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Actualité - Page 14

  • Lecture à la maison de retraite

    Nous sommes à l'EHPAD de Romans, résidence Clairefond, le jeudi 11 mars.

    Les résidents ont fait demi cercle devant nous. S'ils sont là, c'est que ce sont des personnes « désorientées », leur vitalité s'est détricotée, en vieillissant et leur esprit s'est embrumé. Certains ont une véritable attente, d'autres semblent absents. Une femme chantonne interminablement « le plus beau des tangos du monde ».

    Donner à entendre des histoires, c'est tenter de renouer le fil des mots aux événements d'une vie. Des histoires courtes, des poèmes. « La gamelle » d'Italo Calvino rappelle le repas qu'on emportait pour manger à midi sur le lieu de son travail. « Ouiquenne » de René de Obaldia fait jouer les mots, les rythmes. Un poème dit l'importance de l'eau et nous emmène dans le désert. Un boulanger dans un village converse avec Najib le petit Algérien, José le petit infirme dit son plaisir de goûter le printemps sur le pas de la porte. Les textes offrent des sensations, invitent à l'évocation de quelques souvenirs chez les spectateurs. Oui, ils se souviennent de la gamelle, des départs de la famille en voiture. Des visages s'éclairent. La musique des mots exerce un pouvoir dont on ne connaît pas l'impact.

    Nous finissons sur un poème de Raymond Queneau mis en musique et nous chantons ensemble. Une dame parle de « La nuit de Rameau » qu'elle chantait autrefois dans son village. Sa voix s'élève, un peu rocailleuse mais juste : « Oh nuit qu'il est profond ton silence ! ». Les mots que la mémoire restitue sont là, bien vivants. Je veux vous embrasser, dit-elle à Geneviève, au moment du départ.

    Cette lecture s'est faite à l'initiative de l'Association Bleu 31

     

  • Pause Café littéraire à La Motte de Galaure

    P1040577_2.JPGLa bibliothèque de La Motte de Galaure est au cœur de ce village tout au Nord de la Drôme. À travers de larges baies vitrées les livres sur les étagères semblent faire des signes. Le 31 janvier 2010, quatre auteurs étaient invités : Rina Santoro, Christian Watremez et nous-mêmes, Geneviève Briot et André Cohen Aknin.

    Odile, une bibliothécaire bénévole, nous accueille dans un domaine où rayonnent imaginaire et peinture du réel. C'est un endroit chaleureux à dimension humaine loin de l'univers médiatisé, imagé et foisonnant d'internet qui accapare les hommes et les femmes en ce début de XXIe siècle.

    Nous avons toujours du plaisir à trouver des bibliothèques dans les petits villages. Ce sont, à coup sûr, des endroits de rencontres et d'échanges irremplaçables. En général, cela n'est possible que grâce à l'initiative de quelques passionnés. À La Motte de Galaure, quinze femmes font vivre ce lieu. Toutes ont l'amour de la lecture, une curiosité en éveil et l'envie de partager leurs découvertes.

    Des lecteurs de tous âges se succèdent tandis que circulent thé et gâteau maison. Une petite fille emporte un album, « Histoire d'éléphant » en le serrant contre elle. Un autre s'assied sur des coussins pour tourner des pages. Les paroles, vont, viennent, les auteurs racontent. André lit un passage de « La lèvre du vent » à des adolescentes. La lecture à voix haute exerce toujours sa fascination.

    Une jeune fille demande comment on écrit un livre.

    Comment répondre à une pareille question ? À la question « pourquoi ? », nous aurions pu répondre : « parce que » à l'instar du poète Blaise Cendrars. Mais là, il s'agit bien de « comment ». Le comment suppose une technique qui n'est qu'une toute petite partie de la réponse. L'écriture est quelque chose d'autre, une véritable aventure. Le lecteur croit parfois que l'auteur possède son sujet et qu'il lui suffit de le déposer sur la page. Imaginez-vous plutôt en plein désert du Sahara ou en Australie parmi les Aborigènes : les mots qui tracent un chemin ont cette étrangeté. L'esprit aux aguets, vous pensez être lucide, mais vous exagérez le moindre détail. En bref, vous êtes capable de transformer une goutte de rosée en un lac immense. Si l'écriture est une nécessité doublée de plaisir, elle est toujours un immense travail. On s'y perd parfois. Ecrire, laisser reposer le texte, reprendre, éliminer parfois des chapitres entiers, sentir qu'une nouvelle ou qu'une pièce de théâtre peut devenir un roman.

    L'écriture est un monde sans repos, une alchimie d'où l'on ne garde que la quintessence, la fleur de tout ce qu'on a couché sur le papier. On attend désespérément la petite voix qui vous dira : c'est ça, oui, maintenant. Aller au plus juste. La suite est une autre aventure qui appartient au lecteur.

     

  • Ecrits de neige

     

     
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    © photo Naïs

    Entends craquer la neige

    l'hiver joue sa musique

    sur le portée des vignes

    Geneviève

     

    De la souffrance au sourire

    il n'y a qu'un chant

    celui d'un oiseau

    André

  • Coïncidence

    41vrten5PaL._SL500_AA240_.jpg"Nous sommes composés des anecdotes qui sont la trace que nous laissons en ce monde… nous sommes la constellation d’un million d’événements indépendants reliés par ce que l’œil du lecteur appelle, faute d’un terme plus approprié, coïncidence", écrit  Alberto Manguel dans la postface du livre de Luis Schwarcz : Éloge de la coïncidence édité chez Actes Sud.

    Coïncidence. Si nous étions plus attentifs à ces interférences, ces liens fortuits qui s’établissent entre des personnes, des événements, peut-être prendrions-nous davantage conscience de notre appartenance à une même terre, à une même humanité et de ce fait, peut-être serions-nous plus solidaires.

    Le petit livre de Luiz Schwarcz est arrivé entre nos mains par la magie d’un jeu d’échanges de livres de poches entre lecteurs inconnus. Ainsi nos pensées se croisent, s’invitent à aller vers d’autres découvertes, à rester éveillés.

  • Musée des Arts Premiers

    Le Musée des Arts premiers Quai Branly à Paris est vraiment passionnant. Une rencontre avec d'autres civilisations et une découverte de nos propres racines.

    Nous entrons dans un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel. Du hall d'accueil, nous suivons une rampe d'accès un peu sombre pour arriver au Plateau des collections. Des murs couleur sable rappellent les enceintes des cités antiques. Le chemin nous mène aux domaines de l'Afrique et de l'Océanie que nous choisissons d'explorer en premier.

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    Dans une vitrine, un masque royal d'éléphant ouvre la voie aux visions d'une humanité pénétrée de traditions, une humanité reliée au  monde animal et au cosmos. Les statuettes d'Afrique noire avec leurs vertus protectrices invitent à un monde où réalisme et imaginaire se mêlent. Les clous plantés dans les figurines, pour stimuler leur effet magique, guident notre pensée vers ces hommes qui ne sont pas si loin de nous. Il s'agit de penser mais aussi et surtout de ressentir. Ces ancêtres tentaient de conjurer le mauvais sort, de s'attirer du bien-être, de se protéger.  Nous pénétrons leurs questionnements, leurs joies et leurs souffrances.  Au cours de notre déambulation dans le musée, nous entrons dans une caverne aménagée dans le décor. L'effet est saisissant. Nous sommes en présence d'une séance filmée de divination en Côte d'Ivoire.

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    Il y a encore plus d'étrangeté à se trouver face aux créations des Aborigènes d'Australie. Les lignes tracées, les points posés minutieusement décrivent un chemin où il est tentant de se perdre. On pressent que les tableaux intitulés « esprit de sirène d'eau douce », « rêve de Tjunginpa », « désert central », « serpent arc-en-ciel »... expriment un univers pour nous mystérieux. Pourtant la matière colorée, les formes dessinées sont sources d'émotion. Un petit film sur un artiste aborigène montre comment il détache l'écorce d'un arbre, brûle l'extérieur pour en faire son support de création. Il peint dans l'esprit d'une cérémonie traditionnelle et dit : « Nous ne peignons pas le corps mais son pouvoir ».

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    Sur le chemin du retour nous passons devant l'exposition consacrée aux îles du Pacifique Sud et nous sommes subjugués par de hautes sculptures / tambours  de plus de deux mètres creusées dans la masse de troncs. Elles proviennent de l'île de Malekula. Ici se mêlent l'humain et le végétal. Nous touchons à l'esprit de la terre. 

  • Les provisions pour l'hiver

     

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    Faire provision de lumière

      garder les rouges et les ors

      pour la traversée de l'hiver

     

  • Le monde ouvert de Kenneth White

     

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    « la beauté est partout

                            même

    sur le sol le plus dur

                            le plus rebelle

    la beauté est partout

                au détour d’une rue

                            dans les yeux

                sur les lèvres d’un inconnu

    dans les lieux les plus vides

                où l’espoir n’a pas de place

    où seule la mort

                            invite le cœur

    la beauté est là

                            elle émerge

                incompréhensible

                            inexplicable

    elle surgit unique et nue -

    à nous d’apprendre

    à l’accueillir

    en nous »

    Kenneth White  «Le grand rivage »

    Entrer dans la poésie de Kenneth White, c’est pénétrer dans une forêt où les arbres parlent avec la lumière, c'est caresser la peau des troncs, adopter « le calendrier des nuages ». Le poète né en Écosse s’enracine sur la terre bretonne, il est migrant sur les routes nordiques, il est aussi dans la chaîne du Tiantaï qui est un de ces lieux où, selon un auteur du IXe siècle, « des ailes poussent aux hommes ».

    Poésie du cosmos que Kenneth White s’emploie à saisir en héritier des poètes et des philosophes des siècles passés, en Europe, en Chine dans l’esprit du tao, ainsi qu’il la présente dans son essai « L’esprit nomade » Voyage sur un bateau de neige dans l’évocation de Sesshu, peintre japonais.

    La poésie de Kenneth White est limpide, elle respire l’air du large. Une danse pour avancer en nudité. Un art de vivre.

    Geneviève

  • Un silence voyageur

    Cet été il a fait si chaud que j’avais l’impression que le ciel avait sorti son immense fer à repasser, au point qu’il a brûlé les feuilles des arbres qui se croient maintenant en automne et s’envolent au moindre souffle d’air.

    Pour échapper à cette chaleur excessive, je suis souvent restée derrière les volets mi-clos. Là je fais le vide, j’enlève les décors. Le vide, je le repeins en blanc pour pouvoir accueillir le moment venu. Accueillir quoi ? Ce que je n’attends pas. Ne pas écouter les rumeurs des histoires ébauchées prêtes à bondir sur la page. Laisser le silence m’envahir. Non pas un « turbulent silence » mais un silence qui repousse les murs, qui erre sur des chemins perdus. Rester dans le vide, se laisser flotter, boire le déséquilibre. Jouir et souffrir du rien jusqu’à ne plus rien ressentir.

    « J’écoute le silence, écrit Mahmoud Darwich. Si… nous tendions l’oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s’est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques » Ce n’est pas un hasard si je lis ces mots en ce moment, ces mots tirés de « La trace du papillon ».

    La poésie seule donne liberté espace. La poésie ne pense pas, elle vibre d’inconnu.

    Geneviève

  • Sourire de l'absente

     

     

    Je travaille sur un nouveau texte dont le titre est "Sourire de l'absente". Il reprend quelques écrits de 2006 présentés lors de l’exposition "31 minutes" et chemine plus avant dans une écriture toute en mouvement où la "ponctuation appartient de nouveau au mot son ventre". En voici un extrait : 

    "au féminin changement de tonalité l’écriture devient fugue et les voyelles se transforment en signes se mêlent au rythme des tambours au tempo de prendre le pas sur la ponctuation il n’y pas de majuscule en musique suite de hautbois violoncelle clap clap au micro le rap s’affiche dans les revues de poésie les plus chics on parlera longtemps du noir à cause du chant je ne parle pas d’harmonie juste du bourdonnement de la forêt des os"

    André