Afrique du sud et poésie
Née souvent à l’oral, venue du bantou, du bochiman, du zoulou, du xhoza et traduite en anglais ou en afrikaan, la poésie d'Afrique du Sud revendique l’égalité des peuples.
« ll n’y a pas pire exil que l’exil à l’intérieur du pays », écrit Oupa Thando Mthimkulu.
Denis Hirson qui a composé une anthologie publiée chez Actes Sud écrit que les poètes ont su inventer les voix de la terre, conscients que son avenir est plus une énigme qu’un rêve.
"Apprendre à parler, dit Jérémy Cronin
Avec les voix de la terre
Fouiller les discours de ses rivières,
Saisir dans le grognement confus,
Bégaiement, cri, appel, bredouillement, embrouillaminis
Un sens de l’essence de ces pierres
D’où tous les mots sont ciselés.
… Là-bas en bas près du niveau d’eau, sentir
La pleine lune battre
Dans l’arrière-gorge
Sa voyelle de peau tendue.
… Exprimer sans avaler
Les syllabes nées dans les taudis, ou attraper
Le train de Cinqueuetqua
de Channisbou, arriver
Au chant de basse de l’équipe des mineurs
Lueur minérale de la résolution sans faille de notre peuple.
Apprendre à parler
Avec les voix de cette terre. »
« Être vulnérable, c’est être pleinement humain. C’est la seule façon de pouvoir saigner dans l’autre », dit Antjie Krog
C’est cette fragilité devant la transformation du pays qu’exprime Seitlhamo Motsapi :
« J’ai un œil plein de rêves et de desseins
l’autre - plein de miroirs brisés
et de cloches fêlées
… saluons la route longue et difficile
saluons les ténèbres impénétrables
… saluons nos déchirures et nos infirmités
… saluons le silence et ses mystères »