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Poésie - Page 15

  • Lecture à la maison de retraite

    Nous sommes à l'EHPAD de Romans, résidence Clairefond, le jeudi 11 mars.

    Les résidents ont fait demi cercle devant nous. S'ils sont là, c'est que ce sont des personnes « désorientées », leur vitalité s'est détricotée, en vieillissant et leur esprit s'est embrumé. Certains ont une véritable attente, d'autres semblent absents. Une femme chantonne interminablement « le plus beau des tangos du monde ».

    Donner à entendre des histoires, c'est tenter de renouer le fil des mots aux événements d'une vie. Des histoires courtes, des poèmes. « La gamelle » d'Italo Calvino rappelle le repas qu'on emportait pour manger à midi sur le lieu de son travail. « Ouiquenne » de René de Obaldia fait jouer les mots, les rythmes. Un poème dit l'importance de l'eau et nous emmène dans le désert. Un boulanger dans un village converse avec Najib le petit Algérien, José le petit infirme dit son plaisir de goûter le printemps sur le pas de la porte. Les textes offrent des sensations, invitent à l'évocation de quelques souvenirs chez les spectateurs. Oui, ils se souviennent de la gamelle, des départs de la famille en voiture. Des visages s'éclairent. La musique des mots exerce un pouvoir dont on ne connaît pas l'impact.

    Nous finissons sur un poème de Raymond Queneau mis en musique et nous chantons ensemble. Une dame parle de « La nuit de Rameau » qu'elle chantait autrefois dans son village. Sa voix s'élève, un peu rocailleuse mais juste : « Oh nuit qu'il est profond ton silence ! ». Les mots que la mémoire restitue sont là, bien vivants. Je veux vous embrasser, dit-elle à Geneviève, au moment du départ.

    Cette lecture s'est faite à l'initiative de l'Association Bleu 31

     

  • Ecrits de neige

     

     
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    © photo Naïs

    Entends craquer la neige

    l'hiver joue sa musique

    sur le portée des vignes

    Geneviève

     

    De la souffrance au sourire

    il n'y a qu'un chant

    celui d'un oiseau

    André

  • Les provisions pour l'hiver

     

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    Faire provision de lumière

      garder les rouges et les ors

      pour la traversée de l'hiver

     

  • Le monde ouvert de Kenneth White

     

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    « la beauté est partout

                            même

    sur le sol le plus dur

                            le plus rebelle

    la beauté est partout

                au détour d’une rue

                            dans les yeux

                sur les lèvres d’un inconnu

    dans les lieux les plus vides

                où l’espoir n’a pas de place

    où seule la mort

                            invite le cœur

    la beauté est là

                            elle émerge

                incompréhensible

                            inexplicable

    elle surgit unique et nue -

    à nous d’apprendre

    à l’accueillir

    en nous »

    Kenneth White  «Le grand rivage »

    Entrer dans la poésie de Kenneth White, c’est pénétrer dans une forêt où les arbres parlent avec la lumière, c'est caresser la peau des troncs, adopter « le calendrier des nuages ». Le poète né en Écosse s’enracine sur la terre bretonne, il est migrant sur les routes nordiques, il est aussi dans la chaîne du Tiantaï qui est un de ces lieux où, selon un auteur du IXe siècle, « des ailes poussent aux hommes ».

    Poésie du cosmos que Kenneth White s’emploie à saisir en héritier des poètes et des philosophes des siècles passés, en Europe, en Chine dans l’esprit du tao, ainsi qu’il la présente dans son essai « L’esprit nomade » Voyage sur un bateau de neige dans l’évocation de Sesshu, peintre japonais.

    La poésie de Kenneth White est limpide, elle respire l’air du large. Une danse pour avancer en nudité. Un art de vivre.

    Geneviève

  • Un silence voyageur

    Cet été il a fait si chaud que j’avais l’impression que le ciel avait sorti son immense fer à repasser, au point qu’il a brûlé les feuilles des arbres qui se croient maintenant en automne et s’envolent au moindre souffle d’air.

    Pour échapper à cette chaleur excessive, je suis souvent restée derrière les volets mi-clos. Là je fais le vide, j’enlève les décors. Le vide, je le repeins en blanc pour pouvoir accueillir le moment venu. Accueillir quoi ? Ce que je n’attends pas. Ne pas écouter les rumeurs des histoires ébauchées prêtes à bondir sur la page. Laisser le silence m’envahir. Non pas un « turbulent silence » mais un silence qui repousse les murs, qui erre sur des chemins perdus. Rester dans le vide, se laisser flotter, boire le déséquilibre. Jouir et souffrir du rien jusqu’à ne plus rien ressentir.

    « J’écoute le silence, écrit Mahmoud Darwich. Si… nous tendions l’oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s’est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques » Ce n’est pas un hasard si je lis ces mots en ce moment, ces mots tirés de « La trace du papillon ».

    La poésie seule donne liberté espace. La poésie ne pense pas, elle vibre d’inconnu.

    Geneviève

  • Sourire de l'absente

     

     

    Je travaille sur un nouveau texte dont le titre est "Sourire de l'absente". Il reprend quelques écrits de 2006 présentés lors de l’exposition "31 minutes" et chemine plus avant dans une écriture toute en mouvement où la "ponctuation appartient de nouveau au mot son ventre". En voici un extrait : 

    "au féminin changement de tonalité l’écriture devient fugue et les voyelles se transforment en signes se mêlent au rythme des tambours au tempo de prendre le pas sur la ponctuation il n’y pas de majuscule en musique suite de hautbois violoncelle clap clap au micro le rap s’affiche dans les revues de poésie les plus chics on parlera longtemps du noir à cause du chant je ne parle pas d’harmonie juste du bourdonnement de la forêt des os"

    André

  • Terre d'enfance

    « Il est un arbre

    qui résiste à tous les vents

    C’est l’arbre d’enfance

    Ses racines creusent

    la terre des ancêtres

    Au bord du vert

    ses branches retiennent

    dans son feuillage

    le chuchotement de l’invisible. »

    Joseph Paul Schneider

    Après des activités d’écritures avec des adolescents au cours de l’hiver, avec le printemps je reviens en terre d’enfance à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean (Drôme), du 23 au 28 mars.

    - Le 23 mars, je rencontrerai des classes pour répondre à leurs questions à propos de mes ouvrages : « L’ogre aux pieds nus » (Ed. Chardon bleu), « Histoire d’éléphant » (Ed. Grandir) et  « Najib l’enfant de la nuit » (Ed. L’Harmattan Jeunesse Ed.). Nous parlerons aussi du lien entre le réel et l’imaginaire.

    - Le samedi 28, avec d’autres auteurs et illustrateurs, je participerai au Salon ouvert au public.

    Geneviève

    Informations sur le Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean : Signatures et spectacles sont prévus tout au long de la semaine. 

    http://www.ac-grenoble.fr/ecole/chatillon.st-jean/ecole-salon2009.html

    Tél. mairie :  04 75 45 31 15 - Tél. école : 04 75 71 41 41

  • Les mots qu'il faut

    Dans la tourmente et devant la folie des hommes, nous écoutons les poètes qui ont toujours les mots qu'il faut.

    "A force de parler d'amour
    vous sentirez à vos lèvres ce mot
    comme de la neige
    plutôt que du sang."

    Alain Borne

  • Mahmoud Darwich, une bougie s'est allumée

    Le poète nous a quittés et nous nous sentons orphelins même si sa parole poétique demeure vivante. Il a chanté l'identité de son peuple et a appelé les Israéliens à se retirer des Territoires occupés.
    Journaliste souvent en exil, au Liban, en France, aux Etats-Unis, Mahmoud Darwich est décédé à l'âge de 66 ans le 9 août 2008 dans un hôpital de Houston, où il avait subi une intervention cardiaque.
    Où qu'il soit, il est resté un homme intègre, fidèle à l'idée qu'un peuple ne peut pas vivre au détriment d'un autre. Il fut l'un des intellectuels arabes signataires contre le projet de rencontre négationniste à Beyrouth en 2001.
    Sa poésie ne pouvait pas être seulement un chant de militant palestinien, elle se voulait universelle :
    "… de mes mains jaillit l'eau du fleuve
    tous les cœurs d'homme sont ma nationalité
    voilà / je vous laisse mon passeport"
    extrait de "Rien qu'une autre année" Éditions de Minuit
    Dans son recueil : "Comme des fleurs d'amandier ou plus loin" Actes Sud 2007, il exprime une solidarité au-delà des frontières:
    "Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
    pense aux autres,
    (n'oublie pas le grain aux colombes.)
    ……
    Quand tu règles la facture d'eau pense aux autres.
    (Qui tètent les nuages)

    Quand tu rentres à la maison, ta maison,
    pense aux autres.
    (n'oublie pas le peuple des tentes.)

    Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
    pense aux autres
    (Certains n'ont pas le loisir de rêver)

    ……
    Quand tu penses aux autres lointains
    pense à toi
    Dis-toi : que ne suis-je une bougie dans le noir  ?)


    Mahmoud Darwich cherchait dans un poème sa musicalité. Bien sûr, nous ne l'entendons qu'en français et pas en arabe et pourtant la musique d'un beau poème à sa mère nous accompagne. Nous l'avons souvent dit en public sur une musique de Marcel Khalifé jouée au luth par Issal Jammal.
    Il se termine ainsi :
    "j'ai vieilli
    rends-moi les étoiles de mon enfance
    pour qu'avec les oiseaux
    j'emprunte le chemin du retour"


    Geneviève et André