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covid 19

  • Voix d'Afrique

    En cette veille de déconfinement, je pense à ceux qui sont partis. Que ferons-nous de leurs voix, nous qui sommes encore vivants ?
    Voici ce qu'écrit Birago Diop, poète sénégalais, dans son poème Souffles, à propos de nos morts.
     
    Écoute plus souvent
    Les choses que les êtres,
    La voix du feu s'entend, 
    Entends la voix de l'eau.
    Écoute dans le vent
    Le buisson en sanglot :
    C'est le souffle des ancêtres.
    Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
    Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
    Et dans l'ombre qui s'épaissit,
    Les morts ne sont pas sous la terre
    Ils sont dans l'arbre qui frémit,
    Ils sont dans le bois qui gémit,
    Ils sont dans l'eau qui coule,
    Ils sont dans l'eau qui dort,
    Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
    Les morts ne sont pas morts. (1) 
     
    Bien sûr, il y a les affreuses images des sacs mortuaires qu'on affiche sur nos écrans. Certains sont noirs. D'autres, blancs. Il y a aussi les hospitalisés et la comptabilité morbide qu’on nous assène chaque soir à partir de 19h. L’humeur est déprimante. 
    Toutefois Birago Diop nous dit que rien n'est perdu, il nous invite à regarder plus loin, à ne pas considérer seulement les morts d’aujourd’hui, mais aussi ceux d’hier, d’avant l’épidémie, ceux d'avant-hier et d'avant-avant-hier. Les morts ne sont pas morts. Nous restons ensemble. Je tiens la main de ma sœur jumelle. Les femmes de mon enfance me bercent et le chant des hommes me maintient debout.
     
    Je ne sais plus où j’en suis. Le temps se froisse. Devrai-je encore attendre un jour, deux jours, trois semaines, quatre mois la fin du confinement ? C’est déjà fini. Ce n'est jamais fini. Demain est aujourd'hui. Je reprends ma place à l'établi, trace mes bois, taille mes calames, remplis mon stylo d'encre violette, fais les courses et rejoins les vivants dans la trame des jours où survivent les morts éternellement vivants.
     
    Ainsi va également l’écriture, elle passe d'un monde à un autre, d’un temps à un autre, nait, meurt, renait, fait côtoyer l’ancien et le nouveau dans un embrouillamini déroutant. Le poète sénégalais nous conseille, lui, d’écouter plus souvent les choses que les êtres. Alors, demain, je marierai un mimosa à un fromage de chèvre dans une histoire sans queue ni tête, car chacun sait que toute fin est un commencement.
     
    Jacques Chevrier, qui a composé "L'Anthologie africaine : poésie", introduit ainsi le poème du Birago Diop : "En Afrique, fait observer Léopold Senghor, il n'y a pas de frontière entre le visible et l'invisible, entre la vie et la mort. Et le poète ajoute : "Le réel n'acquiert son épaisseur, ne devient vérité qu'en s'élargissant aux dimensions extensibles du surréel".
     
    Écoute plus souvent
    Les choses que les êtres,
    La voix du feu s'entend, 
    Entends la voix de l'eau.
    Écoute dans le vent
    Le buisson en sanglot :
    C'est le souffle des ancêtres.
    Le souffle des ancêtres morts
    Qui ne sont pas partis,
    Qui ne sont pas sous terre,
    Qui ne sont pas morts. 
    Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
    Ils sont dans le sein de la femme,
    Ils sont dans l'enfant qui vagit,
     
    Et le tison qu'il s'enflamme. 
    Les morts ne sont pas sous la terre,
    Ils sont dans le feu qui s'éteint,
    Ils sont dans le rocher qui geint,
    Ils sont dans les herbes qui pleurent,
    Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
    Les morts ne sont pas morts.
    Écoute plus souvent
    Les choses que les êtres,
    La voix du feu s'entend, 
    Entends la voix de l'eau.
    Écoute dans le vent
    Le buisson en sanglot :
    C'est le souffle des ancêtres.
    Il redit chaque jour le pacte,
    Le grand pacte qui lie,
    Qui lie à la loi notre sort ;
    Aux actes des souffles plus forts
    Le sort de nos morts qui ne sont pas morts ; 
    Le lourd pacte qui nous lie à la vie,
    La lourde loi qui nous lie aux actes
    Des souffles qui se meurent.
     
    Dans le lit et sur les rives du fleuve,
    Des souffles qui se meuvent
    Dans le rocher qui geint et dans l'herbe qui pleure.
    Des souffles qui demeurent
    Dans l'ombre qui s'éclaire ou s'épaissit,
    Dans l'arbre qui frémit, dans le bois qui gémit, 
    Et dans l'eau qui coule et dans l'eau qui dort,
    Des souffles plus forts, qui ont pris
    Le souffle des morts qui ne sont pas morts, 
    Des morts qui ne sont pas partis,
    Des morts qui ne sont plus sous terre.
    Écoute plus souvent
    Les choses que les êtres… (1)
    André Cohen-Aknin
     
    (1) Birago Diop, Souffles, Anthologie africaine : poésie. Jacques Chevrier - Sénégal. MONDE NOIR. CEDA (Abidjan) - HATIER (Paris) - LEA (Douala). 1988. Ce texte est paru ultérieurement dans Leurres et Lueurs, Présence Africaine, 1960 et dans L'anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française.
     
    Lettre d'un colporteur-liseur N° 15

  • Une histoire de bricolage

    Nombre de médecins et de chercheurs essaient de neutraliser le covid 19. Un virus dont il faut craindre les soubresauts dès qu'on met le nez dehors. 

    Avec soubresaut, on entend : saut périlleux, secousse, obstacle imprévu, convulsion, on gambade, on joue les acrobates, on se méfie du saut du postillon, on considère le saut dans l'inconnu et dans celui dans l’immobilité, on réfléchit à deux fois avant de sauter à la corde dans un appartement à cause des voisins. Ce mot devient effrayant quand il s’agit de choisir de ventiler un malade plutôt qu'un autre. J’aime le saut du coq à l’âne et le saut dans les histoires drôles, l'humour est un bon remède à la déprime. Quant au saut dans l'écran pour embrasser un ou une inconnue, je ne l'ai pas encore expérimenté. Cette semaine, j'étais occupé par le saut d'un tabouret après avoir changé la lampe du plafonnier (trois fois, il doit y avoir un problème de branchement). Mon saut préféré est le saut à pieds joints une biscotte entre les dents. Je compte les fois où elle tombe côté confiture.

    Vous en connaissez certainement d'autres. Si vous avez envie de les partager…

    Soubresaut est construit à la manière de sursaut, à cause de soubre qui vient de sobre, "par-dessus, sur", du latin "super" et de saut, espagnol salto, du latin saltus". Merci Alain Rey (1). 

    Sursaut, voilà un mot qui convient à notre situation. Alors, sautons, sursautons, soubresautons dans la recherche, mettons en pièces ce virus (il paraît que c'est une chose très compliquée). Le champ est immense : médocs, vaccins, pistes informatiques, transformation de masques de plongée en respirateurs et de rêves de marins confinés en projets bien réels. Chacun, chacune apporte sa contribution. C’est parfois une histoire de bricolage.

    Permettez moi de vous présenter celle de Boris Vian. Elle parle d'une autre époque, mais sa considération sur le rayon d'action pourrait nous être utile.

    C'est une java. Musique !

     

    Mon oncle un fameux bricoleur

    Faisait en amateur

    Des bombes atomiques

    Sans avoir jamais rien appris

    C'était un vrai génie

    Question travaux pratiques

    Il s'enfermait tout' la journée

    Au fond d'son atelier

    Pour fair' ses expériences

    Et le soir il rentrait chez nous

    Et nous mettait en trans'

    En nous racontant tout

    Pour fabriquer une bombe "A"

    Mes enfants croyez-moi

    C'est vraiment de la tarte

    La question du détonateur

    S'résout en un quart d'heur'

    C'est de cell's qu'on écarte

    En c'qui concerne la bombe "H"

    C'est pas beaucoup plus vach'

    Mais un' chos' me tourmente

    C'est qu'cell's de ma fabrication

    N'ont qu'un rayon d'action

    De trois mètres cinquante

    Y a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans

    J'y retourne immédiat'ment

    Il a bossé pendant des jours

    Tâchant avec amour

    D'améliorer l'modèle

    Quand il déjeunait avec nous

    Il dévorait d'un coup

    Sa soupe au vermicelle

    On voyait à son air féroce

    Qu'il tombait sur un os

    Mais on n'osait rien dire

    Et pis un soir pendant l'repas

    V'là tonton qui soupir'

    Et qui s'écrie comm' ça

    A mesur' que je deviens vieux

    Je m'en aperçois mieux

    J'ai le cerveau qui flanche

    Soyons sérieux disons le mot

    C'est même plus un cerveau

    C'est comm' de la sauce blanche

    Voilà des mois et des années

    Que j'essaye d'augmenter

    La portée de ma bombe

    Et je n'me suis pas rendu compt'

    Que la seul' chos' qui compt'

    C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe

    Y a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans,

    J'y retourne immédiat'ment

    Sachant proche le résultat

    Tous les grands chefs d'Etat

    Lui ont rendu visite

    Il les reçut et s'excusa

    De ce que sa cagna

    Etait aussi petite

    Mais sitôt qu'ils sont tous entrés

    Il les a enfermés

    En disant soyez sages

    Et, quand la bombe a explosé

    De tous ces personnages

    Il n'en est rien resté

    Tonton devant ce résultat

    Ne se dégonfla pas

    Et joua les andouilles

    Au Tribunal on l'a traîné

    Et devant les jurés

    Le voilà qui bafouille

    Messieurs c'est un hasard affreux

    Mais je jur' devant Dieu

    Qu'en mon âme et conscience

    Qu'en détruisant tous ces tordus

    Je suis bien convaincu

    D'avoir servi la France

    On était dans l'embarras

    Alors on l'condamna

    Et puis on l'amnistia

    Et l'pays reconnaissant

    L’élut immédiat'ment

    Chef du gouvernement (2)

     

    (1) Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d'Alain Rey. - (2) Boris Vian / Alain Goraguer (musique), La java des bombes atomiques. Chez Phillips, 1955.

    André Cohen-Aknin (AAKC)

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 12

  • J'ouvre la porte

    En ce samedi de mars, j'écoute un concerto pour violoncelle de Dvorak qui réveille ma peau endormie. La nuit a été longue. Avec ce confinement, j'ai du mal à régler le curseur. Bon, réveille-toi, me dis-je, aujourd'hui est un jour de fête. J'ouvre la porte d'entrée, par principe, même si je doute que quelqu'un me rende visite. 

    À ma surprise, un homme entre chez moi. Un homme avec des cheveux gras, mi-longs, une chemise usée et une démarche hésitante. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite. J'ai d'abord pensé à mon voisin du rez-de-chaussée qui, nous le savons tous dans le quartier, peine à se nourrir. Chacun pose des restes bien enveloppés sur la grande poubelle d’en face et s'éclipse. Je l'aperçois parfois de ma fenêtre récupérer discrètement les paquets.

    J’ai su qui c’était lorsque le visiteur a caressé un livre de ma bibliothèque, un livre à couverture cartonnée, couleur cuivre. 

    Arthur Rimbaud.

    Le poète découvert dans mon enfance est venu me rendre visite. 

    Il me tend le livre, dont je reconnais le poids. Mes mains le parcourent, le sentent en aveugle, suivent les liserés d'or du dos. C'est là qu'est inscrit le titre. Je laisse faire mes mains. Elle savent découvrir les aspérités des lettres et leurs sons amniotiques, chaque livre est un ventre, comme elles ont su, au temps où j'étais ouvrier, lire l'Afrique sur des billes de bois.

    Une légère odeur monte du papier vieilli. 

    J'ouvre le livre au hasard.

    Le papier des papeteries Grellingen est jauni. Le grain légèrement râpeux. La police est en Garamond.

    Le poème commence par :

    On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

    − Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,

    Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !

    − On va sous les tilleuls verts de la promenade. (1)

    Je mets en bouche chaque syllabe, respire profondément. Les virgules me sourient. Je goûte la lecture à mon rythme. J'aime quand les sons papillonnent dans ma tête. Parfois l'un d'eux sursaute.

    Les vers qui suivent m'emmènent en balade, moi qui depuis des jours et des jours suis confiné dans mon HLM. “Les tilleuls sentent bon” et “l'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière”. 

    Le bon air me fait sourire. 

    Et voilà que j'aperçois un petit chiffon. Ce n'est pas le mien. Le mien a des taches violettes et bleu nuit. Je l'utilise pour nettoyer mes stylos. 

    Le petit chiffon appartient à Rimbaud, il est dans son poème.

    J'invite le poète à s'asseoir à ma table, lui demande comment on fait pour ne pas être sérieux. Il ne dit rien, pointe juste son doigt sur son poème et m'invite à le lire à voix haute.

    Ma gorge se noue. Vais-je le décevoir ? Je connais le personnage, son exigence. Je l'ai longuement rencontré dans la somme écrite par Jean-Jacques Lefrère (2) qui fourmille de détails et qui fait que le poète est un homme.

    Je lui donne le poème

    le lui rends à lui

    et à un autre 

    dans un miroir

    I

     

    On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

    − Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,

    Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !

    − On va sous les tilleuls verts de la promenade.

     

    Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !

    L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;

    Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin, −

    A des parfums de vigne et des parfums de bière…

     

    II

     

    − Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon

    D’azur sombre, encadré d’une petite branche,

    Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond

    Avec de doux frissons, petite et toute blanche...

     

    Nuit de juin ! Dix-sept ans ! − On se laisse griser.

    La sève est du champagne et vous monte à la tête...

    On divague ; on se sent aux lèvres un baiser

    Qui palpite là, comme une petite bête…

     

    III

     

    Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,

    − Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,

    Passe une demoiselle aux petits airs charmants,

    Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père...

     

    Et, comme elle vous trouve immensément naïf,

    Tout en faisant trotter ses petites bottines,

    Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif...

    − Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

     

    IV

     

    Vous êtes amoureux. Loué jusqu’à mois d’août.

    Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.

    Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.

    − Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…

     

    − Ce soir-là... − vous rentrez aux cafés éclatants,

    Vous demandez des bocks ou de la limonade...

    − On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans

    Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade. (1)

     

    (1) Arthur Rimbaud, Roman. 23 septembre 1870 - (2) Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud, Editions Fayard. 2001

    André Cohen-Aknin (AAKC)

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 9

  • Voyageurs du soir

    À l'heure où j'écris, l'épidémie Covid 19 confine plus de trois milliards d'habitants chez eux, c'est-à-dire près de la moitié de la population mondiale. Avec le sentiment que nous pouvons tous être atteints. 

    L'histoire fourmille d'événements dramatiques : guerres, épidémies, génocides, mouvements climatiques, explosions atomiques. Souvenons-nous des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Le monde avait basculé. On ne parlait plus de mort individuelle, mais on entrevoyait une mort globale de l'humanité. Sera-ce le cas cette fois ? 

    Écoutons Fatho Amoy, poète de Côte-d'Ivoire :

     

    Voyageurs du soir qui suivez la rumeur

    Des vagues et l’étoile bleue des baies,

    Gardez-vous de trop songer à vos songes

    Et d’héberger pour longtemps les chagrins

    Qui saccagèrent votre vie passée.

    Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble

    Proche et lointaine que le jour naissant

    Exalte d’hirondelles et de senteurs de goyave.

    Un pays à portée de cœur et de sourire

    Où le désir de vivre et le bonheur d’aimer

    Brûlent du même vert ardent que les filaos.

    Craignez de le traverser à votre insu :

    Les saisons sur vos talons brouillent le paysage ;

    Mais chaque pas est la chance d’un rêve. (1)

     

    Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble. Est-ce à dire alors qu'il reste un peu d'espoir et que nous verrons le bout du tunnel ? Si les poètes le disent, alors nous pouvons le croire. 

    (1) Fatho Amoy, Avis, tiré de Chaque aurore est une chance, Ceda, 1980. 

    André Cohen Aknin (AAKC)

    Lettre d'un colporteur-liseur N° 7

  • Je sors dans la chambre

    Nous voici confinés, 
    alors que nous savons, vous et moi, que le mouvement nous est indispensable. 
    Tout bouge, les cellules, les astres, le temps, les langues… 
     
    Que faire alors ?
    Bouger évidemment, mais bouger à l'intérieur.
    Le poète André du Bouchet nous y invite :
     
    Je sors 
    dans la chambre 
     
    comme si j'étais dehors
     
    parmi des meubles
    immobiles
     
    dans la chaleur qui tremble
     
    toute seule
     
    hors de son feu
     
    il n'y a toujours 
    rien
     
    le vent. (1)
     
    Ce poète est un voyageur de l'instant. J'ai mis longtemps à l'approcher. 
    J'y vais par petites touches. Je sais que la tâche est longue. 
    Cet homme "refuse toute idée d'aboutissement" (2).
    Ses phrases éclatées, ses ellipses ouvrent des espaces pour notre voyage intérieur. 
    Avec lui, nous avons besoin de temps. Justement, ce confinement nous en laisse à loisir.
     
    Alors voyageons, marchons
     
    Tout marcheur… vibre déjà dans l'éparpillement du divers. (2)
     
    si embrasser du regard les choses du monde revient à les avoir à la bouche, 
    à sentir la page se pénétrer de leur saveur, de leur couleur. 
    Celui qui parle (je veux dire celui qui écrit) et par lequel se fait jour silence mêlé de parole, tremble dans la joie de devenir. (2)
     
    C'est donc que tout autour de nous compte. Jérémy Cronin, poète Sud-africain en parle également. 
    Je vous en dirai plus une prochaine fois. 
     
    (1) André du Bouchet, Le moteur blanc - Editions Guy Lévis Mano, Edit, 1956
    (2) Yves Peyré, André du Bouchet aux prises avec l'impossible parole. Revue CRITIQUE, juin juillet 1979
     
    André Cohen Aknin (AAKC)
     
    Lettre d'un colporteur-liseur N° 3