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nature - Page 2

  • Lire Philippe Jaccottet

    philippe jaccottet,beauregard,andré du bouchet,montale,grignan,drôme,suisse,florence,geneviève briot,bleu 31Lire Philippe Jaccottet, c'est faire une promenade dans la nature et se laisser surprendre par une fleur, un nuage, une lueur, mais c'est bien plus qu'être intensément là dans le moment présent ; c'est faire une plongée dans le passé, c'est rencontrer au même instant la vie et la mort ; c'est saisir des éclats d'une vie intérieure, des correspondances avec des souvenirs, des lectures, des musiques, des peintures, des mots magnifiés. Sous une apparente simplicité, le poète donne une vision picturale qui unit émotions et couleurs. Et toujours, ce tremblement de l'écriture produit par les hésitations, l'approche toujours insatisfaite entre ce qui est dit et ce qui se dérobe.

    Je pourrais évoquer des mots que nous avons aimé lire en public : l'heureux brouillard des amandiers de "À travers un verger", le travail du poète qui est de veiller comme un berger et d'appeler tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. J'aimerais dire mon émotion à la lecture de "Truinas" écrit à propos des obsèques de André du Bouchet où Philippe Jaccottet exprime la merveille extrême, celle capable de susciter, paradoxalement sinon scandaleusement une espèce de joie sourde, timide et pourtant puissante…

    Mais j'ai choisi d'évoquer "Beauregard" que je viens de relire :

    C'est toute la fascination du mot qui nous est donnée à voir. Beauregard, village perdu, presque un hameau : "… on allume les lampes et cela aide, tandis que le vert des prairies et des forêts devient comme de l'encre ou presque, s'imprègne de nuit ; et qu'à l'inverse, une dernière fois avant la nuit, flamboie l'entaille de la carrière, à croire qu'on avait allumé là-bas un grand brasier rose qui semble sourdre de la terre elle-même - et c'est aussi un verre de lumière à boire, un verre de soleil couchant."

    Ce Beauregard, tout à fait drômois, le mène à un lieu-dit près de sa ville natale : "… quand on disait ce mot on faisait tinter une cloche justement pour accéder à quelque lieu inconnu… Oui ce mot tintait comme un instrument de métal frappé par un marteau - et dont le retentissement, maintenant que j'y songe après tant d'années, n'était pas sans analogie avec celui (qu'on imagine) d'un gong dans la cour d'un temple d'Asie ou celui des sonnailles d'un troupeau qu'on entend avant de le voir … et le son clair se répand, vient à vous à travers la distance elle-même absolument claire, c'est l'air lui-même qui tinte et vibre, l'air tout à fait invisible des hauteurs qui semble s'ouvrir à son passage - tandis que les montagnes s'élèvent immobiles, à distance les unes des autres, comme des beffrois."

    Beauregard entraîne ensuite Philippe Jaccottet vers "Tempi di Bellosguardo", un poème de Montale, l'évocation d'un quartier de Florence puis d'une personne assise en retrait dans l'ombre : "on voit alors ses yeux saturés de la lumière du monde sur lesquels rapidement les paupières se baissent pour ne laisser filtrer qu'un désir de tendresse ou de long sommeil."

    Philippe Jaccottet est né en Suisse et vit à Grignan dans la Drôme.

    Geneviève

     

  • À pleine peau

     

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    Nous allons vers le sud, vers les oliviers, vers la lumière. La pluie même la secrète en perles fines, étend son voile sur la mer. Éclats de bleus sur la dentelle de béton du Mucem. Marche dans les cailloux qui l'étreignent, la ruminent avant de l'exploser dans la calanque à Cassis. Cascade argentée de la rivière sous les arbres dans le Lubéron. Regards et rires d'enfants.

    Faut-il que nous soyons dans l'enlisement pour tendre ainsi les mains vers la lumière, l'atteindre, l'emporter dans un appareil photo, emprisonnée ainsi que nous sommes ? Éclairer les insomnies à la lampe de poche !

    Les paroles ont des flammes tremblantes au vent des rencontres. Sur les murs d'un village perché, la lumière vibre et nos corps semblables aux pierres s'y abreuvent. Prières entre terre et ciel, ténues comme galets, légères comme oiseaux.

    Mouvement vers ce qui nous manque, ce qui nous aime, ce qui nous éclaire. Prendre les soleils à pleine peau et brûler les ombres le temps d'un élan.

    Geneviève

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  • Mirabelles et arbre sacré

    Lors de notre semaine en Lorraine en septembre, marqué par des alternances de pluies et soleil, nous avons trouvé des paysages d'un vert intense. Les collines du Saintois.

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    La cueillette des mirabelles venait de prendre fin. Nous avons pu apprécier les dernières, juteuses à souhait. Le parfum de la Lorraine est là, dans ses mirabelles. Il faut les manger sur place, celles qui nous parviennent sur les marchés du sud sont des plus décevantes. Chez les amis qui nous ont accueilli, il y eut l'immanquable tarte aux mirabelles. Et nous sommes revenus avec les confitures !

    Ce qui a retenu notre attention, c'est aussi un arbre sacré. Il se situe à Choloy-Menillot, près de Toul en Meurthe et Moselle. On l'appelle le St Claude. C'est un tilleul. Pourquoi le St Claude ?

    (Un arbre sacré de St Claude célèbre en Picardie est réputé guérir des maladies. Les gens viennent y accrocher des tissus. On l'appelle l'arbre à loques, en picard : "l'frip'rie de Saint Gleude")

    Et celui-là ?

    Entrons dans le bois

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    Au creux de l'arbre

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    la peau de l'arbre


     

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    il étend ses bras



     

     

    Chacun lui rend visite à sa manière, avec les mains, les yeux, on peut l'enlacer.

    S'il a bien apprécié votre visite et que vous êtes fatigué, il met sur votre route un tracteur chargé de bois qui vous prend en stop.

    On raconte qu'un jour, trois chasseurs éméchés se sont amusés à tirer sur la statue qui est encastrée dans son tronc. Les trois larrons, eux, sont tous morts de mort violente dans l'année du forfait. La statue de métal a été remplacée, fondue, c'était l'époque où le fonderies de Foug existaient encore.

    On peut ne pas aimer les arbres, mais il faut être poli avec les arbres, comme le disait Jacques Prévert. Même avec ceux qui ne sont pas sacrés.

    Christiane qui habite le village me communique aujourd'hui : "Ces jours derniers le st Claude a fait son office : les orages tournaient  menaçant le village et tout s'est dispersé gentiment ! J'ai discuté avec un habitant, l'arbre se situe en haut de la côte, à l' endroit où le relief fait que les nuages sont disloqués,  St Claude nous protège de la grêle et des orages"

     André et Geneviève

  • Guadeloupe

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    voici des notes endiablées de la pluie sur les feuilles

    un soleil ardent entre les nuages

    le chant de la vague sur la peau

    Pluie, soleil et vent donnent le tempo à l'île papillon pleine de couleurs et de bruits. Pourtant, une sérénité semble planer sur les habitants. Lisette au bord de la route vend citrons verts, ananas bouteilles, bananes, christophines, fruits à pain, premières mangues. En bordure de plage, des femmes tournent leurs sorbetières à la main, préparent sorbets de coco et de goyave à la demande. En face de l'école, un couple âgé propose des légumes du jardin. Des enfants noirs à qui se mêlent quelques enfants aux visages clairs chahutent et se disent à demain. Sur le mur de l'école, une plaque indique que c'est là le refuge en cas de cyclone. Les marchés de Pointe-à-Pitre, de Petit-Bourg regorgent d'appels, de cris, de musique dans les senteurs d'épices.

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    Les plages de Basse-Terre et de Grande Terre offrent leurs eaux de bleus et d'émeraude  et leurs étendues de sable fin. Dans la forêt, la nature exulte : arbres immenses, feuilles luisantes, fleurs éclatantes dont les héliconias ou les roses de porcelaine où vient s'abreuver le colibri appelé aussi "foufou", "flèche soleil" pour sa fulgurance. Au Jardin de l'eau, il y a la pierre qui pleure. Pays de sources autant que de plages et de fonds marins enchanteurs. 

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    Exubérance et fragilité sur cette île dominée par le volcan de La Soufrière dont le sommet se cache dans les nuages. Plus qu'ailleurs, peut-être saisit-on, la nécessité de vivre pleinement l'instant. L'averse qui passe, le soleil qui va et vient, la bourrasque qui se lève, le ciel qui vire au violet, tout nous dit l'éphémère. Le passé en filigrane souffle la mémoire de l'esclavage. L'abolition ne date que de 1848.

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    L'écrivain guadeloupéen, Daniel Maximin en évoquant son enfance raconte que la marchande de lait disait : "Charbon pas farine, farine pas charbon". Ce à quoi sa grand-mère répondait : "La farine pétrit le pain, le charbon le cuit".

    J'ai bien apprécié aussi les ananas, les bananes, le jus de groseilles, les ouassous (les écrevisses - les rois des sources - en créole on ne prononce pas les "r" :) et la gentillesse des Guadeloupéens. Les visages, les paysages m'ont fait approcher d'autres paysages plus intérieurs. 

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    Avant de quitter ces quelques lignes, vous prendrez bien un ti-punch avec quelques acras de morue.

    Geneviève

  • A vivre le chant

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    Juin

    Pluie et soleil

    nature en liesse

    écouter ce chant

     

    Guillevic écrivait : 

    Le chant

    Ouvre ses espaces

    En dehors de l'espace

    …… 

    Chacun va

    Chantant sa différence

    Et voulant la garder,

    Chacun ayant besoin

    D'entendre d'autres chants

    Pour être sûr du sien

    ……

    Bien sûr,

    Des choses chantent

    Plus et mieux que d'autres

    Parfois ce sont

    Les plus timides

    ……

    La lumière

    Nous transpose

    Le chant

    Des étoiles filantes

    ……

    Il semble parfois

    Que le chant

    ne vient pas d'une source,

    Qu'il existe par lui-même,

    Permanent,

    Qu'il dit l'éternité.

     

    extraits de Le Chant Poésie/Gallimard

  • Les haïkus des écoliers

    Le Salon du Livre Jeunesse de Roiffieux en Ardèche avait pour thème cette année Nature et forêt. La veille, je suis intervenue dans la classe de CM1 de Laurence Munoz à l'école St Joseph. Nous avions le projet d'écrire des haïhus.

    Dans la tradition japonaise, le haïku, poésie de 3 vers, s'inscrit sur le thème de la nature et des saisons. Depuis, il a évolué vers des thèmes plus diversifiés. L’écriture du haïku, selon Dominique Chipot, est une marche dans la vie, une marche paisible dont le seul but est de se faire plaisir en prenant le temps d’observer, d’écouter, de goûter, de toucher ou de sentir.

    C'est un art d'écriture qui allie précision, simplicité, suggestion et qui, pour moi, est un art de vie.

    Après avoir fait connaissance, les enfants m'ont présenté leurs poèmes précédents, haïkus d'automne et d'hiver. Nous avons esquissé collectivement quelques poésies à partir d'une page de Najib l'enfant de la nuit qui exprime les sensations d'un enfant dans la montagne.

    Et nous voilà partis vers un petit bois non loin du village, tous les sens en alerte. Sur le chemin déjà, ils écrivaient leurs premières mots. Sous les arbres, ils se dispersaient, attentifs aux bruits, aux parfums, aux images.

    Les enfants ont rassemblé leurs haïkus dans un recueil. En voici quelques-uns : 

    Les maisons en pierre

    P1120360.JPGSous le vent du printemps

    Le champ et ses lignes vertes

    Loan

     

    Un morceau de bois gravé

    Par les insectes

    Le lierre a mis ses paillettes

    Chloé

     

    Le bruit du vent dans les arbresP1120365.JPG

    Les fourmis sur les mots

    Par terre les feuilles

    Léandre

     

    Cette forêt harmonique

    Percussion de mes pas

    Nature si belle que je n'ai plus de mots

    Maëlys

     

    Écorce douce écorce rugueuseP1120366.JPG

    Le gendarme monte sur la fleur violette

    La mousse sur la pierre

    Tiphaine

     

    Les orties piquent

    Ça fait fait très très mal

    Les prunes fleurissent

    Loan

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    Je suis tombé dans un trou

    Plein de haïkus

    Je me fonds dans le paysage

    Maëlan

    De retour en classe, ils m'ont posé des questions sur Najib l'enfant de la nuit et surtout sur L'ogre aux pieds nus qu'ils avaient lu en classe. Le livre étant épuisé, Laurence l'avait emprunté à la Bibliothèque d'Annonay. Le lendemain, lors du Salon, les enfants se sont bousculés pour acheter les exemplaires que j'avais apportés. Hélas, je n'en avais que deux.

    Geneviève

  • Premier matin 2012

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    La lumière glisse sur la brume

    un chemin de silence

    pour quel chant ?

     

    Geneviève

  • couleur en murmure

     

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    couleur en murmure sur les tempes la vague immémoriale remet le signe à sa place dans la pierre que l’eau trace inlassablement suivre son mouvement respirer

    André

    La Coudoulière, nov 2011

     

  • Impressions australiennes

    17 février-19 mars 2011 région de Sydney

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    Le jour se lève à peine

    la peau respire la douceur

    le wallaby est dans le jardin

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    En bordure du Parc Ku-ring-gaï

    les maisons gardent les arbres

    les arbres regardent les maisons.

     

    Graffitis d’insectes

    sur peau d’eucalyptus

    blanche dorée ou bistre

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    La forêt n’a pas d’âge

    arbres calcinés et feuilles tendres

    serpent dans un trou d’eau

     

    Parfums d’eucalyptus

    et de bois chauffé

    les corps perlés de résine

     

    Un varan s’inscrit                      

    comme un bijou sur un tronc

    est-il le gardien du site aborigène ?

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    Figures animales et humaines

    tracées sur la roche sacrée

    j’écoute l’espace-temps

     

    De quelle écorce devons-nous

    nous dévêtir

    pour que le rêve nous habite ?

     

    A Sydney la City crépite

    dans son habit de verre

    où se reflètent façades brunes

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    Elle tintinnabule aux feux verts

    les gens se pressent                                  

    pour attraper le dernier ferry-boat

     

    Appel de la mer

    de l’Opéra House

    coques de résonance

    sydney,ku-ring-gaï park,blue mountains,les trois sœurs,eucalyptus

     

     

     

     

     

     

     

     

     Dans les Blue Mountains

    plonger au royaume des cascades

    et des arbres fougères

     

    Les Trois Sœurs baignent

    dans la vapeur des eucalyptus

    océan bleuté d’une légende

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    Ville montagne bush

    se frottent l’un à l’autre

    émerge l’esprit australien

     

    Geneviève