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La tentation du passé

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Deux livres sur ma table de chevet "SI PRÈS" de Hélène Cixous et "ÉLÉGIES POUR LE TEMPS DE VIVRE" de Richard Rognet.
(Je me demande parfois si des auteurs qui voisinent sur une étagère de bibliothèque échangent dans l'ombre des nuits)
 Dans "SI PRÈS", Hélène Cixous s'interroge sur le fait d'aller en Algérie où elle a passé son enfance et son adolescence. Son mode d'être, écrit-elle est la broussaille, son héritage algérien. Ses mots errent sur des chemins secrets de son Algériance. Ses Algérêveries vont du jardin d'Essai à Alger au lion du heurtoir de la porte d'entrée de la maison à Oran, en passant par le cyprès sur le chemin du Lycée Fromentin. L'image de Zohra Drif, la fille du Lycée à qui elle n'a jamais parlé, à qui elle a voulu écrire et ne l'a jamais fait, est une présence lancinante. Après trente-cinq ans, elle erre là-bas à la recherche de ce qui n'existe plus. Au cimetière, à la force des mots et de l'imaginaire, elle finit par dialoguer avec son père. De retour à Paris, elle écrit : "Je suis venue à Alger pour retrouver l'immortel chagrin. Et je l'ai trouvé. Il est avec moi."

Dans "ÉLÉGIES POUR LE TEMPS DE VIVRE", Richard Rognet s'interroge sur la tentation de réveiller le passé.
"Ne reviens pas, les retours nuisent au temps
de vivre…
ne reviens pas, la blessure ne dort pas,
la mémoire comme un ciel couvert
prépare les orages futurs, ne reviens
pas. A qui dis-je ne reviens pas ?…

à qui ? sinon à celui qui résiste en moi,
sous les pierres ensevelies sous
d'autres pierres, celui qui frappe
sans qu'on l'entende à la porte
de l'intérieur…"

Richard Rognet raconte le passage du temps, la volonté "pour vivre comme doit vivre la vie" et il s'engage délibérément dans le présent

"tu tiens bon, tu renais, tu arraches les voiles
étouffants des peurs bleues, tu recomposes
ton présent, tu es le messager de ta propre existence"
……
car il en est des lieux secrets comme des mots
dans la mémoire, plus on les cherche, les recherche,
et plus la vie s'appesantit, et plus les larmes
tourbillonnent dans les profondeurs du cœur

qui bat la breloque, tu demeures orphelin des
lieux que le merle atteint, contente-toi de son
chant, vibre avec lui et remercie la nuit venue."

J'ai suivi les chemins des deux auteurs, j'ai suivi les phrases éclatées et inventives d'Hélène Cixous, sensible à sa fidélité à son immortel chagrin ; j'ai suivi la coulée lumineuse des phrases de Richard Rognet qui sont recherche de plénitude. Lectrice, je suis à la croisée des deux univers,  je suis un lieu de rencontre.

Geneviève

 

 

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