Les provisions pour l'hiver
garder les rouges et les ors
pour la traversée de l'hiver
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garder les rouges et les ors
pour la traversée de l'hiver
même
sur le sol le plus dur
le plus rebelle
la beauté est partout
au détour d’une rue
dans les yeux
sur les lèvres d’un inconnu
dans les lieux les plus vides
où l’espoir n’a pas de place
où seule la mort
invite le cœur
la beauté est là
elle émerge
incompréhensible
inexplicable
elle surgit unique et nue -
à nous d’apprendre
à l’accueillir
en nous »
Kenneth White «Le grand rivage »
Entrer dans la poésie de Kenneth White, c’est pénétrer dans une forêt où les arbres parlent avec la lumière, c'est caresser la peau des troncs, adopter « le calendrier des nuages ». Le poète né en Écosse s’enracine sur la terre bretonne, il est migrant sur les routes nordiques, il est aussi dans la chaîne du Tiantaï qui est un de ces lieux où, selon un auteur du IXe siècle, « des ailes poussent aux hommes ».
Poésie du cosmos que Kenneth White s’emploie à saisir en héritier des poètes et des philosophes des siècles passés, en Europe, en Chine dans l’esprit du tao, ainsi qu’il la présente dans son essai « L’esprit nomade » Voyage sur un bateau de neige dans l’évocation de Sesshu, peintre japonais.
La poésie de Kenneth White est limpide, elle respire l’air du large. Une danse pour avancer en nudité. Un art de vivre.
Geneviève
Cet été il a fait si chaud que j’avais l’impression que le ciel avait sorti son immense fer à repasser, au point qu’il a brûlé les feuilles des arbres qui se croient maintenant en automne et s’envolent au moindre souffle d’air.
Pour échapper à cette chaleur excessive, je suis souvent restée derrière les volets mi-clos. Là je fais le vide, j’enlève les décors. Le vide, je le repeins en blanc pour pouvoir accueillir le moment venu. Accueillir quoi ? Ce que je n’attends pas. Ne pas écouter les rumeurs des histoires ébauchées prêtes à bondir sur la page. Laisser le silence m’envahir. Non pas un « turbulent silence » mais un silence qui repousse les murs, qui erre sur des chemins perdus. Rester dans le vide, se laisser flotter, boire le déséquilibre. Jouir et souffrir du rien jusqu’à ne plus rien ressentir.
« J’écoute le silence, écrit Mahmoud Darwich. Si… nous tendions l’oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s’est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques » Ce n’est pas un hasard si je lis ces mots en ce moment, ces mots tirés de « La trace du papillon ».
La poésie seule donne liberté espace. La poésie ne pense pas, elle vibre d’inconnu.
Geneviève
Je travaille sur un nouveau texte dont le titre est "Sourire de l'absente". Il reprend quelques écrits de 2006 présentés lors de l’exposition "31 minutes" et chemine plus avant dans une écriture toute en mouvement où la "ponctuation appartient de nouveau au mot son ventre". En voici un extrait :
"au féminin changement de tonalité l’écriture devient fugue et les voyelles se transforment en signes se mêlent au rythme des tambours au tempo de prendre le pas sur la ponctuation il n’y pas de majuscule en musique suite de hautbois violoncelle clap clap au micro le rap s’affiche dans les revues de poésie les plus chics on parlera longtemps du noir à cause du chant je ne parle pas d’harmonie juste du bourdonnement de la forêt des os"
André
« Il est un arbre
qui résiste à tous les vents
C’est l’arbre d’enfance
Ses racines creusent
la terre des ancêtres
Au bord du vert
ses branches retiennent
dans son feuillage
le chuchotement de l’invisible. »
Joseph Paul Schneider
Après des activités d’écritures avec des adolescents au cours de l’hiver, avec le printemps je reviens en terre d’enfance à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean (Drôme), du 23 au 28 mars.
- Le 23 mars, je rencontrerai des classes pour répondre à leurs questions à propos de mes ouvrages : « L’ogre aux pieds nus » (Ed. Chardon bleu), « Histoire d’éléphant » (Ed. Grandir) et « Najib l’enfant de la nuit » (Ed. L’Harmattan Jeunesse Ed.). Nous parlerons aussi du lien entre le réel et l’imaginaire.
- Le samedi 28, avec d’autres auteurs et illustrateurs, je participerai au Salon ouvert au public.
Geneviève
Informations sur le Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean : Signatures et spectacles sont prévus tout au long de la semaine.
http://www.ac-grenoble.fr/ecole/chatillon.st-jean/ecole-salon2009.html
Tél. mairie : 04 75 45 31 15 - Tél. école : 04 75 71 41 41
Dans la tourmente et devant la folie des hommes, nous écoutons les poètes qui ont toujours les mots qu'il faut.
"A force de parler d'amour
vous sentirez à vos lèvres ce mot
comme de la neige
plutôt que du sang."
Alain Borne
Le poète nous a quittés et nous nous sentons orphelins même si sa parole poétique demeure vivante. Il a chanté l'identité de son peuple et a appelé les Israéliens à se retirer des Territoires occupés.
Journaliste souvent en exil, au Liban, en France, aux Etats-Unis, Mahmoud Darwich est décédé à l'âge de 66 ans le 9 août 2008 dans un hôpital de Houston, où il avait subi une intervention cardiaque.
Où qu'il soit, il est resté un homme intègre, fidèle à l'idée qu'un peuple ne peut pas vivre au détriment d'un autre. Il fut l'un des intellectuels arabes signataires contre le projet de rencontre négationniste à Beyrouth en 2001.
Sa poésie ne pouvait pas être seulement un chant de militant palestinien, elle se voulait universelle :
"… de mes mains jaillit l'eau du fleuve
tous les cœurs d'homme sont ma nationalité
voilà / je vous laisse mon passeport" extrait de "Rien qu'une autre année" Éditions de Minuit
Dans son recueil : "Comme des fleurs d'amandier ou plus loin" Actes Sud 2007, il exprime une solidarité au-delà des frontières:
"Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
pense aux autres,
(n'oublie pas le grain aux colombes.)
……
Quand tu règles la facture d'eau pense aux autres.
(Qui tètent les nuages)
Quand tu rentres à la maison, ta maison,
pense aux autres.
(n'oublie pas le peuple des tentes.)
Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
pense aux autres
(Certains n'ont pas le loisir de rêver)
……
Quand tu penses aux autres lointains
pense à toi
Dis-toi : que ne suis-je une bougie dans le noir ?)
Mahmoud Darwich cherchait dans un poème sa musicalité. Bien sûr, nous ne l'entendons qu'en français et pas en arabe et pourtant la musique d'un beau poème à sa mère nous accompagne. Nous l'avons souvent dit en public sur une musique de Marcel Khalifé jouée au luth par Issal Jammal.
Il se termine ainsi :
"j'ai vieilli
rends-moi les étoiles de mon enfance
pour qu'avec les oiseaux
j'emprunte le chemin du retour"
Geneviève et André
Il y a une soixantaine d'années, le poète Alain Borne écrivait les poèmes qui composent "Terre de l'été". Je l'imagine aux heures chaudes à l'ombre des persiennes dans sa maison de Montélimar évoquer la brûlure de l'été et de l'émoi amoureux.
En voici quelques extraits :
"Août
le vent de flammes
sur l'enclume blanche,
et tout le ciel n'est que marteaux.
……………
Le soleil imite l'amour
et pèse sa lente brûlure
aux balances d'un corps renversé
……………
Pour quatre lèvres
une soif unique
chemine chemine
cheval de soleil
……………
Sous sa robe blanche
ma compagne est nue
jambe de soleil,
corsage de lait
sang visité d'eau
il reste une source
où le ciel est tiède
et où l'aube reste
sous le grand midi,
il reste un peu d'ombre,
un dernier cyprès
sur le feu de la route,
un pétale de neige
sur tout ce fer rouge,
ma compagne est nue
sous sa robe blanche
chemine, chemine,
cheval de myrte.
Pour quatre lèvres
une soif unique
chemine chemine
cheval d'éveil"
Cuivré sur marguerite
battement d'ailes
baiser de feu
Geneviève