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Ecriture - Page 16

  • André du Bouchet

    Nous descendions dans la nuit de décembre, dans l'ombre de la vie et nous avons rencontré "Une lampe dans la lumière aride " de André du Bouchet aux Editions Le Bruit du Temps :

    "Je me trouve au-dessus de la terre

                dans un rapport de délicatesse

    voilà le jour

                            écru

    mais je pense que nous sommes aussi fragiles l'un que l'autre

                            …

    le jour éclaboussant le sol autour de la porte

    et cette branche noire qui se détache contre la façade noire

                            …

    j'ai revu ton visage cette nuit, tes lèvres gercées

    c'est toujours ton visage dans la lumière blanche - le mien - comme la lumière qui vient couvrir - d'un trait - doucement se poser sur l'entaille

    j'étais toujours à côté de mon visage

    celui qui n'est pas le nôtre

    devenu visage de vent

    que le jour dénature …"

     

    De la nuit profonde puiser la poésie limpide pour rafraîchir les fronts les plus obscurcis, pour étancher les soifs les plus brûlantes. La poésie parle une langue "d'étrangèreté" et ouvre un voyage immobile au cœur de nous-mêmes.

    André et Geneviève

  • couleur en murmure

     

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    couleur en murmure sur les tempes la vague immémoriale remet le signe à sa place dans la pierre que l’eau trace inlassablement suivre son mouvement respirer

    André

    La Coudoulière, nov 2011

     

  • Les oiseaux et nous

    poésie,théâtre du ciel,geneviève briot,aquarelle,gallotta,guy delahaye,actes sud

    dans le sillage de l’oiseau bleu

    voyagent nos rêves

     

    l’azur les boit

    tout crus

     

    parfois ils jouent à saute moutons

    sur les nuages

     

    ou s’enlisent

    dans la brume

     * 

    rêves aux mille senteurs


     il y a ceux des hommes

    derrière les grilles

     

    les espoirs des mains

    qui vibrent en éventail

     

    des rêves papillons de jour

    papillons de nuit

     

    il y a des attentes

    aux regards de volubilis

     * 

    désir d’oiseau

    à travers le temps


    rêve d’Icare

    brûlé aux feux du soleil

     

    rêve d’Ader

    et naissance de l’avion

     

    décollage immédiat

    pour des terres lointaines

     

    lien entre les hommes

    tissé par l’aigle et l’archange


    texte extrait de "Le théâtre du ciel" (inédit) Geneviève

    aquarelle de Geneviève inspirée d'une photo de Guy Delahaye dans le livre "Gallotta" chez Actes Sud 

  • au sifflement de la chouette

    Il y a quelques jours nous est venue l'idée de composer des "poégraphes".
    En voici un : texte de Geneviève, encres d'André. 
     chouette,geneviève briot,andré cohen aknin,poésie,encres,poégraphe
    une chouette hulule
    ta peau sous mes doigts
    les nuits caressent nos jours
    au sifflement de la chouette, 4ème jour et 2e jour

  • Matière et transparence

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    Ejoumalé et Abel, deux artistes indiens de Pondichéry, de passage à Triors, petit village de la Drôme, ont exposé leurs œuvres et animé un stage d’aquarelle de trois jours. Leurs tableaux illuminent le regard : luminosité safranée, fluidité des personnages, transparence des lieux.

    Très pédagogues, les jeunes artistes guident les amateurs que nous sommes.  Attentifs et souriants, ils réparent les maladresses, donnent le contraste qui manque, apportent la touche qui change la lourdeur en légèreté.

     Je cherche du bout et du plat de mes pinceaux à entrer dans le mystère des teintes selon la palette de ces deux aquarellistes. La légèreté et la précision sont de mise pour assister à la fusion de l’eau et des couleurs, voir la manière dont elles se diffusent entre elles, se valorisent dans une marine, un paysage de campagne, une ville sous la pluie…

     Suivre leur chemin sur le papier, c’est boire la lumière, interroger ombres et reflets, revisiter la pluie ou la neige et pour cela jouer du pinceau et des nuances avec justesse et délicatesse. Une expérience difficile et passionnante qui n’est pas sans magie.

     Dans cet exercice, je me repose des mots. L’écriture part en voyage, la lecture ferme les yeux. Je trouve un autre regard sur les choses qui m’entourent.

    Geneviève

  • Kaléidoscope au féminin

    étoiles d'encre,l'étranger,behja traversac,sophie bessis,catherine simon,leïla sebbar,cécile oumhani,valéry meynadier,marie malespina,maïssa bey,geneviève briotL’étranger, tel est le titre du dernier numéro de la revue « étoiles d’encre » n°45-46 à laquelle je participe. 

    Dans son édito Behja Traversac annonce : « les textes contenus dans ce numéro nous disent non seulement la polysémie du mot « étranger » mais aussi sa densité.… L’étrangeté est inséparable des frontières et il n’y a d’étranger que parce qu’il y a frontière, y compris en soi… On ne mesure jamais vraiment ce qui nous fait étrangers dans le regard des autres et à notre propre regard. On sait ce plein, cette faille…là, au creux du corps nous séparant et nous unissant aux autres.»

    Pour ce numéro, carte blanche est donnée à Sophie Bessis, spécialiste des questions liées aux relations Nord-Sud, actuellement chercheuse associée à l’Institut  des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS Paris) . « Naître étranger, le devenir ? demande-t-elle. Elle cite le proverbe : Si longtemps que le tronc d’arbre séjournera dans la rivière, il ne deviendra jamais caïman. »

    Elle invite quinze auteures ou artistes à s’exprimer sur ce thème. Catherine Simon parle des migrants d’Erythrée dans le Pas-de-Calais, Leïla Sebbar se dit étrangère dans la maison de son père parce qu’il ne lui a pas transmis sa langue.

    Dans la rubrique « Forum », je retiens le texte de Cécile Oumhani qui parle du sentiment d’étrangeté éprouvé depuis l’enfance. « Trois langues résonnent à mes oreilles, en toile de fond, alors que le français est bel et bien ma langue d’écriture. Chez moi, je saute agréablement de l’une à l’autre, saisissant l’expression dont la saveur s’impose à moi dans telle ou telle situation… Des phrases ricochent dans ma tête, entre le français, l’anglais et l’arabe… Par delà l’ivresse de ces horizons élargis où puiser les mots à des sources multiples, mon étrangeté si ancienne … me pousse à me recroqueviller pour parer les chocs. Les gens n’aiment pas ce qui est polymorphe, inclassable, atypique. »

    Dans la rubrique Variations sur…, je m’arrête au texte de Valéry Meynadier « Entre ». Elle y exprime sa lutte contre sa propre étrangeté héritée du mensonge et du meurtre. Marie Malespina dans « La femme au bord du puits » rend hommage à l’étranger qui l’a aimée et réconciliée avec elle-même. « Il importait que ce temps d’union consentie et heureuse un jour ait eu lieu, ce temps où la différence était un attrait puissant où l’autre nationalité libérait des identités endeuillées »

    Maïssa Bey, dans sa nouvelle « L’autre » éveille chez la narratrice ce double qui se révolte contre la soumise. « Ainsi il t’a fallu tout ce temps, toutes ces colères, tous ces détours pour te connaître ! pour accepter l’autre en toi ! Et surtout pour faire accepter aux autres ce que tu es ! »

    Quant à moi, j’interroge : « Écrire, n’est-ce pas être amené à passer des frontières ? Des rêves dans les plis  d’une mémoire étrangère frappent à ma tête. » Expérience d’écriture où j’évoque la vie des femmes voilées au cœur du Mzab dans mon roman « L’appel du sud », où je transcris les témoignages de gens qui vivent en France avec l’Algérie au cœur dans « Un livre à la mer »  Écrire, c’est aller à la découverte,… repousser les limites de l’étrangeté. »

    Ce ne sont que quelques éclats d’une quarantaine de textes en prose et en poésie qui dévisagent l’étrangeté, « l’étrangèreté ».  Un kaléidoscope au féminin.

    Revue "étoiles d'encre" à lire, à découvrir. www.chevre-feuille.fr

    Geneviève

  • une guerre qui ne dit pas son nom

    En réponse au commentaire de notre lecteur Johan sur la note "demain ?":  « ahh, this one is really cute », voici un extrait un peu plus long du "sourire de l’absente"  :

     

    " il y a dehors une guerre qui ne dit pas son nom

     

    les balles frappent comme des grêlons mon père m’a appris à courir pour sauver ma peau Dieu ce que j’ai pu cavaler sauf la fois où des mômes m’ont coincé rue de l’industrie à deux pas du village nègre une autre casbah foutue tannée que j’ai prise là rapport à ma couleur de peau une peau presque blanche des yeux tirant sur le vert l’été on appelle ça les yeux du désert deux de mes frères sont bien plus foncés que moi alors quoi ?

      

    je possède toutes les couleurs avec laquelle me verra-t-on demain ?

      

    couché sur le carrelage froid de la cuisine je tiens ta main pendant que les femmes dansent dans la maison jusqu’au moment où n’y tenant plus je t’abandonne sous la table rampe jusqu’à la fenêtre l’œil collé aux volets de bois je peux suivre la gigue des hommes arme au poing la vie au ventre

     

    nous aurions pu vivre et mourir au temps de notre naissance au temps où les chants couraient de terrasse en terrasse tandis que la poussette nous trimballait face à face comme ces pierres que l’on garde au fond de sa poche et qui à chaque pas s’entrechoquent "

    André

  • demain ?

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    "encres et calames" © A.Cohen Aknin. Travail en cours

     

    je possède toutes les couleurs 

    avec laquelle me verra-t-on demain ?


    extrait de "le sourire de l'absente"

    André Cohen Aknin

  • Impressions australiennes

    17 février-19 mars 2011 région de Sydney

    impressions.JPG 

     

     

     

     

     

     

     

    Le jour se lève à peine

    la peau respire la douceur

    le wallaby est dans le jardin

    wallaby.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

    En bordure du Parc Ku-ring-gaï

    les maisons gardent les arbres

    les arbres regardent les maisons.

     

    Graffitis d’insectes

    sur peau d’eucalyptus

    blanche dorée ou bistre

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    La forêt n’a pas d’âge

    arbres calcinés et feuilles tendres

    serpent dans un trou d’eau

     

    Parfums d’eucalyptus

    et de bois chauffé

    les corps perlés de résine

     

    Un varan s’inscrit                      

    comme un bijou sur un tronc

    est-il le gardien du site aborigène ?

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    Figures animales et humaines

    tracées sur la roche sacrée

    j’écoute l’espace-temps

     

    De quelle écorce devons-nous

    nous dévêtir

    pour que le rêve nous habite ?

     

    A Sydney la City crépite

    dans son habit de verre

    où se reflètent façades brunes

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    Elle tintinnabule aux feux verts

    les gens se pressent                                  

    pour attraper le dernier ferry-boat

     

    Appel de la mer

    de l’Opéra House

    coques de résonance

    sydney,ku-ring-gaï park,blue mountains,les trois sœurs,eucalyptus

     

     

     

     

     

     

     

     

     Dans les Blue Mountains

    plonger au royaume des cascades

    et des arbres fougères

     

    Les Trois Sœurs baignent

    dans la vapeur des eucalyptus

    océan bleuté d’une légende

    les3sœurs.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ville montagne bush

    se frottent l’un à l’autre

    émerge l’esprit australien

     

    Geneviève