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Geneviève Briot, André Cohen Aknin, Bleu 31 - Page 21

  • Le monde ouvert de Kenneth White

     

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    « la beauté est partout

                            même

    sur le sol le plus dur

                            le plus rebelle

    la beauté est partout

                au détour d’une rue

                            dans les yeux

                sur les lèvres d’un inconnu

    dans les lieux les plus vides

                où l’espoir n’a pas de place

    où seule la mort

                            invite le cœur

    la beauté est là

                            elle émerge

                incompréhensible

                            inexplicable

    elle surgit unique et nue -

    à nous d’apprendre

    à l’accueillir

    en nous »

    Kenneth White  «Le grand rivage »

    Entrer dans la poésie de Kenneth White, c’est pénétrer dans une forêt où les arbres parlent avec la lumière, c'est caresser la peau des troncs, adopter « le calendrier des nuages ». Le poète né en Écosse s’enracine sur la terre bretonne, il est migrant sur les routes nordiques, il est aussi dans la chaîne du Tiantaï qui est un de ces lieux où, selon un auteur du IXe siècle, « des ailes poussent aux hommes ».

    Poésie du cosmos que Kenneth White s’emploie à saisir en héritier des poètes et des philosophes des siècles passés, en Europe, en Chine dans l’esprit du tao, ainsi qu’il la présente dans son essai « L’esprit nomade » Voyage sur un bateau de neige dans l’évocation de Sesshu, peintre japonais.

    La poésie de Kenneth White est limpide, elle respire l’air du large. Une danse pour avancer en nudité. Un art de vivre.

    Geneviève

  • Un silence voyageur

    Cet été il a fait si chaud que j’avais l’impression que le ciel avait sorti son immense fer à repasser, au point qu’il a brûlé les feuilles des arbres qui se croient maintenant en automne et s’envolent au moindre souffle d’air.

    Pour échapper à cette chaleur excessive, je suis souvent restée derrière les volets mi-clos. Là je fais le vide, j’enlève les décors. Le vide, je le repeins en blanc pour pouvoir accueillir le moment venu. Accueillir quoi ? Ce que je n’attends pas. Ne pas écouter les rumeurs des histoires ébauchées prêtes à bondir sur la page. Laisser le silence m’envahir. Non pas un « turbulent silence » mais un silence qui repousse les murs, qui erre sur des chemins perdus. Rester dans le vide, se laisser flotter, boire le déséquilibre. Jouir et souffrir du rien jusqu’à ne plus rien ressentir.

    « J’écoute le silence, écrit Mahmoud Darwich. Si… nous tendions l’oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s’est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques » Ce n’est pas un hasard si je lis ces mots en ce moment, ces mots tirés de « La trace du papillon ».

    La poésie seule donne liberté espace. La poésie ne pense pas, elle vibre d’inconnu.

    Geneviève

  • Sourire de l'absente

     

     

    Je travaille sur un nouveau texte dont le titre est "Sourire de l'absente". Il reprend quelques écrits de 2006 présentés lors de l’exposition "31 minutes" et chemine plus avant dans une écriture toute en mouvement où la "ponctuation appartient de nouveau au mot son ventre". En voici un extrait : 

    "au féminin changement de tonalité l’écriture devient fugue et les voyelles se transforment en signes se mêlent au rythme des tambours au tempo de prendre le pas sur la ponctuation il n’y pas de majuscule en musique suite de hautbois violoncelle clap clap au micro le rap s’affiche dans les revues de poésie les plus chics on parlera longtemps du noir à cause du chant je ne parle pas d’harmonie juste du bourdonnement de la forêt des os"

    André

  • Nocturnes de l’aqueduc à St Nazaire en Royans (Drôme)

    Le spectacle itinérant commence sur l’aqueduc d’où l’on domine la vallée de la Bourne. Au fond se profile le Vercors tandis que sous nos pieds à travers le pont métallique court un flot continu. La balade commentée avec humour et fantaisie se poursuit dans le village. Un guide assermenté, Julien Foydevaud onzième échelon et demi (Jean-Louis Debard) nous invite à découvrir l’histoire de ces lieux. Sur un ton faussement académique et naïf, il parle de la construction de l’aqueduc, du passé de St Nazaire. Mais il est sans cesse interrompu ou contesté par un « fantôme » du passé ou de l’avenir, Tiburce Mortefert, fantôme aux multiples visages (Juan Antonio Martinez). Avec les propos des deux comparses, l’histoire dérape dans la fiction la plus imaginative et la plus loufoque où la satire pointe parfois son nez. Il arrive qu’elle nous émeuve dans une évocation des maquis du Vercors et leur tragédie. Resurgissent aussi les monstres légendaires éveillant les peurs populaires ancestrales. Des personnages d’hier et d’aujourd’hui se mettent à vivre des aventures insolites. Un troisième larron, policier muet (Jean-Pierre Portier) surgit ça et là donnant une étrangeté à la visite. L’audace romanesque des comédiens qui nous fait voyager dans le temps nous subjugue, déclenche les rires, nous ravit.

    Ce spectacle itinérant est proposé par la Compagnie « Les Comédiens de Campagne ». Brigitte Couston s’occupe des relations publiques.

    Les représentations ont lieu à 20h45 les jeudis 23 et 30 juillet, vendredis 17, 24, 31 juillet, mercredis 5 et 12 août, jeudis 6 et 13 août, vendredis 7 et  14 août.

    Réservation conseillée à l’Office du tourisme de St Nazaire en Royans au 04 75 48 49 80. 

  • Les enfants ont des soucis

    P1050521.JPGAprès la rencontre avec mes jeunes lecteurs (6e du Collège Étienne Lapassat à Romans) lors du Salon du Livre Jeunesse de Châtillon St Jean, un thème d'écriture leur a été proposé à partir du roman « Najib l’enfant de la nuit ». Les enfants pouvaient écrire en leur propre nom à l’un des héros du livre pour parler de leur souci ou se substituer à l’un des personnages. Il est remarquable qu’ils ont souvent intégré les éléments de l’histoire pour la continuer  par une lettre de Najib à Pilou, ou de Pilou à Najib, les deux amis au centre de l’intrigue, tout en y introduisant leur propre souci. Parfois, ils allaient chercher inspiration chez les personnages secondaires, Simon, Meriem ou même Juliette à peine entrevue dans le roman. L’un d’eux a même imaginé qu’il avait vu Najib sur la place du village alors qu’il s’y était arrêté lors d’une randonnée à vélo. Ils ont montré une connaissance du livre qui m’a impressionnée et je pense que l‘approche pédagogique de leur professeur y est pour beaucoup. Le projet d'écriture portait aussi sur le brouillon, son évolution jusqu'au texte définitif.

    Leurs soucis ? Divorce des parents, solitude, moquerie, difficultés à l’école, racisme, mésentente avec les parents, décès d’un proche, problème de drogue pour un membre de la famille, disputes avec des copains.

    Extraits de lettres : « Maintenant, je vais te parler de mon problème : j’aime quelqu’un qui ne m’aime pas »

     « Chère Meriem, Je suis triste, tu me manques énormément, c’était super de jouer Slimane avec toi qui étais la princesse. À l’école, je n’ai pas tellement d’amis. Ils me rejettent, disent que je suis idiot parce que je suis nul à l’école ! Mes seuls amis, c’est vous »

    « Cher Simon, …Meriem m’a dit qu’on peut te confier tous les secrets, donc j’ai décidé de te parler du mien. Je voulais te parler d’un petit souci : mes parents sont en plein divorce, moi je suis au milieu de tout ça. On ne peut plus manger ensemble, chacun est de son côté. Et aussi, maman va déménager, je vais partir avec elle, partir loin d’ici. Je vais perdre touts mes amis et tous les week-ends, je devrai aller chez mon papa. Je devrai changer d’école… et je ne peux rien dire, je ne peux que supporter les cris de mes parents. J’ai peur et j’ai besoin de toi et de ton soutien. »

    Les lettres sont actuellement exposées à la Médiathèque de La Monnaie à Romans. Les  bibliothécaires, Patricia, Isa et  Lila sont à l’origine du projet avec Rachel Mandon, documentaliste dynamique et attentive et leur professeur Jacquie Grimaldi. L’engagement des élèves vient aussi de l’implication des adultes autour d’eux qui ont créé un climat de confiance. La présence chaleureuse de Jean René Perchet Principal du Collège lors de l’exposition des lettres à la Médiathèque a aussi valorisé le travail de tous. 

     

     

  • Belles Dames de passage

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    Hier, 16 mai 2009, nous avons été surpris par un phénomène que nous n'avions jamais observé : le temps était beau, nous mangions sur la terrasse et nous avons vu arriver du sud et se diriger vers le nord des vagues de papillons orangés. Quand ils arrivaient devant la maison, ils s'élevaient au-dessus du toit pour surmonter l'obstacle. Nous avons réussi à en intercepter un et les avons ainsi identifiés : il s'agit de Belles Dames. Elles ne se posaient pas, attirées vers une destination lointaine. Leur passage continu a bien duré deux à trois heures, plus peut-être. Ce qui était impressionnant, plus encore que la multitude, c'était l'élan déterminé qui entraînaient ces voyageuses vers leur but. Ces Belles Dames, selon le site d'Enviscope Rhône-Alpes, viendraient d'Afrique du Nord pour se reproduire en Europe du Nord et à l'automne leurs descendantes entreprendraient une migration inverse.

    (photo: Belle Dame locale sur le thym)

  • Le village de l'Allemand

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    « Plus on se prépare dans la vie, moins on est prêt » écrit dans son journal Rachid Helmut, né de père allemand et de mère algérienne, devenu par la contraction de ses prénoms Rachel. Le jeune ingénieur qui vit en France ne s’attendait pas à l’héritage qui lui échoit à la mort de ses parents en Algérie, victimes du GIA.

    Boualem Sensal a l’habileté de nous faire vivre ou revivre, à la fois « la sale guerre » des années 90 en Algérie, la Shoah vue par un jeune Arabe et la situation d’une banlieue française investie par les islamistes. Le journal de Rachel se double de celui de son jeune frère Malrich (Malek Ulrich) qui découvre la tragédie vécue par son aîné. Ce roman d’une grande intensité est fondé sur une histoire authentique, nous dit la quatrième de couverture. À travers cette histoire, l'auteur entraîne le lecteur dans sa réflexion qui s’appuie sur la pensée de Primo Levi. Il fait le procès du silence qui engendre les ombres.

    « Les enfants ne savent pas / Ils vivent, ils jouent, ils aiment. / Et quand ce qui fut vient à eux, / Les drames légués par les parents, / Ils sont devant des questions étranges, / Des silences glacés, / Et des ombres sans nom. / Ma maison s’est écroulée et la peine m’accable, / Et je ne sais pas pourquoi / Mon père ne m’a rien dit. » (Boualem Sensal)

  • Lire c'est ouvrir une fenêtre

     Le 4e Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean dans la Drôme fut un beau moment de partage autour du texte, de l’illustration, de la poésie.

    Lire c’est ouvrir une fenêtre

    S’envoler au bout des mots vers d’autres vies.

    Lire c’est prendre le vent entre brise et tempête.

    Lire c’est regarder un tableau et voir son propre visage.

    Le livre tient toujours sa place. Il faut voir la détermination des enfants pour obtenir un livre dédicacé avec quelques mots de l'auteur ou un dessin original de l'illustrateur. Leur intérêt, ils le manifestent aussi lors des rencontres. Interrogations sur le métier d’écrivain, sur le texte lui-même. Comment est venue l’idée ? Pourquoi ce sujet ?

    Les rencontres avaient lieu dans la semaine qui a précédé le Salon. Deux à trois auteurs ou illustrateurs chaque jour pour des élèves du village et des écoles environnantes.

    Très attentifs, des petits aux plus grands, les enfants ont posé leurs questions préparées avec soin, mais en ont aussi posé d’autres dans la spontanéité de l'échange. Je leur montrais ma documentation. Mes brouillons circulaient, écrits à la main sur un petit carnet ou sur des feuillets, transcrits à l’ordinateur, à nouveau corrigés avant de devenir le tapuscrit confié à l’éditeur, puis le livre qu’il avaient entre les mains. Ils comprenaient ainsi que l’écriture est un travail, l’aboutissement d’une réflexion, d’une aventure.

    C’est ainsi que « Najib l’enfant de la nuit », mon dernier roman jeunesse a été mis à l’épreuve de mes jeunes lecteurs (Cours moyens, classe de 6e). L’histoire a suscité beaucoup de questions sur la souffrance des enfants ou plus simplement leurs soucis. Najib est un enfant orphelin qui a connu la guerre, Maurice-Pilou qui a une sœur malade d’un cancer se sent délaissé. Les petits lecteurs réalisent l’importance de l’amitié, apprécient le lien qu’il peut y avoir entre des enfants de pays différents.

    Maintenant l’histoire se poursuit avec les 6e du collège Lapassat qui vont écrire aux héros pour parler de leurs soucis à travers des lettres. À leur tour, ils feront se rencontrer réel et imaginaire. Entrer dans cette distanciation propre aux auteurs permet de comprendre que la littérature n’est pas une distraction frivole, mais qu’à travers elle sont traités des problèmes, des difficultés qui deviennent par la fiction plus vivaces.

    Le samedi, jour du Salon à Châtillon St Jean, se retrouvaient tous les auteurs illustrateurs dans une salle des fêtes décorée de dessins d’enfants, ponctués de poèmes d’un petit Yannis. Les livres sur toutes sortes de sujets emplissaient les tables. Pierre-Yves Taravello, à l’humour toujours présent, était l’ordonnateur qui veillait à tout, soutenu par l’équipe enseignante et par bon nombre de parents qui apportaient leurs concours à la réussite de la fête. On était aux petits soins pour les invités : une maman avait préparé un couscous pour le déjeuner, les enfants dans l’après-midi prenaient note auprès de nous des boissons et des crêpes souhaitées.

    Il s’agissait bien d’une fête à laquelle les visiteurs étaient conviés et ils furent nombreux. On a échangé dans la simplicité et le plaisir d’être ensemble. Bien sûr, la réussite vient aussi des enseignants qui ont su motiver leurs élèves.

    Il me semble que le but de Pierre-Yves et de son équipe est de rapprocher le livre des habitants de Châtillon St Jean et des environs, de faire prendre conscience de son importance dans le développement d’un enfant. Ils ont réussi. Bravo !

    Geneviève

     

  • Terre d'enfance

    « Il est un arbre

    qui résiste à tous les vents

    C’est l’arbre d’enfance

    Ses racines creusent

    la terre des ancêtres

    Au bord du vert

    ses branches retiennent

    dans son feuillage

    le chuchotement de l’invisible. »

    Joseph Paul Schneider

    Après des activités d’écritures avec des adolescents au cours de l’hiver, avec le printemps je reviens en terre d’enfance à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean (Drôme), du 23 au 28 mars.

    - Le 23 mars, je rencontrerai des classes pour répondre à leurs questions à propos de mes ouvrages : « L’ogre aux pieds nus » (Ed. Chardon bleu), « Histoire d’éléphant » (Ed. Grandir) et  « Najib l’enfant de la nuit » (Ed. L’Harmattan Jeunesse Ed.). Nous parlerons aussi du lien entre le réel et l’imaginaire.

    - Le samedi 28, avec d’autres auteurs et illustrateurs, je participerai au Salon ouvert au public.

    Geneviève

    Informations sur le Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean : Signatures et spectacles sont prévus tout au long de la semaine. 

    http://www.ac-grenoble.fr/ecole/chatillon.st-jean/ecole-salon2009.html

    Tél. mairie :  04 75 45 31 15 - Tél. école : 04 75 71 41 41