">je suis née au bord de la mer et dans les vignes</span><br /><span style="font-size: 12pt;">je suis née en montagne à la lisière des forêts</span><br /><span style="font-size: 12pt;">je suis née dans la tête de quelqu'un qui s'aventurait</span><br /><span style="font-size: 12pt;">je suis née et pas encore</span><br /><span style="font-size: 12pt;">aux abords d'un petit carrefour</span><br /><span style="font-size: 12pt;">sous la neige</span><br /><span style="font-size: 12pt;">quelque part loin d'ici"</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">*</span><br /><span style="font-size: 12pt;">"Il arrive que la nuit vous prenne et vous enroule</span><br /><span style="font-size: 12pt;">dans son noir et le mêle au noir d'un deuil qui n'en finit</span><br /><span style="font-size: 12pt;">pas de cisailler votre branche"</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">*</span><br /><span style="font-size: 12pt;">"Ma voix bleue dit</span><br /><span style="font-size: 12pt;">…</span><br /><span style="font-size: 12pt;">Est-ce toi pris dans la glace sous le bois ?</span><br /><span style="font-size: 12pt;">est-ce toi qui en moi ne dors pas ?”</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Extrait de <em>Le nom de ce qui ne dort pas. </em>Editions Al Manar</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt;">Présentation de Geneviève</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlFulgurancestag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-10-05:64645282023-10-06T10:57:05+02:002023-10-05T11:25:00+02:00 Lettre d'un colporteur-liseur N°37 "Fulgurances" de André Cohen Aknin ( 3...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; color: #3366ff;"><strong>Lettre d'un colporteur-liseur N°37<br />"Fulgurances" de André Cohen Aknin </strong>(<em>3 août 2023)</em><strong><br /></strong>Les textes cités sont tirés Blaise Cendrars, "La prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France", Editions Poésie / Gallimard - Sophie Chauveau "Sonia Delaunay, la vie magnifique", Editions Texto - Arthur Rimbaud, Lettre à Georges Izambard - </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; color: #3366ff;">Jack Kerouac - Poèmes. Editions Seghers - </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; color: #3366ff;">Sylvie Durbec "Sanpatri" Editions Jacques Brémond - Michael Wasson "Autoportrait aux siècles souillés", Editions des Lisières - Jacques Roubaud et Florence Delay "Partition rouge. Anthologie, Poèmes et chants des Indiens d'Amérique du Nord"<em> </em>Editions POINTS </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>"J'ai un sexe… Tout être vivant est une physiologie. Et si j'écris, c'est peut-être par besoin, par hygiène, comme on mange, comme on respire, comme on chante"</strong>, dit Blaise Cendrars.(1) Le propos est rapporté par Sonia Delaunay avec qui il a cheminé au moment de l'écriture de <em>La Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France.</em> Il montre ainsi que l'écriture est corps. Un corps qui réagit aux catastrophes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">En la matière, nous avons été gâtés ces derniers temps : inondations - on se souvient de la tragédie de la vallée de la Roya - sécheresses, incendies gigantesques au Canada et ailleurs, dégel du permafrost et des banquises, épidémies. Ajouter à cela pêle-mêle des événements comme les attentats de Charlie Hebdo, du Stade de France, du Bataclan, les migrants morts noyés ou de froid, la guerre en Ukraine qui nous donne des sueurs froides… Il y a toujours eu des catastrophes. Parmi elles, les volcans et les tremblements de terre ont largement contribué à l'émergence de la vie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Devant cette situation, comment un poète, créateur par excellence, peut-il procéder ? Faut-il tout effacer d'un seul coup par magie et se retrouver devant une page blanche, sans passé, comme le fait Blaise Cendrars qui emprunte à Apollinaire son <strong>"Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers" </strong>?(2)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Chez lui, la sensibilité prime.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le poète dit : <strong>"Je suis par trop sensible. Je ne sais pas parler objectivement de moi-même"</strong>(3) et écrit dans <em>Aléa</em> : "…<strong>Quand je pense, je suis la débandade effrayée des sons d'une symphonie, la débandade de l'harmonie et du silence"</strong>. Il rejoint ainsi Arthur Rimbaud et son : "<strong>il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens"</strong>. (4)</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ecrire avec ses sens. Combien de poètes peuvent le faire de façon “naturelle", “innée” ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Jack Kerouac nous met en garde. Il faut sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier, avec la crainte que prose et poésie tombent entre <strong>"les mains fausses des faussaires”</strong>.(5) Le mieux serait que la poésie retourne à l'oral des origines, <strong>"véritablement orale". </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Pour les Amérindiens, l'acte de parole, "le dire”, est "le faire”.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Tout est écriture : la voix, le signe, l'incantation, le bruit sourd d'un tambour, la danse, les voix de gorges des Inuits, les quipus (ces cordelettes à nœuds de couleurs des Incas), l'enfoncement du calame dans l’argile… Le chant surtout. Chant et poésie sont indissociables.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Cela passe chez les poètes par des fulgurances. </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Sylvie Durbec l'évoque dans <em>Sanpatri</em> : "<strong>Un poète : je n'ai plus ces fulgurances qui me venaient après une marche de nuit dans Rennes et me faisaient écrire dans une jubilation physique et mentale intense."</strong>(6)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Une jubilation physique et mentale intense. Comme elle y va !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Quelques-uns des jeunes qui embrasent nos banlieues et nos centres villes ces dernières semaines éprouvent-ils cette même "jubilation physique et mentale intense" ? Ce que beaucoup appellent des émeutes sont-elles des fulgurances semblables à celles des poètes de dix-sept ans ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Cela fait des années que des fulgurances éclatent dans nos banlieues, dans l’imaginaire des chanteurs de rap, en commençant par ceux des années 90. Aujourd’hui, les fulgurances ont quitté les vinyles et les battles de scène pour la rue. Elles ne sont plus dans les mots. La rue est blanche comme une page blanche. La mémoire est un présent recommencé. Pas besoin d'être devin pour comprendre que ces jeunes rejettent notre système, qu'ils ne sont plus de notre monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">"Rien ni personne ne pourra étouffer une révolte</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu as semé la graine de la haine, donc tu la récoltes</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">…</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Notre tendance à l'extrémisme est poussée par le lest de la justice</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Strictement hardcore, la jeunesse est désespérée</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Elle est hardcore, et rien ne pourra l'arrêter</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Quoi qu'il arrive, nous saurons aussi nous défendre</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Car tu n'te doutes que tout vient à point à qui sait attendre</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">La sédition est la solution, révolution</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Multiplions les manifestations, passons à l'action</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">La sédition est la solution, révolution</span></strong><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Multiplions les manifestations, maintenant dégainons…"</strong>(7)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Je n'approuve pas cette violence. Je souhaite seulement qu'on y regarde de plus près.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Pour ce qui est des pilleurs, nul n'est surpris de leur présence, surtout pas les publicitaires qui s'évertuent à faire naître l'envie et trouvent dans les pillages la preuve de leur efficacité. La société a créé des "monstres", car elle a besoin de monstres comme elle a besoin de héros.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">"<strong>Je suis en partie monstre, en partie animal, partie eau, partie histoire, partie chant, partie farceur, toujours le sang rencontre l'eau & asperge la terre…"</strong>,(8) dit le poète amérindien Michael Wasson.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Fulgurances et inconnu sont les germes de toute nouvelle écriture. Adieu l'ancien monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">La poésie est un lien indéfectible au-delà de nos discordances. Un réflexe. C'est ce qui nous reste quand tout s'apprête à disparaître. C'est elle qui nous donnera la solution. "<strong>Toute poésie est une médecine</strong>", selon Rarihokwats.(9)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">J'écrivais dans une ancienne lettre d'un colporteur-liseur qu'à chaque fois que j'ai besoin d'une réponse, je tire un livre de poésie. Politiciens et politiciennes de tout bord, tirez vos livres de poésie !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Et si jamais tout pète ? Je ne parle pas d'émeute, mais d'une catastrophe, une vraie, comme celle qui nous pend au nez avec les dérives de la guerre en Ukraine, sa menace nucléaire. Que restera-t-il, quand nous aurons disparu ? Des "OS", répond Michael Wasson dans son recueil <em>Autoportrait aux siècles souillés</em>. </span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">"…Dis <em>c'éewc'ew </em>comme une promesse faite</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">d'os - parce qu'après le corps, ce qui reste</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">est l'os la mâchoire assez largement ouverte pour dire <em>ton</em></span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><em>nom </em>pareil à un incendie répandu chaque été</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">à travers ton pays quand on te laisse reposer</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">dans la forêt de pin. & dieu. La forêt. Sauve moi,</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">mon sauveur perdu. Sauve le garçon qui voit le sang</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">à l'intérieur de lui. La forêt. À quel point elle signifie : ombres</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">qui apprennent à respirer de nouveau - la lumière disgraciée</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">ici. Cela veut dire que toutes ces branches sont des fils à linge</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>où rien n'est suspendu désormais…"</strong>(10)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Nous sommes en compagnie de Chef Joseph qui n'a pas voulu se soumettre aux Blancs. Cette poésie est née au rythme de la marche, au rythme de la vie de cette tribu amérindienne des Nez-Percés, dont le poète fait partie. Il a une double appartenance, car il est aussi Américain, puisqu'il parle l'américain.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">"Dis que tu ne vois rien dans ce langage & tout est dedans <em>'iníise pewíski, ne'é</em>"(11)</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Contraction de la langue à chaque souffle. Cette langue est la sienne. Ce que le poète Michael Wasson découvrira sera-t-il à la hauteur de la foi morale de ses ancêtres ?</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">"…Je veux seulement</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">que tu saches qu'une fois j'ai éteint </span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">la nuit, nos ombres</span></strong><br /><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">dorment cousues</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">entre nous…"(12)</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Cette double appartenance résonne également dans nos villes. Il est également question de triple, de quadruple appartenance… À y voir de plus près, nos origines sont si diverses ! Et lorsque nous pensons être intégrés, ce sont nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants qui nous rappellent notre camaïeu originel.</span></p><div dir="auto"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>"<em>réjouissez-vous réjouissez-vous,</em> disent les os </strong></span></div><div dir="auto"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>de la main qui réclament le poids de la <em>mémoire</em>" </strong>(13)</span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Avec Michael Wasson, nous sommes loin des dires d'Apollinaire et de Cendrars, de leur intention de faire table rase du passé. L'écriture ne viendrait donc pas que du néant. Charles Juliet nous rassure en déclarant "<strong>qu'écrire, c'est se tenir au plus près de la source</strong>".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">C'est vraisemblablement dans cet entre-deux que la poésie se régénère, entre le néant et l'absence de néant. Un no man's land qui nous oblige à veiller, à être sur nos gardes. Reste que la poésie nous est indispensable, comme l'air qu'on respire, l'eau qu'on boit. Elle est l'essence même de notre condition d'humain, dit Cendrars. Il a raison. Dans les camps de concentration nazis, des déportés disaient de la poésie pour rester humains. Le renoncement n'a donc pas cours. Nous avons le mouvement comme horizon. L’inconnu de Rimbaud est notre seule boussole.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Réinventer, n'est-ce pas ce que fait chaque génération d'humains depuis la nuit des temps ? Sauf que cette fois, mes os sont accrochés à un arbre et se balancent au gré des vents. Ce qui, pour lire, est plutôt inconfortable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> André Cohen Aknin</span></p><p style="font-size: 11pt; font-family: 'Helvetica Neue'; color: #000000;"><span style="font-size: 10pt;">(1) S<em>onia Delaunay - La vie magnifique,</em> de Sophie Chauveau. Editions Texto<br />(2) Dans son poème <em>La Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France</em><br />(3) <em>Sonia Delaunay - La vie magnifique, de Sophie Chauveau.</em> Editions Texto<br />(4) Arthur Rimbaud, Lettre à Georges Izambard - 13 mai 1871<br />(5) <em>The origins of Joy in Poetry</em>. Jack Kerouac - Poèmes. Editions Seghers<br />(6) <em>Sanpatri</em>. Sylvie Durbec - Editions Jacques Brémond. 2014<br />(7) LA SEDITION LYRIC. 2 BAL 2 NEG'<br />(8) <em>Autoportrait aux siècles souillés</em>, Michael Wasson. Editions des Lisières.<br />(9) <em>Partition rouge. Anthologie, Poèmes et chants des Indiens d'Amérique du Nord.</em> Jacques Roubaud et Florence Delay. Editions POINTS<br />(10) <em>Autoportrait aux siècles souillés, Michael Wasson.</em> Editions des Lisières<br />(11) Ibid.<br />(12) Ibid.<br />(13) Ibid.</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlDouce amèretag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-10-05:64645242023-10-05T10:47:10+02:002023-10-05T10:43:00+02:00 Lettre d'un colporteur-liseur N°36 "Douce amère" de André Cohen Aknin ( 8...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; color: #3366ff;"><strong>Lettre d'un colporteur-liseur N°36<br />"Douce amère" de André Cohen Aknin </strong>(<em>8 mai 2022)</em><strong><br /></strong>Les textes cités sont tirés de Œ<em>uvres poétiques </em>d'Alain Borne, Editions Curandera, Editions Rougerie, Club du Poème - Poème de Paul Vincensini</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Début mars, un vendredi, je donne une longue lecture d’extraits de "<em>Un lit dans l'océan"</em> à la médiathèque de Montélimar. Un roman dont j'ai mis en bouche chaque phrase avant de la poser sur la page. Je suis ravi de retrouver enfin des lecteurs en chair et en os, sans écran interposé. Ce soir-là, chaque émotion est décuplée. La présence de ce public y est certainement pour quelque chose. Le lieu aussi, j'y suis attaché. J'y ai donné en 1998, en compagnie de Geneviève, une lecture sur Alain Borne.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">"<em>Un lit dans l'océan</em>" commence par l'évocation de la loubia, une soupe d'Algérie, que le narrateur essaie de cuisiner. Cette soupe a un parfum d'enfance. Il y retrouve les saveurs de cette terre que ses parents ont quittée au moment de l'indépendance. On sent le fondant des haricots, les épices, le fumet de mouton. Cette soupe est le fil du roman, elle réveille habituellement les sens, donne une certaine joie, sauf que cette fois, avec la guerre en Ukraine, elle réveille le bruit des bombes et des images de terreur que j'avais enfouis profondément, ceux des derniers mois en Algérie. Parler d'épices et ressentir l'odeur de la poudre, égrainer des haricots et entendre la mitraille, les cris des femmes derrière leurs persiennes, les appels des hommes les armes à la main. La loubia était devenue une soupe de larmes. À un moment de la lecture, j'ai laissé un silence trop long. Le public s'en est-il aperçu ?</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">J'imagine le bortsch, la soupe ukrainienne. Je me suis renseigné sur le net. C'est une sorte de pot-au-feu préparé avec des légumes, principalement des betteraves qui lui donnent sa couleur si particulière, rouge sang. Je pense naturellement aux villes dévastées de Marioupol, Kharkiv, Kherson, Mykolaïv, aux Ukrainiens laissés morts dans la rue, terrés dans des caves, leurs visages rougis par le froid, la colère, mais aussi par la lumière de ceux qui se battent pour leur terre. Je me promets de goûter un bortsch pour savoir qui sont ces Ukrainiens, même si j'ai peur de pleurer en le mangeant.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">J<strong>e l'aimais et pourtant elle me faisait mal</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong> </strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Quand je serai mort</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Je crois </strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Que je me souviendrai encore</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>De la soupe aux choux </strong>(1)</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le lendemain, place des Clercs, toujours à Montélimar, nous trouvons <em>La Petite soupape,</em> un salon de thé que Luz, rencontrée au marché, nous a recommandé. Cette Petite soupape offre un décor hétéroclite avec ses tables de différentes hauteurs. L'accueil est chaleureux, les voix feutrées, les visages ouverts. Cela nous donne envie de sourire. Il est un peu tôt pour servir du salé. On nous propose cependant une soupe. Zut ! Je fais la grimace (rien à voir avec une soupe à la grimace). L'évocation la veille de la loubia et du bortsch, ça suffit pour le week-end. J'ai plutôt envie d'une belle salade, avec de l'ananas pourquoi pas. Je m'apprête à partir, quand la serveuse, Colette, un visage rayonnant, nous annonce une soupe d'endive à la poire et aux amandes grillées. Mon refus laisse aussitôt place à de la curiosité.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Colette nous sert la soupe d'endive et poire. Le blanc crémeux avec son fond légèrement verdâtre n'est pas désagréable à regarder. À la première cuillerée, on sent l'onctuosité, le tendre-dur de la poire, que le grillé de l'amande maintient longuement dans la bouche. La sensation est délicate. Je me serais bien contenté de cette dégustation, puisque aucune image de guerre ne me traversait, quand apparaît en bouche un fil d'amertume. C'est une fine musique qu'on perçoit d'abord au loin, elle s'insinue en soi avant d'éclater en sourire. Cette soupe n'a visiblement pas besoin de tragique pour exister. La cuisinière a une belle écriture. Derrière les saveurs, il y a d'autres saveurs, d'autres mots, une histoire.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il faut de l'audace pour unir l'endive à la poire. N'est-ce pas ce que fait le poète Alain Borne, poète montilien, qui exprime de la douceur avec "<em>Tu étais belle</em>" et de l'amertume avec "J<em>e pense que tout est fini</em>" ?</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Tu étais belle ce soir dans le soleil</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>plus que de lui vêtue</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>on aurait dit que tout entier</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>il se donnait pour te faire.</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Tu me brûlais de loin</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>tantôt tu étais d'or</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>tantôt de miel tantôt de lait</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>tu étais la rosée</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>doublant de transparence l'aubépine.</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong> </strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Je te savais brûlante</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>je te sais savais la fraîcheur même </strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>tu étais l'aube</strong></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>mystérieusement couchée sur un million de lis.</strong> (2)</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> *</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense que tout est fini</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense que tous les fils sont cassés qui retenaient la toile</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense que cela est amer et dur</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense qu'il reste dorénavant surtout à mourir</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense que l'obscur est difficile à supporter après la lumière</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense que l'obscur n'a pas de fin</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je pense qu'il est long de vivre quand vivre n'est plus que mourir</span></strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>…</strong> (3)</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La soupe est hérissée d'amandes grillées. La poésie d'Alain Borne est hérissée de pointes sombres ; il nous dit qu'elle n'est pas idyllique, qu'il y a <strong>des poèmes qui ne se nourrissent ni de roses ni d'oiseaux, qui ne boivent pas la rosée des fleurs… Ils parlent de chevaux, de labours, d'enfants sans jouets… Le sang coule d'eux, frais, rouge et vite noir, luisant comme un long regard échappé</strong>… (4)</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il y a des éclats de lucidité chez cet homme.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Aux saveurs, succède l'irrépréhensible envie de dire un poème à haute voix, un poème d'Alain Borne, naturellement. Une poésie où se mêlent le doux et l'amertume, l'amour et la mort.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je vous écris même si vous ne devez réellement pas m'écrire.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je vous aime même si vous ne devez réellement pas m'aimer.</span></strong><br /><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Mais que ferons-nous alors de cette lettre sans réponse de lettre et de cet amour sans réponse d'amour.</span></strong><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Que c'est lourd d'aimer ; que c'est difficile de s'avancer vers aimer en essayant de connaître le poids qui vous pèse aux épaules. </strong>(5)</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Nous disons ce texte à deux voix, Geneviève et moi. Les colporteurs-liseurs se souviennent que c'est sur cette place des Clercs que leur premier groupe de poésie "Toujours et Jamais" a existé et s'est défait. Toujours et Jamais, être si proche et si loin l'un de l'autre.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans "Je vous aime même si vous ne devez réellement pas m’aimer”, amour et non-amour sont inséparables. Cela vire parfois à la confrontation. Voyez les guerres fratricides en Algérie, en Ukraine, dans les Balkans, en Érythrée, au Proche-Orient, en Afrique. Ce serait bien que Malbrough ne parte en guerre qu'un mardi sur deux. Nous pourrions, ainsi les jours sans, changer les fleurs des champs de bataille, apporter du fumier dans le jardin d'Albert qui fait grise mine sauf la partie où s'installe le silence, chanter dans le port de La Rochelle une enivrante chanson de marin, sourire aux passants les soirs d'été et, surtout, manger une soupe nouvelle pour faire reculer le malheur.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Une soupe pour faire face au néant, à la peur.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Il doit bien exister une soupe pour danser à la manière des papillons.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">André Cohen Aknin</span><br /><br /><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">PS. Les lectures en "direct" ont repris. Je ne délaisse pas pour autant les lettres d'un colporteur-liseur. Seulement, elles sont plus espacées.</span></em></span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> </span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(1) Qu'est-ce qu'il n'y a ? Paul Vincensini</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(2) Tu étais belle. La nuit me parle de toi. Alain Borne. Ed Rougerie, 1964</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(3) Je pense. Dédié à Paul Vincensini. L'amour brûle le circuit. Alain Borne. Club du poème 1962.</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(4) Le plus doux poignard. Extrait. Alain Borne. Œuvres complètes II - Ed. Curandera - Coll. Dedalus</span><br /><span style="font-size: 10pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(5) Alain Borne. Œuvres complètes II. - Ed. Curandera - Coll. Dedalu</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlLes Sardines de Safitag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-10-04:64643312023-10-04T09:18:13+02:002023-10-04T09:04:00+02:00 ...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-6479710" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/00/02/2822963580.jpeg" alt="sardine,safi,maroc,fréquence lire,andré cohen aknin,laurence creton,valence en gastronomie,les mots à la bouche" width="466" height="457" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"> Cela commence par un cri, le mien, à la vue d'un kanoun fumant dans une rue bondée de Safi, une ville portuaire au sud de Casablanca. Une femme âgée, tatouages sur les mains, s'active. Elle cuisine des sardines farcies à même le sol, elle les tourne et retourne dans l'huile d'une marmite en fer blanc. Je n'ai pas goûté ce plat depuis l'enfance, depuis que j'ai vu faire ma grand-mère Fortunée qui étêtait les sardines, ôtait les arêtes, étalait les chairs pour y mettre une farce à l'oignon, à l'ail et au persil, qu'elle agrémentait de cumin et de poivre rouge, avant de plonger le tout dans un bain d'huile bouillante. J'attendais impatient la fin de la cuisson des premières sardines. Ah, la première bouchée !</span><br /><span style="font-size: 12pt;"> Pour quelques dirhams, la marchande sort une feuille de papier grossier, la plie et y fourre une double-sardines farcie, sans prendre le soin de l'égoutter. Si bien que je tends mon bras pour ne pas me salir. </span><br /><span style="font-size: 12pt;"> Assis face à la mer, mon cœur bat la chamade. Calme-toi, me dis-je, ce n'est pas la première fois que tu avales un en-cas dans la rue. Sauf que cette fois, c'est comme qui dirait ma madeleine de Proust. Je ferme les yeux, mords délicatement. Apparaît le chaud, suivi du moelleux de la chair, puis le goût du cumin explose, comme une signature. J'ose à peine bouger. La langue inspecte la texture, la compare au souvenir. Oui, ce sont les sardines farcies de mon enfance ! </span><br /><span style="font-size: 12pt;"> Quand j'ouvre les yeux, j'ai l'impression physique, si étrange, que passé et présent ne font qu'un. Etonnant pour quelqu'un qui proclamait il n'y pas si longtemps "c'est contre la nostalgie que je grandis" ! J'étais pourtant venu dans cette ville par simple curiosité, ma famille maternelle y a habité, voilà plus de deux siècles. Assurément, mon retour aux sources commence par la nourriture. </span><br /><span style="font-size: 12pt;"> Je finis ma double-sardines avec un sentiment de victoire. Tout s'éclaire. L'écriture et la cuisine sont intimement liées. C'est le corps qui parle, écrit, pense même ; il est devenu esprit. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">André</span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 12pt;">Ce texte a obtenu le 1er prix du concours d'écriture "Les mots à la bouche" - Souvenir gourmand - organisé par "Fréquence Lire", partenaire de "Valence en gastronomie" 2023</span></em></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlPoésie-musique au jardintag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-08-02:64551112023-08-02T17:41:25+02:002023-08-02T17:41:25+02:00 Le dimanche 4 juillet 2023, chez Anne-Marie et Philippe à...
<p> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6466087" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/01/02/1518013381.jpeg" alt="grillon M'Diam.jpeg" /></p><p><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le dimanche 4 juillet 2023, chez Anne-Marie et Philippe à Grillon dans la Drôme, les amis se rassemblaient pour écouter un quatuor de saxophones d’abord.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Puis ce fut le tour du duo <strong>M'Diam</strong> de <strong>Dominique</strong> et <strong>Laure</strong>, avec la participation de Geneviève pour un programme de poésies, chansons et musiques, à partir d’<strong><em>Un caillou qui pense oiseau</em>,</strong> un recueil de G.Briot : </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">“Le cri de la chouette</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">lueur coulée dans le noir</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">rivière autour de mon cou</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Souviens-toi que tu es lumière</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">et que tu retourneras à la lumière”</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce fut un moment de convivialité et de partage.</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlCelle qui parle aux corbeauxtag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-06-28:64496242023-06-28T10:29:14+02:002023-06-28T10:28:00+02:00 de Melissa Lucashenko Collection "Voix autochtones" Editions du...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-6458125" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/01/00/3342091311.jpeg" alt="Unknown.jpeg" width="136" height="206" /></p><p style="text-align: justify;">de Melissa Lucashenko <br /><em>Collection "Voix autochtones" Editions du Seuil</em><br /> <br />Envie de partager ce moment de lecture qui nous emmène en Australie. Premier livre de cette écrivaine traduit en français par David Fauquemberg.<br />"Celle qui parle aux corbeaux" de Melissa Lucashenko est un roman australien, une histoire d'aujourd'hui qui garde trace des oppressions du passé. L'histoire se situe au XXIe siècle dans la lignée du XVIIIe lorsque les Anglais déclarèrent cette terre australe inhabitée et l'accaparèrent. Les rencontres entre les populations autochtones et les colons ne pouvaient être qu'antagonistes. Les aborigènes vivaient de chasse et de pêche, ils se servaient dans la nature sans rien posséder ; ils n'avaient pas la notion de propriété.<br />La question est "Comment évolue une société issue d'une colonisation" ?<br /> <br />Kerry Salter, une jeune femme aborigène, traite les blancs de "sauvagesnormauxblancs" et n'entend pas s'en laisser conter. Tout en revendiquant son droit à une vie moderne à Brisbane, elle ne peut pas se désolidariser de sa famille qui vit dans le bush. À l'occasion du décès de son grand-père, elle va défendre leur terre, sacrée depuis la révolte d'Ava, une ancêtre, figure tutélaire de leur clan. Elle parle aux corbeaux, son neveu se rêve en baleine, tout un monde !<br />Le ton virulent est courant chez cette famille, les Salter, une famille burlesque qui dissimule sous des invectives une affection indélébile. Les retrouvailles sont houleuses et mettent au jour un secret.<br /> <br />À vrai dire, il n'y a pas rivalité entre aborigènes et blancs, car il y a eu du métissage. Il y a ceux qui revendiquent leur origine aborigène et ceux qui tentent de la dissimuler. Et voilà que notre héroïne aux réflexes anti-blancs tombe amoureuse d'un jeune sportif blanc ! La vie se joue des appartenances figées, semble nous dire l'écrivaine.<br /> <br />Dans une langue proche de l'oralité, violence et générosité traversent ce texte. Le lecteur est mené de rebondissement en rebondissement dans une vie tumultueuse jusqu’à une fin qu’on n’imaginait pas.<br />On est tenu en haleine et c’est tout un univers qui nous est révélé dans son présent et ses racines.<br /> <br />Geneviève</p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.html"Écrire est un caillou qui veille" par le duo M'Diam à Lascourstag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-05-20:64440632023-05-20T19:14:07+02:002023-05-20T19:14:07+02:00 Dominique Divrechy et Laure de Matharel ont composé une lecture...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6448465" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://briot-cohenaknin.hautetfort.com/media/00/01/2316014676.jpeg" alt="M'DIAM.jpeg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dominique Divrechy et Laure de Matharel ont composé une lecture musicale à partir de cette phrase du recueil <em>"Un caillou qui pense oiseau"</em> de Geneviève Briot.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">M'Diam veut dire en langue peule "eau". Diam seul veut dire "paix".</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Elles ont donné ce récital dans mon salon le 13 mai 2023 devant une vingtaine de personnes en présence de l'auteure. </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La kora de Laure égrenait ses gouttes de musique pour accompagner Dominique à la voix parlée ou chantée.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Elles avaient choisi d'élargir l'univers poétique de "<em>Un caillou qui pense oiseau</em>" avec des textes d'autres poètes, Christian Bobin, Monique Domergue, Andrée Chedid, Hélène Cadou, Gaëlle Josse, Alain Borne, François Cheng. Des chansons d'Anne Sylvestre et de Michel Legrand entraient en résonance. Le waterphone de Laure prolongeait l'écoute sur des ondes aquatiques. </span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Toutes deux ont souvenir de l'Afrique où elles ont vécu ; venues de son enfance là-bas, Dominique a improvisé des mélopées qui ont fasciné l'auditoire.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Geneviève Briot participait à la lecture. Dans le poème <em>L'orée du bois</em>, elle parle d'ourler sa vie côté forêt / de se tenir à la lisière d'une nature indomptée.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Un moment magique, une bouffée d'air pur, diront les spectateurs émus, au cours de l'apéritif qui a suivi.</span><br /><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Naïs</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlEcrire est un caillou qui veilletag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-03-23:64346202023-03-26T17:32:24+02:002023-03-26T17:32:24+02:00 Le samedi 4 mars 2023, Dominique Divrechy a donné, à l'atelier du...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Le samedi 4 mars 2023, Dominique Divrechy a donné, à l'atelier du Chouchalout, une lecture musicale "<span style="color: #0000ff;"><strong>Ecrire est un caillou qui veille</strong></span>", qu'elle a composée avec Laure de Matharel à partir de poèmes de "<span style="color: #0000ff;"><strong>Un caillou qui pense oiseau</strong></span>", de Geneviève Briot. Chants, rythmes et textes d'autres poètes dont Monique Domergue. Dominique à la voix et Laure à la kora et au waterphone.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Monique Domergue et Geneviève Briot se sont jointes à elles dans la lecture.</span></p>
Elle et Luihttp://briot-cohenaknin.hautetfort.com/about.htmlRenoncementtag:briot-cohenaknin.hautetfort.com,2023-02-07:64270012023-02-07T12:57:35+01:002023-02-07T12:54:00+01:00 Créer et préparer cette rencontre "Juifs d'Algérie, une mémoire qui...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Créer et préparer cette rencontre "Juifs d'Algérie, une mémoire qui (en)chante" a été une joie, une joie de travailler avec Michel Wilson et l'association Coup de Soleil.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Une joie de plonger dans la poésie d'une "Algérie plurielle" dont parle Kamel Daoud. Etre juif d'Algérie, c'est parler d'une terre, de ses habitants, de sa culture, ses coutumes, ses rites, ses langues, ses chants, sa musique et du lien avec ceux qu'ils côtoient. Eviter l'enfermement. La richesse de l'un est la richesse de l'autre. Aller "au-delà de la haine", nous dit le poète Souhel Did. Il ajoute :</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"S’aimer dans le creux de la différence,</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">ça doit être l’horizon sous lequel il faut survivre.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Même à notre insu.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">A l'insu de la différence."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">La joie des auteurs de travailler ensemble. Marie-Claude, Simone et Geneviève ont construit une lecture croisée de leurs livres, à l'écoute l'une de l'autre, se mettant en jeu, elles-mêmes.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Les auteurs mettent leur vie sur la table, leur histoire, leur histoire traumatique aussi, qui n'est pas faite que d'exils, mais aussi de "dévastation" et de "disparition". Ils ont besoin d'un accueil de la parole et d'une écoute.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Nous vous renvoyons à nos livres. </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"L'enfant qui se taisait", de Marie-Claude Akiba Egry, Editions Gallimard</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"Voile blanche sur fond d'écran" de Simone Molina, Editions La tête à l'envers</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"Un livre à la mer" de Geneviève Briot, Editions Marsa</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">"Un lit dans l'océan" de André Cohen Aknin, Editions Parole</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">J'ai préparé de mon côté une lecture de mon roman en faisant émerger l'importance de la nourriture chez les juifs d'Algérie. Histoire de mettre en appétit. Je l'ai pensée avec de la musique.</span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Ma mère est l'une de ces femmes juives d'Algérie qui parlent, écrivent avec leur cuisine d’où s’élève le parfum des épices. Chaque plat est une page sur laquelle s’inscrit une prière. Sous ses mains, les grains de semoule parlent du désert, des chamelles, du quartier, des cris des enfants et du joueur de flûte sous un ciel étoilé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Joie encore de construire la première lecture avec les colporteurs-liseurs Naïs et Juan, comme un chant du matin et de rythmer la journée par des ponctuations poétiques au gré des interventions.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Puis il y a eu la polémique autour de la Mairie de Lyon. Les interrogations, la peur de l'amalgame, ai-je écrit dans mon mail de samedi dernier. Dimanche, les réponses nous ont redonné force. Nous nous sommes remis au travail : répétitions, achat des billets de trains, recueils…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Cependant les incertitudes et les tensions persistent. Lundi soir, on ne peut écarter des "risques" de troubles. Comment nous, auteurs et colporteurs-liseurs, pourrons-nous lire dans cette tension et comment pourrons-nous faire face à une hostilité ? La parole intime a besoin de quiétude et ne se dit pas sous un ciel menaçant. Nous nous sentons prisonniers dans quelque chose qui nous dépasse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Les réactions des adhérents de Coup de soleil résonnent de leurs engagements. Le nôtre, pour cette rencontre, a été dans le choix de l'écriture. Sans doute, étions-nous dans un monde un peu différent, créatif et indompté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Faire une lecture publique est toujours une joie, celle de dire les poètes qui nous font vivre, de partager une parole née des profondeurs de l'être. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous renonçons.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>André Cohen Aknin et Geneviève Briot (en accord avec l'équipe) </em></span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Le 1 février 2023 </em></span></p>