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Geneviève Briot, André Cohen Aknin, Bleu 31 - Page 22

  • Le village de l'Allemand

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    « Plus on se prépare dans la vie, moins on est prêt » écrit dans son journal Rachid Helmut, né de père allemand et de mère algérienne, devenu par la contraction de ses prénoms Rachel. Le jeune ingénieur qui vit en France ne s’attendait pas à l’héritage qui lui échoit à la mort de ses parents en Algérie, victimes du GIA.

    Boualem Sensal a l’habileté de nous faire vivre ou revivre, à la fois « la sale guerre » des années 90 en Algérie, la Shoah vue par un jeune Arabe et la situation d’une banlieue française investie par les islamistes. Le journal de Rachel se double de celui de son jeune frère Malrich (Malek Ulrich) qui découvre la tragédie vécue par son aîné. Ce roman d’une grande intensité est fondé sur une histoire authentique, nous dit la quatrième de couverture. À travers cette histoire, l'auteur entraîne le lecteur dans sa réflexion qui s’appuie sur la pensée de Primo Levi. Il fait le procès du silence qui engendre les ombres.

    « Les enfants ne savent pas / Ils vivent, ils jouent, ils aiment. / Et quand ce qui fut vient à eux, / Les drames légués par les parents, / Ils sont devant des questions étranges, / Des silences glacés, / Et des ombres sans nom. / Ma maison s’est écroulée et la peine m’accable, / Et je ne sais pas pourquoi / Mon père ne m’a rien dit. » (Boualem Sensal)

  • Lire c'est ouvrir une fenêtre

     Le 4e Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean dans la Drôme fut un beau moment de partage autour du texte, de l’illustration, de la poésie.

    Lire c’est ouvrir une fenêtre

    S’envoler au bout des mots vers d’autres vies.

    Lire c’est prendre le vent entre brise et tempête.

    Lire c’est regarder un tableau et voir son propre visage.

    Le livre tient toujours sa place. Il faut voir la détermination des enfants pour obtenir un livre dédicacé avec quelques mots de l'auteur ou un dessin original de l'illustrateur. Leur intérêt, ils le manifestent aussi lors des rencontres. Interrogations sur le métier d’écrivain, sur le texte lui-même. Comment est venue l’idée ? Pourquoi ce sujet ?

    Les rencontres avaient lieu dans la semaine qui a précédé le Salon. Deux à trois auteurs ou illustrateurs chaque jour pour des élèves du village et des écoles environnantes.

    Très attentifs, des petits aux plus grands, les enfants ont posé leurs questions préparées avec soin, mais en ont aussi posé d’autres dans la spontanéité de l'échange. Je leur montrais ma documentation. Mes brouillons circulaient, écrits à la main sur un petit carnet ou sur des feuillets, transcrits à l’ordinateur, à nouveau corrigés avant de devenir le tapuscrit confié à l’éditeur, puis le livre qu’il avaient entre les mains. Ils comprenaient ainsi que l’écriture est un travail, l’aboutissement d’une réflexion, d’une aventure.

    C’est ainsi que « Najib l’enfant de la nuit », mon dernier roman jeunesse a été mis à l’épreuve de mes jeunes lecteurs (Cours moyens, classe de 6e). L’histoire a suscité beaucoup de questions sur la souffrance des enfants ou plus simplement leurs soucis. Najib est un enfant orphelin qui a connu la guerre, Maurice-Pilou qui a une sœur malade d’un cancer se sent délaissé. Les petits lecteurs réalisent l’importance de l’amitié, apprécient le lien qu’il peut y avoir entre des enfants de pays différents.

    Maintenant l’histoire se poursuit avec les 6e du collège Lapassat qui vont écrire aux héros pour parler de leurs soucis à travers des lettres. À leur tour, ils feront se rencontrer réel et imaginaire. Entrer dans cette distanciation propre aux auteurs permet de comprendre que la littérature n’est pas une distraction frivole, mais qu’à travers elle sont traités des problèmes, des difficultés qui deviennent par la fiction plus vivaces.

    Le samedi, jour du Salon à Châtillon St Jean, se retrouvaient tous les auteurs illustrateurs dans une salle des fêtes décorée de dessins d’enfants, ponctués de poèmes d’un petit Yannis. Les livres sur toutes sortes de sujets emplissaient les tables. Pierre-Yves Taravello, à l’humour toujours présent, était l’ordonnateur qui veillait à tout, soutenu par l’équipe enseignante et par bon nombre de parents qui apportaient leurs concours à la réussite de la fête. On était aux petits soins pour les invités : une maman avait préparé un couscous pour le déjeuner, les enfants dans l’après-midi prenaient note auprès de nous des boissons et des crêpes souhaitées.

    Il s’agissait bien d’une fête à laquelle les visiteurs étaient conviés et ils furent nombreux. On a échangé dans la simplicité et le plaisir d’être ensemble. Bien sûr, la réussite vient aussi des enseignants qui ont su motiver leurs élèves.

    Il me semble que le but de Pierre-Yves et de son équipe est de rapprocher le livre des habitants de Châtillon St Jean et des environs, de faire prendre conscience de son importance dans le développement d’un enfant. Ils ont réussi. Bravo !

    Geneviève

     

  • Terre d'enfance

    « Il est un arbre

    qui résiste à tous les vents

    C’est l’arbre d’enfance

    Ses racines creusent

    la terre des ancêtres

    Au bord du vert

    ses branches retiennent

    dans son feuillage

    le chuchotement de l’invisible. »

    Joseph Paul Schneider

    Après des activités d’écritures avec des adolescents au cours de l’hiver, avec le printemps je reviens en terre d’enfance à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean (Drôme), du 23 au 28 mars.

    - Le 23 mars, je rencontrerai des classes pour répondre à leurs questions à propos de mes ouvrages : « L’ogre aux pieds nus » (Ed. Chardon bleu), « Histoire d’éléphant » (Ed. Grandir) et  « Najib l’enfant de la nuit » (Ed. L’Harmattan Jeunesse Ed.). Nous parlerons aussi du lien entre le réel et l’imaginaire.

    - Le samedi 28, avec d’autres auteurs et illustrateurs, je participerai au Salon ouvert au public.

    Geneviève

    Informations sur le Salon du Livre Jeunesse à Châtillon St Jean : Signatures et spectacles sont prévus tout au long de la semaine. 

    http://www.ac-grenoble.fr/ecole/chatillon.st-jean/ecole-salon2009.html

    Tél. mairie :  04 75 45 31 15 - Tél. école : 04 75 71 41 41

  • D'Aimé Césaire à Daniel Maximin

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    Ce matin, lever de soleil, je pense à la Guadeloupe. J'ai envie de rendre hommage aux Guadeloupéens qui se battent pour plus de justice dans ces terres lointaines auréolées de la voix d'Aimé Césaire. Il y a soixante-dix ans, dans "Cahier d'un retour au pays natal", il écrivait : "Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit... Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et de pestilences, car il n'est pas vrai ... que nous n'avons rien à faire au monde, qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde, mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur ..."

    C’est cette ferveur que je trouve dans « Soufrières » de Daniel Maximin, des mots de terre et de feu, une vibration qui épouse les tremblements volcaniques, une intériorité nourrie du « lait du feu ». Marie-Gabriel qui héberge la jeune Élisa devenue muette depuis que son petit frère est mort ne lui dit-elle pas  : « Fais confiance à ta fragilité. » C’est une phrase qui m’a portée parfois quand j’avais à affronter des choses qui me dépassaient. Élisa est un beau personnage qui a l’intelligence des sens. Il y a aussi dans ce roman une amplitude dans la vision, une relation avec les vivants et les disparus, avec l'univers, et c'est tellement opposé à la vision individualiste de la métropole.

    « Souviens-toi du poème, souviens-toi de sa musique, ceux qui sont morts ne sont jamais partis, ils sont la voix du feu, de l'eau, de l'herbe, du souffle, de l'ombre, de l'arbre, du vent et du buisson. »

    Geneviève

  • Les voleurs de temps

    Nous volons le temps aux rencontres amicales, aux sorties théâtre, cinéma, aux conférences antinucléaires, nutritionnistes, écologiques, philosophiques, anecdotiques, aux aménagements  de maison, au jardinage, au footing, à la marche, aux exercices physiques. Nous le gardons jalousement pour nous tenir de longues heures devant des écrans où nous déversons des mots qui gambadent, crachent, fulminent dans nos têtes. Nous les capturons tandis qu’ils nous résistent, nous charment, nous enchaînent. Sur la page, les mots défilent, jouent à saute-mouton et ne nous laissent jamais en repos. La nuit, ils nous hantent, nous réveillent, nous obligent à prendre des notes. Parfois ils se dérobent et nous plongent dans les affres du vide, sans que nous puissions pour autant nous échapper vers des activités plus sociables.
    Écrire, c'est parfois créer sa propre prison. Les personnages imaginaires nés d’un réel lancinant en sont les gardiens. Ils nous libèrent enfin avec le point final que nous cherchons à atteindre comme un sommet inaccessible.
    Nous revenons alors vers la cité, légers, un peu dépaysés. On se dit que l’on va être libre comme l’air, si libre qu’il sera simple d'agir, d’aller vers d’autres visages: «bonjour, comment va le monde ?»
    Bref l’idée serait de ne plus écrire alors que des fourmillements nous signalent que d’autres personnages enfouis dans des carnets ou au fond d’une poche sont en train de se réveiller et se préparent à nous envahir, à lier nos mains et nos esprits. Ils parlent de nécessité, ils nous promettent des heures d’enchantement, il y en a, c’est vrai.

  • Les mots qu'il faut

    Dans la tourmente et devant la folie des hommes, nous écoutons les poètes qui ont toujours les mots qu'il faut.

    "A force de parler d'amour
    vous sentirez à vos lèvres ce mot
    comme de la neige
    plutôt que du sang."

    Alain Borne

  • Syngué sabour

    « Syngué sabour », le roman de Atiq Rahimi, a tenu sa promesse. (voir article "Pierre de patience. Invitation à la lecture", ce même blog du 22 novembre)
    Au rythme du souffle de l’homme dans le coma, au rythme du chapelet égrené par sa femme, de l’incantation des noms d’Allah, se déroule le temps. La femme livre douleurs, frustrations et secrets, un peu comme si chaque secret en cachait un autre, jusqu’à la révélation ultime. « Syngué sabour » est un roman poétique par son rythme si particulier, par ses images répétitives et significatives (le rideau aux motifs d’oiseaux migrateurs, par exemple), les détails d’un quotidien souvent sordide ancré dans le conte, le rêve, l’imaginaire, cette dimension qui enracine les mots et leur donne puissance.
    Un propos éminemment subversif. Je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l’histoire au futur lecteur.

    Geneviève

  • Pierre de patience

    Invitation à la lecture de Atiq Rahimi. Cet auteur afghan vient d’obtenir le prix Goncourt pour «Syngue sabour» Ed. P.O.L. Ce titre vient du perse syngue « pierre » et sabour  « patience ».
    Singue sabour veut dire pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s’agit d’une pierre magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères… On lui confie tout ce que l’on n’ose pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce beau jour où elle éclate… Et ce jour-là, on est délivré. (4e de couverture)
    Cet auteur dit aussi :
    «Je suis bouddhiste parce que je suis conscient de mes faiblesses ; je suis chrétien parce que j'avoue ma faiblesse ; je suis juif parce que je me moque de ma faiblesse ; je suis musulman parce que je combats ma faiblesse. Et je suis athée si Dieu est tout puissant».
    Phrase de Atiq Rahimi citée par Ariane Chemin dans Le Nouvel Observateur.
    Je n’ai pas encore lu cet auteur, mais les quelques commentaires lus ça et là sont pour moi une invitation à la lecture. Et pour vous ?

    Geneviève

  • Salon du livre "Les rencontres valentinoises"

    Je viens d'apprendre que le salon du livre "Les rencontres valentinoises" auquel je devais participer a été annulé. Il était prévu le 29 novembre 2008 et devait être organisé par Le Lions Club Deux rives.
    J'en suis désolé.
    André