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Ecriture - Page 17

  • Kaléidoscope au féminin

    étoiles d'encre,l'étranger,behja traversac,sophie bessis,catherine simon,leïla sebbar,cécile oumhani,valéry meynadier,marie malespina,maïssa bey,geneviève briotL’étranger, tel est le titre du dernier numéro de la revue « étoiles d’encre » n°45-46 à laquelle je participe. 

    Dans son édito Behja Traversac annonce : « les textes contenus dans ce numéro nous disent non seulement la polysémie du mot « étranger » mais aussi sa densité.… L’étrangeté est inséparable des frontières et il n’y a d’étranger que parce qu’il y a frontière, y compris en soi… On ne mesure jamais vraiment ce qui nous fait étrangers dans le regard des autres et à notre propre regard. On sait ce plein, cette faille…là, au creux du corps nous séparant et nous unissant aux autres.»

    Pour ce numéro, carte blanche est donnée à Sophie Bessis, spécialiste des questions liées aux relations Nord-Sud, actuellement chercheuse associée à l’Institut  des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS Paris) . « Naître étranger, le devenir ? demande-t-elle. Elle cite le proverbe : Si longtemps que le tronc d’arbre séjournera dans la rivière, il ne deviendra jamais caïman. »

    Elle invite quinze auteures ou artistes à s’exprimer sur ce thème. Catherine Simon parle des migrants d’Erythrée dans le Pas-de-Calais, Leïla Sebbar se dit étrangère dans la maison de son père parce qu’il ne lui a pas transmis sa langue.

    Dans la rubrique « Forum », je retiens le texte de Cécile Oumhani qui parle du sentiment d’étrangeté éprouvé depuis l’enfance. « Trois langues résonnent à mes oreilles, en toile de fond, alors que le français est bel et bien ma langue d’écriture. Chez moi, je saute agréablement de l’une à l’autre, saisissant l’expression dont la saveur s’impose à moi dans telle ou telle situation… Des phrases ricochent dans ma tête, entre le français, l’anglais et l’arabe… Par delà l’ivresse de ces horizons élargis où puiser les mots à des sources multiples, mon étrangeté si ancienne … me pousse à me recroqueviller pour parer les chocs. Les gens n’aiment pas ce qui est polymorphe, inclassable, atypique. »

    Dans la rubrique Variations sur…, je m’arrête au texte de Valéry Meynadier « Entre ». Elle y exprime sa lutte contre sa propre étrangeté héritée du mensonge et du meurtre. Marie Malespina dans « La femme au bord du puits » rend hommage à l’étranger qui l’a aimée et réconciliée avec elle-même. « Il importait que ce temps d’union consentie et heureuse un jour ait eu lieu, ce temps où la différence était un attrait puissant où l’autre nationalité libérait des identités endeuillées »

    Maïssa Bey, dans sa nouvelle « L’autre » éveille chez la narratrice ce double qui se révolte contre la soumise. « Ainsi il t’a fallu tout ce temps, toutes ces colères, tous ces détours pour te connaître ! pour accepter l’autre en toi ! Et surtout pour faire accepter aux autres ce que tu es ! »

    Quant à moi, j’interroge : « Écrire, n’est-ce pas être amené à passer des frontières ? Des rêves dans les plis  d’une mémoire étrangère frappent à ma tête. » Expérience d’écriture où j’évoque la vie des femmes voilées au cœur du Mzab dans mon roman « L’appel du sud », où je transcris les témoignages de gens qui vivent en France avec l’Algérie au cœur dans « Un livre à la mer »  Écrire, c’est aller à la découverte,… repousser les limites de l’étrangeté. »

    Ce ne sont que quelques éclats d’une quarantaine de textes en prose et en poésie qui dévisagent l’étrangeté, « l’étrangèreté ».  Un kaléidoscope au féminin.

    Revue "étoiles d'encre" à lire, à découvrir. www.chevre-feuille.fr

    Geneviève

  • une guerre qui ne dit pas son nom

    En réponse au commentaire de notre lecteur Johan sur la note "demain ?":  « ahh, this one is really cute », voici un extrait un peu plus long du "sourire de l’absente"  :

     

    " il y a dehors une guerre qui ne dit pas son nom

     

    les balles frappent comme des grêlons mon père m’a appris à courir pour sauver ma peau Dieu ce que j’ai pu cavaler sauf la fois où des mômes m’ont coincé rue de l’industrie à deux pas du village nègre une autre casbah foutue tannée que j’ai prise là rapport à ma couleur de peau une peau presque blanche des yeux tirant sur le vert l’été on appelle ça les yeux du désert deux de mes frères sont bien plus foncés que moi alors quoi ?

      

    je possède toutes les couleurs avec laquelle me verra-t-on demain ?

      

    couché sur le carrelage froid de la cuisine je tiens ta main pendant que les femmes dansent dans la maison jusqu’au moment où n’y tenant plus je t’abandonne sous la table rampe jusqu’à la fenêtre l’œil collé aux volets de bois je peux suivre la gigue des hommes arme au poing la vie au ventre

     

    nous aurions pu vivre et mourir au temps de notre naissance au temps où les chants couraient de terrasse en terrasse tandis que la poussette nous trimballait face à face comme ces pierres que l’on garde au fond de sa poche et qui à chaque pas s’entrechoquent "

    André

  • demain ?

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    "encres et calames" © A.Cohen Aknin. Travail en cours

     

    je possède toutes les couleurs 

    avec laquelle me verra-t-on demain ?


    extrait de "le sourire de l'absente"

    André Cohen Aknin

  • Impressions australiennes

    17 février-19 mars 2011 région de Sydney

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    Le jour se lève à peine

    la peau respire la douceur

    le wallaby est dans le jardin

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    En bordure du Parc Ku-ring-gaï

    les maisons gardent les arbres

    les arbres regardent les maisons.

     

    Graffitis d’insectes

    sur peau d’eucalyptus

    blanche dorée ou bistre

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    La forêt n’a pas d’âge

    arbres calcinés et feuilles tendres

    serpent dans un trou d’eau

     

    Parfums d’eucalyptus

    et de bois chauffé

    les corps perlés de résine

     

    Un varan s’inscrit                      

    comme un bijou sur un tronc

    est-il le gardien du site aborigène ?

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    Figures animales et humaines

    tracées sur la roche sacrée

    j’écoute l’espace-temps

     

    De quelle écorce devons-nous

    nous dévêtir

    pour que le rêve nous habite ?

     

    A Sydney la City crépite

    dans son habit de verre

    où se reflètent façades brunes

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    Elle tintinnabule aux feux verts

    les gens se pressent                                  

    pour attraper le dernier ferry-boat

     

    Appel de la mer

    de l’Opéra House

    coques de résonance

    sydney,ku-ring-gaï park,blue mountains,les trois sœurs,eucalyptus

     

     

     

     

     

     

     

     

     Dans les Blue Mountains

    plonger au royaume des cascades

    et des arbres fougères

     

    Les Trois Sœurs baignent

    dans la vapeur des eucalyptus

    océan bleuté d’une légende

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    Ville montagne bush

    se frottent l’un à l’autre

    émerge l’esprit australien

     

    Geneviève 

  • Andrée Chedid

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    Andrée Chedid est morte à Paris le 6 février 2011 à 90 ans.
    Nous sommes heureux d’avoir rencontré cette dame attentive aux autres, d’avoir donné maintes fois sa poésie en public.

    « Si les jours égrènent ce qui sépare, il te reste ce qui est. » écrit-elle dans « Textes pour un poème » Ce qui est, ce sont ses écrits, romans, nouvelles, poésie, qui révèlent son talent et sa générosité, qui jettent des passerelles entre rêve et quotidien.

    Son écriture, en particulier ses poèmes intitulés « Jeunesse » allaient dans le sens de l’élan qui redonne aujourd’hui la liberté à l’Égypte, pays où elle est née.

    «  Jeunesse

    Tu chantes !

    Pour un temps s’apaise

    L’univers en tornade

    que tu portes dans tes flancs

    Tu danses !

    Ton corps brûle ses frontières

    T’emporte hors de ton corps

    Tu cries !

    Ta fureur attise l’âme

    des univers éteints

    Tous les appels du monde

    te traversent jeunesse !

    Tu enfantes le feu. »

     

  • Rouge

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    ©Geneviève Briot

     "Éclat du jour

    chant de la terre

    semé aux quatre vents"

  • A petites touches

    Nous avons descendu les jours vers le sombre de la terre et voilà que jour après jour des minutes de lumière nous sont redonnées. Chaque vie va vers sa disparition et donne goutte à goutte, parole après parole, regard après regard, une connaissance, une expérience. Chaque vie prolonge un chemin venu d’autres vies, d’autres époques les plus lointaines. Et pour chacun de nous il y a des temps de l’ombre et les temps de lumière.

     Quand la mémoire du Carnaval de leur enfance resurgit, écrit Cyril Lehembre, journaliste dans le n° de Drôme hebdo du 9 décembre 2010 à propos du travail de mémoire réalisé par André auprès de personnes âgées de l’EHPAD des hôpitaux Drôme Nord et St Vallier (Établissement d’hébergement pour personne âgées dépendantes) en coordination avec les responsables. Voici quelques extraits de son article : 

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    «  Il est allé au plus profond de l’humain. Il leur a parlé, il les a surtout écoutés et s’est souvent émerveillé de ce qu’il a entendu, vu ou vécu.… Bon nombre, dans leur jeunesse, bien que vivant à Romans, cité du Carnaval, était peu préoccupé de loisirs. Le travail avant tout…

    J’ai rencontré beaucoup de gens bien, se réjouit André Cohen Aknin. Des dizaines de résidents ont été touchés. Personnellement, je crois à l’écriture orale, mais parfois les propos dépassent la plume, j’ai écrit ce qu’ils disaient, un peu avec mes mots, comme une musique, un peu la musique des mots.

    L’écrivain romanais s’est totalement immergé dans l’EHPAD de Romans. De l’expérience est née une plaquette : Le carnaval de votre enfance ? Il a décidé de leur faire confiance et par petites touches, de les questionner sur certains souvenirs.

    Peu à peu les souvenirs se sont égrenés.

    On a organisé une exposition et une lecture, des gens de l’extérieur sont venus. L’idée, c’est de décloisonner les hôpitaux.

    Grâce à cette initiative, une partie du chemin a pu être accomplie. »

  • Comptines d'hiver

    Noël chez les chrétiens, Hanoucca chez les juifs, Mouloud chez les Arabes. Fête des lumières à Lyon le 8 décembre. Maintes traditions célèbrent une fête des lumières. Ainsi également dans les traditions indienne, perse, thaïlandaise…

    Pour moi, c'est dans les yeux des enfants que brille la lumière de Noël associée en ce moment chez nous à la joie de la neige.

    Voici trois poésies écrites à la demande d’une école maternelle à l’entrée de l’hiver.

    Noël

    Un flocon de neige joue

    avec mes joues

    avec mon nez

    P1090713.JPGje tire ma langue

    je l’attrape

    gloup ! je le mange

    et j’attends

    que tombent du ciel

    les cadeaux de Noël.

    *

    Il paraît que le père Noël

    aime la confiture de groseilles

    et que les rennes au ciel

    mangent des tartines de miel.

    C’est la mésange qui me l’a dit.

    *

    Les kakis

    Ki ka di koi ?

    Koi ka di le kaki ?

    Soleils d’hiver

    boules de Noël

    kaki kaki kaki !

     

    Geneviève

     

  • Les sculptures de Franck Girard

    Franck Girard exposait ses sculptures à la Collégiale St Barnard à Romans pendant les journées du patrimoine.

    Ses sculptures représentent l’humanité en marche avec ses joies et ses failles. Matière humaine issue de la terre, modelée par l’artiste où nous apparaissons si semblables et pourtant dans une grande solitude. Jaillissement du chaos qui devient vie animée par l’esprit.

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    "il fait jour terriblement"

    D’où vient l’émotion que suscitent ses sculptures ? Peut-être de cette projection de gens qui défilent sous nos yeux et dont nous nous sentons complètement solidaires. Dans un mouvement ininterrompu, elles nous mènent de l’aube de l’humanité à travers ses légendes et ses scènes quotidiennes jusqu’au destin de chacun. Particulièrement dans cette procession de 160 personnages sur 7 mètres de long, intitulée «Histoire entre deux pierres». Une autre dimension apparaît où les êtres d’hier sont aussi présents que ceux d’aujourd’hui. Nous sommes hors du temps et pourtant chacun se sent prisonnier d’un temps inexorable.   

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    Les titres des œuvres poussent nos émotions vers des horizons plus larges. On entend la marche des hommes avec ce «raclement des pieds sur la route».

    Aurions-nous un mur à traverser pour passer de l’ombre à la lumière, pour aller sur l’autre rive du fleuve ? Invitation à aller vers ailleurs, vers quel mystère ?

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    "L’autre rive du fleuve"