Poésie pour 2016
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Depuis la nuit des temps, nous avons eu besoin de chanter ensemble pour nous sentir unis. En ces jours tragiques de novembre 2015, nous avons chanté et entendu la Marseillaise qui nous donne énergie et émotion. Cependant, nous sommes nombreux à avoir du mal à prononcer des mots sanguinaires et vengeurs qui ne correspondent pas à ce que nous sommes. C'est pourquoi nous proposons une Marseillaise qui se souvient de ses origines, et qui, pensons-nous, correspondrait mieux à notre 21ème siècle.
Allons enfants de la patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre toutes les tyrannies
L'étendard tricolore est levé (bis)
Entendez-vous dans notre France
le chant qui clame liberté
égalité fraternité
et remplit nos cœurs de vaillance
Debout les citoyens
Allons avec entrain
Marchons marchons
Qu'un chant joyeux résonne à l'unisson !
Dans la tourmente que nous vivons, nous pensons à ce poème de Guillevic que nous avons envie de partager.
Douceur
Je dis : douceur.
Je dis : douceur des mots
Quand tu rentres le soir du travail harassant
Et que des mots t'accueillent
Qui te donnent du temps.
Car on tue dans le monde
Et tout massacre nous vieillit.
Je dis : douceur
Pensant aussi
A des feuilles en voie de sortir du bourgeon,
A des cieux, à de l'eau dans les journées d'été,
A des poignées de main.
Je dis : douceur, pensant aux heures d'amitié,
A des moments qui disent
le temps de la douceur venant pour tout de bon,
Cet air tout neuf
Qui pour durer s'installera.
Nous avons eu le plaisir de présenter une lecture musicale le 30 octobre 2015 à la Médiathèque de Montélimar en soirée de clôture du Centenaire de la naissance d'Alain Borne. Avec beaucoup de talent, Lise Péchenart, violoncelliste qui nous accompagnait, a glissé ses mélodies, souvent improvisées, entre les textes ou à l'intérieur des poèmes.
Nous avons connu Paul Vincensini. Celui-ci, ami d'Alain Borne disait qu'Alain avait été son initiateur en poésie. Quant à nous, nous avons marché sur les traces de Paul dont l'ambition était de faire vivre la poésie.
Pierre Seghers disait qu'Alain Borne était avec Paul Eluard l'une des grandes voix amoureuses du XXe siècle. Ses poèmes de passion et de sensualité jaillissent peut-être d'autant plus intensément qu'il est hanté par la mort. Pour cette soirée souhaitée légère, nous n'avons donné que la face amoureuse. Paul Vincensini, poète funambule, pouvait apporter son humour qui cache une forme de gravité.
Les deux poètes savaient la fêlure qui était en eux et que nous avons tous, mais ils en avaient la lucidité et seule la poésie leur permettait d'avoir les yeux ouverts. L'un se perd dans la femme aimée sans jamais pouvoir assouvir son désir d'absolu. L'autre ne cesse de revenir à l'enfance, de célébrer avec désinvolture les pierres, les oiseaux, le cheval, la rivière… dans la dualité des personnages "Toujours et Jamais."
Deux poèmes dits en cette soirée :
Tu étais belle ce soir dans le soleil
plus que de lui vêtue
on aurait dit que tout entier
il se donnait pour te faire.
Tu me brûlais de loin
tantôt tu étais d'or
tantôt de miel tantôt de lait
tu étais la rosée
doublant de transparence l'aubépine.
Je te savais brûlante
je te savais la fraîcheur même
tu étais l'aube mystérieusement couchée
sur un million de lis.
Alain Borne "La nuit me parle de toi"
Moi j'ai toujours peur du vent
Me voici
Mes poches
Bourrées de cailloux
Pour rester avec vous
Ne pas m'envoler dans les arbres.
Paul Vincensini "Toujours et jamais"
Après la lecture, il y a eu un échange chaleureux avec le public, Chantal Brunel et Thierry Trial de la médiathèque. Merci à tous.
Geneviève et André - Ass. BLEU 31
Les œuvres complètes d'Alain Borne aux éditions Curandera sont épuisées. Des recueils ont été publiés chez des éditeurs dont : Voix d'encre, L'atelier du Hanneton, Jacques Brémond…
L'œuvre poétique de Paul Vincensini est publié aux éditions L'arbre à paroles. Une sélection pour les enfants : "Je dors parfois dans les arbres" aux éditions Motus
Nous vous communiquons le programme du Festival Théâtre Automne que nous avons le plaisir de parrainer.
Festival Théâtre Automne
Salle des fêtes de Clérieux Drôme
les 23 24 25 octobre 2015
• vendredi 20h30 - comédie "Au rendez-vous des autres" par le Théâtre inattendu de Sauzet
• samedi 10h30 - rencontre d'auteurs Geneviève Briot et André Cohen Aknin sont auteurs de théâtre, de poésies et de romans. Ils sont Drômois, mais pas seulement. leurs vies sont marquées par le voyage. Ils viennent en voisins se présenter à nous.
• samedi 16h - comédie dramatique "Échec à la reine" d'Andrée Chedid par les Zygomatics de Valence
• samedi 20h30 - comédie dramatique "L'Atelier" de Jean-Claude Grumberg par le Théâtre d'en Face d'Annonay
• dimanche 11h - Apéro spectacle. Temps convivial animé par les troupes du CD 26
• dimanche 15h - comédie absurde "Le spectateur condamné à mort" de Matei Visniek par le Théâtre de la Grille verte de St Étienne
tarifs :10 € - réduit : 6 € - Pass : 15 €
Au cours d'un stage de Qi Gong avec le Dr Liu Dong*, nous avons ressenti plus que du bien-être. Il y a chez Liu Dong une vibration que l'on rencontre chez certains poètes. Une vibration qui émane de sa voix, mais aussi de quelque chose de plus impalpable, un fluide né de sa présence. Une porte s'ouvre : nous sommes à la fois dans l'intériorité et sur une onde qui unit les participants. Créer des liens entre les énergies pour acquérir une conscience de soi. On se situe dans la nature, les saisons, entre le ciel et de la terre. C'est aussi la saison de l'âme qui prend sa source dans le corps en mouvement, en mutation.
Une perception intime et profonde nous fait évoquer la poésie qui est essence de la vie. Des mots de Guillevic nous viennent aux lèvres :
"Laisse faire le silence.
Laisse-le agir à sa guise"
…
"Voilà que cette nuit
Tu désirerais tenir dans ta main
Une boule de lumière,
Et soudain tu comprends
cette lumière est en toi,
tapie dans ton corps"
"La voie du calme", ainsi que l'indique le titre d'un livre du maître chinois, nous invite à poser sur la page des mots surgis d'un silence fécond, invite à une autre trace sur le sable.
Geneviève et André
* Stage de 4 jours organisé au château de Beauregard à St Péray (Ardèche) en août par le Taiji et Qi gong Grangeois
- © photo d'André dans le Vercors
La poète Hélène Cadou nous a quittés à 92 ans en juin 2014.
Je l'avais rencontrée en Ardèche à Privas en 1982. Elle était venue de sa Loire-Atlantique, invitée par Paul Vincensini. Une femme discrète et attachante. Elle a lu sa poésie qui puise sa source dans celle de René-Guy Cadou disparu trente ans plus tôt. Elle est dans l'espace de l'amour indéfectible et dans l'attention au monde.
"dans les étages
quelqu'un m'appelle
mais je n'ai pas encore de nom
…
je marche vers toi
sur les feuilles mortes
de la nuit"
"la vie
aura goût de pomme
et la parole
ton visage
j'ai mis ma fenêtre
au-dessus
du fleuve
pour le voyage"
Nous avons continué la soirée dans une ferme auberge ardéchoise. Nous étions une vingtaine assis à une grande table. Une autre table était occupée par des architectes. A la fin du repas, Monique Domergue, poète, pour rendre hommage à notre invitée, s'est levée et de sa voix bien timbrée a lu un poème. D'autres lecteurs tour à tour ont fait vibrer les mots d'Hélène. Les conversations à la table voisine se sont tues et les architectes se sont mis à l'écoute de la poésie. Soirée d'échanges entre deux univers.
Ensuite, j'ai eu quelques échanges épistolaires avec Hélène Cadou, en particulier en 2002. J'avais proposé la présence de ses poèmes à l'exposition organisée par Michel Rouquette à Privas : "Fenêtre sur mots". Je revois son écriture élancée où elle disait me faire confiance pour le choix des textes à présenter.
"Il faut revenir pas à pas
Vers la seule fenêtre ouverte
L'avenir est là
Comme un enfant qui rit.
Il reste assez de jour
Pour guérir une forêt
Assez d'arbres
Pour croire à l'aurore
Un grand coup de ciel sur ta vie
A fait le monde pur
Comme un drap gonflé par le vent."
C'est toujours avec plaisir et émotion que nous disons les poèmes d'Hélène Cadou au cours de nos lectures. Simplicité apparente des mots, alliances surprenantes. Une clarté traverse le temps, laisse entrevoir la fragilité de la vie et la grâce de l'instant.
Geneviève
Les poèmes cités sont extraits de "L'innominée" et de "En ce visage l'avenir" et sont publiés aux éditions Jacques Brémond
Vers le Garlaban*
grimper le chemin rocailleux
entre le vert des chênes kermès
et le rose des cistes à la peau froissée
Un rossignol caché
lance sa voix en gouttes de feu
qui arpègent vers le ciel
un paysage de Provence
flèches sombres d'éternité
J'entre dans la respiration du pays
inhale les parfums de sèves chauffées au soleil
Une route d'argent traverse la colline
À la descente les oliviers en terrasses
captivent le regard
Lignes ordonnées du végétal
de la pierre et de la terre
Etre en équilibre
là où la voix coule paisible
près d'un puits de source profonde
Geneviève
*Le massif du Garlaban surplombe Aubagne et la vallée de l'Huveaune
Les balades poétiques "Il pleut des oiseaux bleus" ont fait vibrer les mots dans le château de Rochefort-en-Valdaine où errent encore les âmes d'un passé rude et enchanté.
Nous avons été accueillis dans l'église d' Ancône où les oiseaux bleus sur les vitraux étaient lumière. Nos voix étaient portées par la sérénité fraternelle des moines de Tibhirine. L'église restaurée leur est dédiée.
A St Marcel-les-Sauzet, nous étions enveloppés des pierres du passé et des bruits du jour, du lavoir à l'église romane, la poésie traçait son chemin.
Dans tous ces lieux, le violoncelle de Lise Péchenart lançait ses notes de terre et de ciel, éclairait les mots d'amour, de liberté, de voyage, vibrait dans un temps hors du temps, celui de la poésie.
"l'oiseau seul a tout le ciel pour s'étirer dans tous les sens" Paul Vincensini
Les visages des "écoutants" devenaient des livres.