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Livres - Page 6

  • Jeanne Benameur

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    Une auteure dont la sobriété de l'écriture est proprement stupéfiante.

    Dans les romans que nous avons lus avec délectation, Jeanne Benameur met en scène des êtres de silence et de contemplation, dans une langue poétique qui va à l'essentiel. On est touché par une grâce qui détonne avec notre monde où les paroles tourbillonnent, nous empêchent de penser et peut-être de voir.

    Dans Les demeurées les mots font leurs nids dans la tête de Luce. La petite héroïne fait bloc avec sa mère dans un monde de gestes du quotidien. Objets en gros plan. Mots nimbés de silence. Phrases courtes.

    Les blancs sur la page ouvrent des espaces où le lecteur peut s'arrêter, imaginer, toucher, sentir, exulter. Le voile de ma petite grand-mère qui me revient, toute ridée, odorante, ma bouche contre sa joue, le voile au bord, épice musc, odorante livre-t-elle dans Ça t'apprendra à vivre.

    Les mots se font rares, ont une vibration. Jeanne Benameur sait même faire parler leur absence.

    Dans Les mains libres, il n'y a pas eu de mots pour qu'Yvonne devienne Madame Lure. Monsieur Lure a simplement été ému par le mouvement de ses mains, c'est tout. Nous-mêmes n'avons-nous pas été parfois interdits, privés d'expression parce que le tumulte en nous était trop grand ou que nous nous sentions dans une grande vacuité.

    Les mains ont une présence particulière, celles de son père dans Un jour mes princes sont venus : je n'ai pas su quitter la paume de sa main. Je t'en prie souffle souffle sur ta main pour que je sois libre. Trouve ton dernier souffle papa, envole-moi.

    Il y a l'Algérie, une terre qui nous est chère.

    Dans Ça t'apprendra à vivre, elle se souvient de son enfance là-bas, de tout ce que ses parents ne disent pas et de tout ce qu'il ne faut pas dire. Fille d'un Arabe et d'une Européenne, l'enfant demande : Est-ce que nous serons toujours des "à moitié, des demi" Quand serons-nous entiers ?

    En elle :

    le désarroi parce rien ne lui est expliqué de ce voyage vers un ailleurs inhospitalier. Moi aussi j'ai une frontière, elle est dedans. Personne ne la respecte 

    et une détermination : Je me suis fait le serment que je ne m'habituerais jamais à rien.

     Ces romans nous apparaissent comme un désir d'ouverture, de compréhension du monde dans ce qu'elle a de plus secret. Ne dit-elle pas il y a … des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres ? Elle nous fait sentir à quel point nous sommes liés les uns aux autres : personne ne meurt vraiment. Jamais.

    Une force étonnante se dégage de cette écriture, quelque chose d'irréductible qui rayonne de l'intérieur. 

    Geneviève et André

  • André du Bouchet

    Nous descendions dans la nuit de décembre, dans l'ombre de la vie et nous avons rencontré "Une lampe dans la lumière aride " de André du Bouchet aux Editions Le Bruit du Temps :

    "Je me trouve au-dessus de la terre

                dans un rapport de délicatesse

    voilà le jour

                            écru

    mais je pense que nous sommes aussi fragiles l'un que l'autre

                            …

    le jour éclaboussant le sol autour de la porte

    et cette branche noire qui se détache contre la façade noire

                            …

    j'ai revu ton visage cette nuit, tes lèvres gercées

    c'est toujours ton visage dans la lumière blanche - le mien - comme la lumière qui vient couvrir - d'un trait - doucement se poser sur l'entaille

    j'étais toujours à côté de mon visage

    celui qui n'est pas le nôtre

    devenu visage de vent

    que le jour dénature …"

     

    De la nuit profonde puiser la poésie limpide pour rafraîchir les fronts les plus obscurcis, pour étancher les soifs les plus brûlantes. La poésie parle une langue "d'étrangèreté" et ouvre un voyage immobile au cœur de nous-mêmes.

    André et Geneviève

  • LIEU DE MURMURE

    l’atelier du Hanneton  (édition & typographie - librairie de campagne)

    &

    l’atelier poterie Marie-Pierre Bonnardel

    présentent :

    LIEU DE MURMURE

    à Charpey, dans la Drôme

    On y trouvera des livres, de la poésie, des poteries, de l’encre et du plomb pour la typographie, du papier naturellement, mais aussi des courts-métrages, une roulotte de haïkus, un gueuloir poétique, des musiques, des lecture, un temps pour se rencontrer, sourire, boire…

    Les 11, 17 et 18 décembre 2011

    Deux dimanches festifs à ne pas manquer

    Horaires 10h à12h et de 14h à 19h

    Se renseigner au 04 75 59 69 54


    Le dimanche 11 décembre (après-midi)

    André donnera lecture de « Ce rouge qui brillait dans le torrent »

    Une petite histoire de peinture et de Soutine de Sylvie Durbec

    que l’Atelier du Hanneton publie et présente à cette occasion. 

  • Pause Café littéraire à La Motte de Galaure

    P1040577_2.JPGLa bibliothèque de La Motte de Galaure est au cœur de ce village tout au Nord de la Drôme. À travers de larges baies vitrées les livres sur les étagères semblent faire des signes. Le 31 janvier 2010, quatre auteurs étaient invités : Rina Santoro, Christian Watremez et nous-mêmes, Geneviève Briot et André Cohen Aknin.

    Odile, une bibliothécaire bénévole, nous accueille dans un domaine où rayonnent imaginaire et peinture du réel. C'est un endroit chaleureux à dimension humaine loin de l'univers médiatisé, imagé et foisonnant d'internet qui accapare les hommes et les femmes en ce début de XXIe siècle.

    Nous avons toujours du plaisir à trouver des bibliothèques dans les petits villages. Ce sont, à coup sûr, des endroits de rencontres et d'échanges irremplaçables. En général, cela n'est possible que grâce à l'initiative de quelques passionnés. À La Motte de Galaure, quinze femmes font vivre ce lieu. Toutes ont l'amour de la lecture, une curiosité en éveil et l'envie de partager leurs découvertes.

    Des lecteurs de tous âges se succèdent tandis que circulent thé et gâteau maison. Une petite fille emporte un album, « Histoire d'éléphant » en le serrant contre elle. Un autre s'assied sur des coussins pour tourner des pages. Les paroles, vont, viennent, les auteurs racontent. André lit un passage de « La lèvre du vent » à des adolescentes. La lecture à voix haute exerce toujours sa fascination.

    Une jeune fille demande comment on écrit un livre.

    Comment répondre à une pareille question ? À la question « pourquoi ? », nous aurions pu répondre : « parce que » à l'instar du poète Blaise Cendrars. Mais là, il s'agit bien de « comment ». Le comment suppose une technique qui n'est qu'une toute petite partie de la réponse. L'écriture est quelque chose d'autre, une véritable aventure. Le lecteur croit parfois que l'auteur possède son sujet et qu'il lui suffit de le déposer sur la page. Imaginez-vous plutôt en plein désert du Sahara ou en Australie parmi les Aborigènes : les mots qui tracent un chemin ont cette étrangeté. L'esprit aux aguets, vous pensez être lucide, mais vous exagérez le moindre détail. En bref, vous êtes capable de transformer une goutte de rosée en un lac immense. Si l'écriture est une nécessité doublée de plaisir, elle est toujours un immense travail. On s'y perd parfois. Ecrire, laisser reposer le texte, reprendre, éliminer parfois des chapitres entiers, sentir qu'une nouvelle ou qu'une pièce de théâtre peut devenir un roman.

    L'écriture est un monde sans repos, une alchimie d'où l'on ne garde que la quintessence, la fleur de tout ce qu'on a couché sur le papier. On attend désespérément la petite voix qui vous dira : c'est ça, oui, maintenant. Aller au plus juste. La suite est une autre aventure qui appartient au lecteur.

     

  • "roman(s) à Romans" les 17, 18 nov. 2007

    Un salon du livre est un lieu de rencontres, par excellence, surtout quand les organisateurs sont attentifs au bien-être de chacun comme c'est le cas au Salon "roman(s) à Romans".
    Des regards, des sourires, des livres circulent. Des conversations entre auteurs permettent de découvrir l'homme, la femme derrière les mots imprimés, leur cheminement singulier. Échange de questions et réponses sur les difficultés du métier.
    Il y a bien sûr les conversations avec les lecteurs, souvent individuelles, mais  ouvertes aussi aux passants qui glanent des mots, des réflexions sur un ouvrage. L'auteur présente sa démarche, le lecteur dit son attente, livre aussi des choses de sa propre vie, des choses parfois tenues secrètes. Sur notre table, André et moi présentons des ouvrages qui ont pour sujet principal l'Algérie. Sujet resté douloureux pour certaines personnes, silence tenu pendant des années. Et voilà que la présence du livre libère la parole. Voilà que la personne n'est plus seule avec sa déchirure. Une jeune femme découvre cette terre d'amour et de feu en feuilletant "La lèvre du vent", une terre où elle est née et qui était restée enfouie en elle.
    Il y a le petit garçon de six ans qui s'empare de l'album "Histoire d'éléphant".Je raconte, il tourne les pages. Il me dit : Je ne sais pas encore très bien lire, mais bientôt… Quelle attente, quel désir ! Il me montre l'étiquette en bas au dos de la jaquette : C'est quoi, là ? C'est le prix, il le sait, malgré son ignorance. Je le lui dis. Il court vers sa mère, demande, supplie, il le veut cet éléphant. Elle résiste : il y a tant de livres qu'on aimerait emporter, comment choisir l'un plutôt que l'autre ? Mais l'enfant a arrêté son choix, lui. Elle finit par céder et le petit emporte son album. Moi, je suis admirative devant tant d'énergie et de conviction.
    Il y a un garçon un peu plus grand qui va lire "Najib l'enfant de la nuit", mais qui écrit aussi et qui me demande conseil, me parle de ses difficultés pour le livre qu'il a commencé. Comment fait-on pour écrire sa page quand il y a trop d'idées à exprimer ?
    Nous ne pouvons tout dire de ces échanges nombreux, diversifiés. Le soir, on ne peut trouver le sommeil car il y a une danse des visages, une musique des paroles qui tournent inlassablement.
    Une envie de citer un recueil de poèmes de Cédric Le Penven, un jeune poète pénétré d'une parole qui auréole le quotidien, où les silences sont en mouvement :"Elle le givre" publié chez Jacques Brémond. En voici quelques vers :

    "Je crois parfois deviner un froissement de robe
    Un filet de fraîcheur pénétrant dans la chambre
    Une paume versant un peu d'eau sur ma nuque
    Une parole chuchotée au creux du sommeil"

     

    Livres évoqués :
    André Cohen Aknin La lèvre du vent Éd. L'Harmattan
    Geneviève Briot Un livre à la mer Éd. Marsa
    Najib L'enfant de la nuit  Jeunesse L'Harmattan
    Histoire d'éléphant Éd. Grandir