De la toile au texte
S’attacher à l’infime
car c’est là que la mémoire écrit
Une sensation d’aiguillée
au moment de passer
du trait au mot
de la toile au texte
André. Renaître chaque jour
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S’attacher à l’infime
car c’est là que la mémoire écrit
Une sensation d’aiguillée
au moment de passer
du trait au mot
de la toile au texte
André. Renaître chaque jour
© André Cohen Aknin
Sur le chemin de verdure aux yeux bleus
les myosotis nous disent :
n'oubliez pas les Résistants
Ici ils se sont battus
La beauté fragile des fleurs
la solidité des roches
l'éphémère et l'immobile
unis dans un même paysage
Marche sur le chemin
de verdure aux yeux bleus
Le rocher résonne-t-il encore
des combats des conciliabules
dans la nuit et le froid ?
Vercors aujourd’hui lumineux
où soupire le sang de la jeunesse
La vie toujours
renaît semblable et différente
Marche sur le chemin tracé par d'autres
dans l'ombre des hêtres
Chemin de verdure aux yeux bleus
Dans la cour des fusillés
sur la paroi transparente
je lis à voix haute les prénoms
de seize jeunes hommes fauchés
par la guerre et la haine
Leurs yeux brillent dans notre liberté
poème de Geneviève, juin 2017
Du choc des mots
jaillit l'étincelle
entretenir le feu
Encre : A. Cohen Aknin (encre, placage et toile de jute)
Haïku : G. Briot
Je l'ai vu arriver de loin, un sac sur l'épaule, la main droite calée à la taille. Il traverse le quai à vive allure, contourne des cadres de bois avant de s'engouffrer dans la gueule noire d'un entrepôt, suivi d'autres dockers. Il en sort le torse grandi dans sa tunique bleue, le regard fier des gens du port et rejoint la grue qui tend un nouveau filet de sacs. On m'avait prévenu, mon oncle n'est pas un rigolo. Il ne s'arrêtera pas avant d'en avoir terminé. Et si je voulais lui apporter son repas, je devrais faire preuve de patience.
Assiette emmaillotée en mains, je me réfugie à l'abri d'un énorme anneau de cordes dans une odeur de mer, d'huile brûlée et de vapeurs d'échappements. On grille aussi des sardines quelque part sur le port.
Très vite, grincements, couinements, coups de sifflet et paroles jetées d'un bateau me jettent dans un malstrom. On m'invite à grimper sur un navire. Je me lève, deviens moussaillon, timonier, capitaine au long cours. Je m'envole sur les mers lointaines.
"Va rentre, je rapporterai l'assiette. Et surtout, ne traîne pas en route". Mon oncle vient de m'arracher à la couronne de cordes.
La tête qui tourne. Les jambes qui flageolent. Je m'éloigne dans une sorte de nuage. Impossible de prononcer le moindre mot. Est-ce cela qu'on appelle le mal de mer ?
"paroles de dockers IV" - encre calame, oct 2013
© André Cohen Aknin