Des amandiers
Des amandiers sur le chemin
Mes pas au jour le jour
Appel d'un oiseau
Geneviève Briot
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Des amandiers sur le chemin
Mes pas au jour le jour
Appel d'un oiseau
Geneviève Briot
Entre les lettres d'un colporteur-liseur d'André,
Geneviève pose ses poé-ponctuations.
Poé-ponctuation n° 1, de Geneviève Briot
"Ecriture"
Batterie des lettres
le clavier frémit
à l'assaut du mot
de la phrase
qui prend cœur
et commence à vivre.
Le poème emplit la page
la dévore
la froisse
Il descend dans la rue
se colle à la poussière
prend le soleil
encore lié au cerveau fébrile
puis prend son envol
(inédit. © Geneviève Briot)
Dans mon pays, dit-il, on parle au son du violon et de la derbouka.
Enfant en Algérie, il passe son adolescence à Paris, puis il voyage, exerce différents métiers, avant de s’installer dans la Drôme en 1983. Depuis, il chemine avec des musiciens, enseigne la communication, forme à la lecture à voix haute des enseignants, des bibliothécaires, des élèves. Il met également en scène des événements.
L’écriture d’une pièce de théâtre Les gens d'ici lui ouvre la scène.
En voyage d'écriture au Maroc, il est frappé par la lumière d’Afrique. L'Algérie resurgit et il la fait revivre dans un roman La lèvre du vent, une histoire d’enfants du quartier juif d'Oran pris dans la guerre. Passionnant de sensibilité et d'érudition, a écrit Benjamin Stora.
À la recherche de sobriété, il écrit Le sourire de l'absente, un récit poétique, le présente en lecture-récital, fidèle aux mots de Léopold Sedar Senghor : le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps.
Un lit dans l’océan, roman, 2021. La rencontre avec une vieille dame juive d’Algérie atteinte de la maladie d’Alzheimer. Son fils essaie de la rejoindre dans son univers fantomatique à travers les souvenirs d’une vie tragique et lumineuse, empreinte de cuisine et de musique arabo andalouse.
Pour donner sens au présent qui parfois nous pèse et qui, pourtant, porte en lui un germe créateur, il donne des récitals à voix nue ou avec musique depuis 1987 ; il crée des rencontres avec poètes et artistes. Depuis mars 2020, il écrit et diffuse des lettres d'un colporteur-liseur autour de la poésie.
Pour lui, les mots sont des matériaux visuels et sonores à assembler, à ajuster, à écouter ; il lui faut entendre la musique des phrases pour les poser sur la page. Un rayon de lumière venu de l'enfance en Algérie éclaire ses paysages intérieurs imaginatifs et tourmentés.
Un lit dans l'océan, roman. Editions Parole, 2021
Le sourire de l’absente, récit poétique. L’Atelier du Hanneton éditeur, 2012
La lèvre du vent, roman. L’Harmattan éditeur, 2006
Le carnaval de votre enfance. Paroles de résidents, Ehpad de Romans. 2010
Pièces de théâtre jouées en France et à l’étranger, dont Les gens d’ici, Visages, Molière al-Qabbânî (coauteur Mohamed Machti)...
Récitals de poésie. Principalement : Salut Blaise, Tous les murs donnent au sud, La poésie d’Afrique du Sud, Le sourire de l’absente.
Et avec Geneviève Briot : Alain Borne, une poésie d’ombre et de feu, Andrée Chedid, un univers, Des saveurs et des livres, Il pleut des oiseaux bleus, "Chemins croisés…
Mise en scène d’événements : Mots de passe, Petites cours Jardins et Résonances, Biennales de l’International de Romans dont la première édition a reçu le Prix de l’innovation « Territoria », 2004
Il crée et participe à un collectif de créateurs : 31 minutes , un itinéraire entre l’image, le trait, l’écriture et la voix. Exposition, 2006
Paroles de silence, encres et poésie. Exposition, 2013. Illustrations encres pour Un caillou qui pense oiseau de Geneviève Briot. L’Autre incertain éditeur, 2017
Lettres d’un colporteur-liseur, adressées directement à un réseau de lecteurs et sur son blog, depuis mars 2020
Les sardines de Safi. Ce texte a obtenu le 1er prix du concours d'écriture "Les mots à la bouche", organisé par "Fréquence Lire", partenaire de "Valence en gastronomie" 2023
Interventions en milieu scolaire et universitaire : lectures, ateliers voix, ateliers d'écriture (IUFM Grenoble, Lycées, collèges, médiathèques, CCI, FOL…)
Membre de la SGDL et de la SACD
Aidez-moi
À lever ce bras droitpour faire signeet murmurerqu'il y a du ventsous la peau.Une horde est blesséedans l’avant-dernière rue,la pluie gerce,le murmure n'achève rien,Le silence dans lequel jelève ce bras droit et l'agiteest terrible :en lui toutes les voixétranglées se rassemblentet forment une cible absente.(1)
"Que nous chaut Venizelos
Seul Raymond mettons Duncan
trousse encore la défroque grecque
Musique aux oreilles végétales
Autant qu'éléphantiaques
Les poissons crient dans le gulf-
tream
Bidon juteux plus que figue
Et la voix basque du microphone
marin
Duo de music-hall
Sur accompagnement d'auto
Gong
Le phoque musicien
50 mesures de do-ré do-ré do-ré do-ré
do-ré do-ré do-ré do-ré do-ré do-ré
do-ré do-ré do-ré
Ça y est !
Et un accord diminué en la bémol
mineur
ETC.!
Quand c'est beau un beau joujou
bruiteur danse la sonnette
Entr’acte
A la rentrée
Thème : CHARLOT chef d’orchestre bat la
la mesure
Devant
L’européen chapeauté et sa femme
en corset
Contrepoint : Danse
Devant l’européen abruti et sa femme
Coda : Chante
Ce qu’il fallait démontrer (2)
En ce samedi de mars, j'écoute un concerto pour violoncelle de Dvorak qui réveille ma peau endormie. La nuit a été longue. Avec ce confinement, j'ai du mal à régler le curseur. Bon, réveille-toi, me dis-je, aujourd'hui est un jour de fête. J'ouvre la porte d'entrée, par principe, même si je doute que quelqu'un me rende visite.
À ma surprise, un homme entre chez moi. Un homme avec des cheveux gras, mi-longs, une chemise usée et une démarche hésitante. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite. J'ai d'abord pensé à mon voisin du rez-de-chaussée qui, nous le savons tous dans le quartier, peine à se nourrir. Chacun pose des restes bien enveloppés sur la grande poubelle d’en face et s'éclipse. Je l'aperçois parfois de ma fenêtre récupérer discrètement les paquets.
J’ai su qui c’était lorsque le visiteur a caressé un livre de ma bibliothèque, un livre à couverture cartonnée, couleur cuivre.
Arthur Rimbaud.
Le poète découvert dans mon enfance est venu me rendre visite.
Il me tend le livre, dont je reconnais le poids. Mes mains le parcourent, le sentent en aveugle, suivent les liserés d'or du dos. C'est là qu'est inscrit le titre. Je laisse faire mes mains. Elle savent découvrir les aspérités des lettres et leurs sons amniotiques, chaque livre est un ventre, comme elles ont su, au temps où j'étais ouvrier, lire l'Afrique sur des billes de bois.
Une légère odeur monte du papier vieilli.
J'ouvre le livre au hasard.
Le papier des papeteries Grellingen est jauni. Le grain légèrement râpeux. La police est en Garamond.
Le poème commence par :
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade. (1)
Je mets en bouche chaque syllabe, respire profondément. Les virgules me sourient. Je goûte la lecture à mon rythme. J'aime quand les sons papillonnent dans ma tête. Parfois l'un d'eux sursaute.
Les vers qui suivent m'emmènent en balade, moi qui depuis des jours et des jours suis confiné dans mon HLM. “Les tilleuls sentent bon” et “l'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière”.
Le bon air me fait sourire.
Et voilà que j'aperçois un petit chiffon. Ce n'est pas le mien. Le mien a des taches violettes et bleu nuit. Je l'utilise pour nettoyer mes stylos.
Le petit chiffon appartient à Rimbaud, il est dans son poème.
J'invite le poète à s'asseoir à ma table, lui demande comment on fait pour ne pas être sérieux. Il ne dit rien, pointe juste son doigt sur son poème et m'invite à le lire à voix haute.
Ma gorge se noue. Vais-je le décevoir ? Je connais le personnage, son exigence. Je l'ai longuement rencontré dans la somme écrite par Jean-Jacques Lefrère (2) qui fourmille de détails et qui fait que le poète est un homme.
Je lui donne le poème
le lui rends à lui
et à un autre
dans un miroir
I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin, −
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
II
− Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! − On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
III
Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
− Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif...
− Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’à mois d’août.
Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
− Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…
− Ce soir-là... − vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
− On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade. (1)
(1) Arthur Rimbaud, Roman. 23 septembre 1870 - (2) Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud, Editions Fayard. 2001
André Cohen-Aknin (AAKC)
Lettre d'un colporteur-liseur N° 9
D'origine lorraine, je vis dans la Drôme que j'aime beaucoup, mais mon pays d'élection est surtout celui de la langue française. Après 25 ans d'enseignement, je me consacre à l'écriture, à des lectures-récitals, en particulier avec André Cohen Aknin.
En 1983, à Montélimar, j’anime une émission de radio "L’amour brûle le circuit" en hommage au poète Alain Borne. La rencontre avec Paul Vincensini, Guillevic donne racines à ma propre écriture.
Mon premier recueil de poésie "Basalte" paraît en 1982. Le dernier en 2017 : "Un caillou qui pense oiseau" mesure le chemin parcouru.
Je garde contact avec la jeunesse avec la publication de "L'ogre aux pieds nus" qui obtient le prix européen Pier Paolo Vergerio en 1988.
Je découvre l’Algérie et le Sahara en 1985. Fascinée par ce pays, ses habitants, je suis amenée à l'écriture de trois ouvrages. En 2004, l’historien Benjamin Stora m’invite à une table ronde sur France Culture « Bouge dans ta tête ».
Sollicitée par des Compagnies de Rhône-Alpes, j'écris quatre pièces de théâtre.
Aller vers les origines pour comprendre qui l'on est donne un roman en 2012 : "Des cerises en hiver".
Sur le chemin de Josette Duc, une femme étonnante, en 2020, le récit "D'azur et de feu" m'entraîne vers un domaine inconnu que je ne cesse d'explorer par la poésie.
Bibliographie
- Basalte, poésie, Éditions Chambelland, 1982
- Météorites, poésie, Éditions Subervie, 1987
- L’ogre aux pieds nus, roman Jeunesse, Éditions Chardon bleu. 1988 - Prix Pier Paolo Vergerio 1989 à Padoue (Italie) (Littérature Européenne pour la Jeunesse)
- Parole de Guadal ! théâtre Jeunesse, Éditions Noirs Trottoirs, 1991
- Histoire d’éléphant, album Jeunesse illustré par Armand Kaercher, Éditions Grandir 1999
- L’appel du Sud, roman, Éditions Marsa Paris et Alger 1999. Réédité dans Trois romans algériens au féminin, Éditions Marsa, 2001
- Un livre à la mer, récits, Éditions Marsa, 2003
- Najib l'enfant de la nuit, roman, L'Harmattan Jeunesse 2007
- Des cerises en hiver, roman, L'Harmattan, octobre 2012
- Un caillou qui pense oiseau, poésie, Encres de André Cohen Aknin, Editions L'Autre incertain, mars 2017
- D'azur et de feu - Sept visages de Josette Duc, Bleu 31, 2020
L'homme périt de son propre venin
Mais s'élève dans la lueur qu'il esquisse
C'est ce que nous dit Andrée Chedid (1), une femme qui s'est nourrie de rencontres à travers l'Egypte, le pays de sa naissance, le Liban, puis la France. Elle a su être à l'écoute des hommes et des femmes ; elle a aimé leurs langues, s'est délectée de chaque coin de rue, de chaque bout de terre, de chaque voyelle. Ses écrits, romans - nouvelles - poésie, révèlent son talent et sa générosité ; ils nous disent combien les épreuves et la souffrance sont présentes, mais aussi qu'il y a une lumière et qu'elle est à notre portée, parce qu'elle est en NOUS !
Eveille en toi l'autre regard !
Celui qui transgresse le monde
Et distance le monde singulier (2)
Dans un autre poème, elle nous dit encore :
Nous jouons l'existence
Contre un décor
qui fuit
Ils meurent nos vieux soleils
Ils meurent pour mieux renaître ! (3)
Nous sommes heureux, Geneviève et moi, d'avoir rencontré cette dame attentive aux autres, d'avoir ressenti son énergie, sa chaleur humaine, d’avoir donné sa poésie en public. Sa vibration est toujours présente.
Andrée Chedid, “Poèmes pour un texte” (1970-1991). Ed. Flammarion. Extraits de 1) Le mouvement p.63 - 2) L'autre regard p.51 - 3) Pour renaître p. 65
André Cohen Aknin (AAKC)
Lettre d'un colporteur-liseur N° 2
La poésie nous accompagne
“Si tout poème est une fête, il est en même temps une arme” écrit le poète Guillevic
Sommes-nous alors dans un combat ?
Oui. Un combat contre l’aveuglement énergétique et social, l’individualisme, le manque de courage et de perpectives.
C’est pourquoi, le Collectif citoyen appelle à un réveil, chacun à sa mesure, pour aller à la rencontre de l’autre, pour partager, ici à Bourg-de-Péage, pour imaginer des transitions dans cette période bouleversée que nous vivons, pour agir, et, ceci, dans l’intérêt de tous.
Ma mesure est de dire que ce partage peut aussi se faire par les mots des poètes.
Leurs poèmes ne se nourrissent pas que de roses et d’oiseaux ; ils ne nous parviennent pas de limbes inaccessibles et ne sont pas qu’un souvenir évanescent d’un lointain passé scolaire.
Leurs poèmes ont leur place parmi nous, au plus près de notre quotidien ; ils savent nous sublimer, ouvrir notre horizon. Guillevic écrit :
« Il y a des limites
partout tu en trouveras
Sauf dans ton désir
de les franchir”
La poésie est à tous ! Elle nous tient éveillés, vigilants, comme le souligne Philippe Jaccottet : le travail du poète est… “de veiller comme un berger et d’appeler tout ce qui risque de se perdre s’il s’endort”
La poésie avance. C’est pourquoi, j’en suis convaincu, elle fait partie de cette transition, dont nous parlons si abondamment. Et avec elle tous les autres modes d’expression culturelle.
Je voudrais apporter ici, de temps à autre, le texte d’un poète pour nous accompagner.
André Cohen Aknin (AAKC)
Lettre d'un colporteur-liseur N° 0 publiée sur le site LE PEPS
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Voici la lettre N°1 :