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geneviève briot - Page 8

  • Kaléidoscope au féminin

    étoiles d'encre,l'étranger,behja traversac,sophie bessis,catherine simon,leïla sebbar,cécile oumhani,valéry meynadier,marie malespina,maïssa bey,geneviève briotL’étranger, tel est le titre du dernier numéro de la revue « étoiles d’encre » n°45-46 à laquelle je participe. 

    Dans son édito Behja Traversac annonce : « les textes contenus dans ce numéro nous disent non seulement la polysémie du mot « étranger » mais aussi sa densité.… L’étrangeté est inséparable des frontières et il n’y a d’étranger que parce qu’il y a frontière, y compris en soi… On ne mesure jamais vraiment ce qui nous fait étrangers dans le regard des autres et à notre propre regard. On sait ce plein, cette faille…là, au creux du corps nous séparant et nous unissant aux autres.»

    Pour ce numéro, carte blanche est donnée à Sophie Bessis, spécialiste des questions liées aux relations Nord-Sud, actuellement chercheuse associée à l’Institut  des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS Paris) . « Naître étranger, le devenir ? demande-t-elle. Elle cite le proverbe : Si longtemps que le tronc d’arbre séjournera dans la rivière, il ne deviendra jamais caïman. »

    Elle invite quinze auteures ou artistes à s’exprimer sur ce thème. Catherine Simon parle des migrants d’Erythrée dans le Pas-de-Calais, Leïla Sebbar se dit étrangère dans la maison de son père parce qu’il ne lui a pas transmis sa langue.

    Dans la rubrique « Forum », je retiens le texte de Cécile Oumhani qui parle du sentiment d’étrangeté éprouvé depuis l’enfance. « Trois langues résonnent à mes oreilles, en toile de fond, alors que le français est bel et bien ma langue d’écriture. Chez moi, je saute agréablement de l’une à l’autre, saisissant l’expression dont la saveur s’impose à moi dans telle ou telle situation… Des phrases ricochent dans ma tête, entre le français, l’anglais et l’arabe… Par delà l’ivresse de ces horizons élargis où puiser les mots à des sources multiples, mon étrangeté si ancienne … me pousse à me recroqueviller pour parer les chocs. Les gens n’aiment pas ce qui est polymorphe, inclassable, atypique. »

    Dans la rubrique Variations sur…, je m’arrête au texte de Valéry Meynadier « Entre ». Elle y exprime sa lutte contre sa propre étrangeté héritée du mensonge et du meurtre. Marie Malespina dans « La femme au bord du puits » rend hommage à l’étranger qui l’a aimée et réconciliée avec elle-même. « Il importait que ce temps d’union consentie et heureuse un jour ait eu lieu, ce temps où la différence était un attrait puissant où l’autre nationalité libérait des identités endeuillées »

    Maïssa Bey, dans sa nouvelle « L’autre » éveille chez la narratrice ce double qui se révolte contre la soumise. « Ainsi il t’a fallu tout ce temps, toutes ces colères, tous ces détours pour te connaître ! pour accepter l’autre en toi ! Et surtout pour faire accepter aux autres ce que tu es ! »

    Quant à moi, j’interroge : « Écrire, n’est-ce pas être amené à passer des frontières ? Des rêves dans les plis  d’une mémoire étrangère frappent à ma tête. » Expérience d’écriture où j’évoque la vie des femmes voilées au cœur du Mzab dans mon roman « L’appel du sud », où je transcris les témoignages de gens qui vivent en France avec l’Algérie au cœur dans « Un livre à la mer »  Écrire, c’est aller à la découverte,… repousser les limites de l’étrangeté. »

    Ce ne sont que quelques éclats d’une quarantaine de textes en prose et en poésie qui dévisagent l’étrangeté, « l’étrangèreté ».  Un kaléidoscope au féminin.

    Revue "étoiles d'encre" à lire, à découvrir. www.chevre-feuille.fr

    Geneviève

  • Rouge

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    ©Geneviève Briot

     "Éclat du jour

    chant de la terre

    semé aux quatre vents"

  • Comptines d'hiver

    Noël chez les chrétiens, Hanoucca chez les juifs, Mouloud chez les Arabes. Fête des lumières à Lyon le 8 décembre. Maintes traditions célèbrent une fête des lumières. Ainsi également dans les traditions indienne, perse, thaïlandaise…

    Pour moi, c'est dans les yeux des enfants que brille la lumière de Noël associée en ce moment chez nous à la joie de la neige.

    Voici trois poésies écrites à la demande d’une école maternelle à l’entrée de l’hiver.

    Noël

    Un flocon de neige joue

    avec mes joues

    avec mon nez

    P1090713.JPGje tire ma langue

    je l’attrape

    gloup ! je le mange

    et j’attends

    que tombent du ciel

    les cadeaux de Noël.

    *

    Il paraît que le père Noël

    aime la confiture de groseilles

    et que les rennes au ciel

    mangent des tartines de miel.

    C’est la mésange qui me l’a dit.

    *

    Les kakis

    Ki ka di koi ?

    Koi ka di le kaki ?

    Soleils d’hiver

    boules de Noël

    kaki kaki kaki !

     

    Geneviève

     

  • Printemps couleur femme

     

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    Femme dans l'univers

    modelée avec les paysages

    tant le rayonnement des prairies

    que l'ombre des forêts

    le sursaut des torrents aussi

     

    Je suis le patchwork des champs

    la broderie des fleurs

    la vague des céréales

    Je m'habille

    de la clameur de la ville

    du chatoiement des marchés

    J'épouse

    les craquelures de la terre

    le vernis vieilli des toits

    l'éclat des terrasses

     

    Je suis

    le tendre et le violent

    le sombre et le vif

    les coquelicots d'amour et de sang

    les lavandes et leurs abeilles

    je suis la forêt canadienne

    les ciels étoilés du Sahara

    la crête des montagnes

    la neige qui saisit l'espace

    Je suis femme

    et j'entre dans le chant de l'univers

    Geneviève Briot

    Poème paru dans la revue Cairns n°6 printemps des poètes. Cette revue est éditée par les éditions de la Pointe Sarène à Mouans-Sartroux 06370 et les éditions associatives Gros Textes à Fontfuranes 05380 Chateauroux les Alpes sous la direction de Patrick Joquel et Raphaël Thélème. http://grostextes.over-blog.com

    Elle se propose d'éveiller l'esprit poétique, particulièrement dans les écoles en lien avec la création aujourd'hui.

    31 poètes ont participé à ce numéro.

     

     

  • Lecture à la maison de retraite

    Nous sommes à l'EHPAD de Romans, résidence Clairefond, le jeudi 11 mars.

    Les résidents ont fait demi cercle devant nous. S'ils sont là, c'est que ce sont des personnes « désorientées », leur vitalité s'est détricotée, en vieillissant et leur esprit s'est embrumé. Certains ont une véritable attente, d'autres semblent absents. Une femme chantonne interminablement « le plus beau des tangos du monde ».

    Donner à entendre des histoires, c'est tenter de renouer le fil des mots aux événements d'une vie. Des histoires courtes, des poèmes. « La gamelle » d'Italo Calvino rappelle le repas qu'on emportait pour manger à midi sur le lieu de son travail. « Ouiquenne » de René de Obaldia fait jouer les mots, les rythmes. Un poème dit l'importance de l'eau et nous emmène dans le désert. Un boulanger dans un village converse avec Najib le petit Algérien, José le petit infirme dit son plaisir de goûter le printemps sur le pas de la porte. Les textes offrent des sensations, invitent à l'évocation de quelques souvenirs chez les spectateurs. Oui, ils se souviennent de la gamelle, des départs de la famille en voiture. Des visages s'éclairent. La musique des mots exerce un pouvoir dont on ne connaît pas l'impact.

    Nous finissons sur un poème de Raymond Queneau mis en musique et nous chantons ensemble. Une dame parle de « La nuit de Rameau » qu'elle chantait autrefois dans son village. Sa voix s'élève, un peu rocailleuse mais juste : « Oh nuit qu'il est profond ton silence ! ». Les mots que la mémoire restitue sont là, bien vivants. Je veux vous embrasser, dit-elle à Geneviève, au moment du départ.

    Cette lecture s'est faite à l'initiative de l'Association Bleu 31

     

  • Pause Café littéraire à La Motte de Galaure

    P1040577_2.JPGLa bibliothèque de La Motte de Galaure est au cœur de ce village tout au Nord de la Drôme. À travers de larges baies vitrées les livres sur les étagères semblent faire des signes. Le 31 janvier 2010, quatre auteurs étaient invités : Rina Santoro, Christian Watremez et nous-mêmes, Geneviève Briot et André Cohen Aknin.

    Odile, une bibliothécaire bénévole, nous accueille dans un domaine où rayonnent imaginaire et peinture du réel. C'est un endroit chaleureux à dimension humaine loin de l'univers médiatisé, imagé et foisonnant d'internet qui accapare les hommes et les femmes en ce début de XXIe siècle.

    Nous avons toujours du plaisir à trouver des bibliothèques dans les petits villages. Ce sont, à coup sûr, des endroits de rencontres et d'échanges irremplaçables. En général, cela n'est possible que grâce à l'initiative de quelques passionnés. À La Motte de Galaure, quinze femmes font vivre ce lieu. Toutes ont l'amour de la lecture, une curiosité en éveil et l'envie de partager leurs découvertes.

    Des lecteurs de tous âges se succèdent tandis que circulent thé et gâteau maison. Une petite fille emporte un album, « Histoire d'éléphant » en le serrant contre elle. Un autre s'assied sur des coussins pour tourner des pages. Les paroles, vont, viennent, les auteurs racontent. André lit un passage de « La lèvre du vent » à des adolescentes. La lecture à voix haute exerce toujours sa fascination.

    Une jeune fille demande comment on écrit un livre.

    Comment répondre à une pareille question ? À la question « pourquoi ? », nous aurions pu répondre : « parce que » à l'instar du poète Blaise Cendrars. Mais là, il s'agit bien de « comment ». Le comment suppose une technique qui n'est qu'une toute petite partie de la réponse. L'écriture est quelque chose d'autre, une véritable aventure. Le lecteur croit parfois que l'auteur possède son sujet et qu'il lui suffit de le déposer sur la page. Imaginez-vous plutôt en plein désert du Sahara ou en Australie parmi les Aborigènes : les mots qui tracent un chemin ont cette étrangeté. L'esprit aux aguets, vous pensez être lucide, mais vous exagérez le moindre détail. En bref, vous êtes capable de transformer une goutte de rosée en un lac immense. Si l'écriture est une nécessité doublée de plaisir, elle est toujours un immense travail. On s'y perd parfois. Ecrire, laisser reposer le texte, reprendre, éliminer parfois des chapitres entiers, sentir qu'une nouvelle ou qu'une pièce de théâtre peut devenir un roman.

    L'écriture est un monde sans repos, une alchimie d'où l'on ne garde que la quintessence, la fleur de tout ce qu'on a couché sur le papier. On attend désespérément la petite voix qui vous dira : c'est ça, oui, maintenant. Aller au plus juste. La suite est une autre aventure qui appartient au lecteur.

     

  • Ecrits de neige

     

     
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    © photo Naïs

    Entends craquer la neige

    l'hiver joue sa musique

    sur le portée des vignes

    Geneviève

     

    De la souffrance au sourire

    il n'y a qu'un chant

    celui d'un oiseau

    André

  • Musée des Arts Premiers

    Le Musée des Arts premiers Quai Branly à Paris est vraiment passionnant. Une rencontre avec d'autres civilisations et une découverte de nos propres racines.

    Nous entrons dans un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel. Du hall d'accueil, nous suivons une rampe d'accès un peu sombre pour arriver au Plateau des collections. Des murs couleur sable rappellent les enceintes des cités antiques. Le chemin nous mène aux domaines de l'Afrique et de l'Océanie que nous choisissons d'explorer en premier.

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    Dans une vitrine, un masque royal d'éléphant ouvre la voie aux visions d'une humanité pénétrée de traditions, une humanité reliée au  monde animal et au cosmos. Les statuettes d'Afrique noire avec leurs vertus protectrices invitent à un monde où réalisme et imaginaire se mêlent. Les clous plantés dans les figurines, pour stimuler leur effet magique, guident notre pensée vers ces hommes qui ne sont pas si loin de nous. Il s'agit de penser mais aussi et surtout de ressentir. Ces ancêtres tentaient de conjurer le mauvais sort, de s'attirer du bien-être, de se protéger.  Nous pénétrons leurs questionnements, leurs joies et leurs souffrances.  Au cours de notre déambulation dans le musée, nous entrons dans une caverne aménagée dans le décor. L'effet est saisissant. Nous sommes en présence d'une séance filmée de divination en Côte d'Ivoire.

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    Il y a encore plus d'étrangeté à se trouver face aux créations des Aborigènes d'Australie. Les lignes tracées, les points posés minutieusement décrivent un chemin où il est tentant de se perdre. On pressent que les tableaux intitulés « esprit de sirène d'eau douce », « rêve de Tjunginpa », « désert central », « serpent arc-en-ciel »... expriment un univers pour nous mystérieux. Pourtant la matière colorée, les formes dessinées sont sources d'émotion. Un petit film sur un artiste aborigène montre comment il détache l'écorce d'un arbre, brûle l'extérieur pour en faire son support de création. Il peint dans l'esprit d'une cérémonie traditionnelle et dit : « Nous ne peignons pas le corps mais son pouvoir ».

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    Sur le chemin du retour nous passons devant l'exposition consacrée aux îles du Pacifique Sud et nous sommes subjugués par de hautes sculptures / tambours  de plus de deux mètres creusées dans la masse de troncs. Elles proviennent de l'île de Malekula. Ici se mêlent l'humain et le végétal. Nous touchons à l'esprit de la terre. 

  • Un silence voyageur

    Cet été il a fait si chaud que j’avais l’impression que le ciel avait sorti son immense fer à repasser, au point qu’il a brûlé les feuilles des arbres qui se croient maintenant en automne et s’envolent au moindre souffle d’air.

    Pour échapper à cette chaleur excessive, je suis souvent restée derrière les volets mi-clos. Là je fais le vide, j’enlève les décors. Le vide, je le repeins en blanc pour pouvoir accueillir le moment venu. Accueillir quoi ? Ce que je n’attends pas. Ne pas écouter les rumeurs des histoires ébauchées prêtes à bondir sur la page. Laisser le silence m’envahir. Non pas un « turbulent silence » mais un silence qui repousse les murs, qui erre sur des chemins perdus. Rester dans le vide, se laisser flotter, boire le déséquilibre. Jouir et souffrir du rien jusqu’à ne plus rien ressentir.

    « J’écoute le silence, écrit Mahmoud Darwich. Si… nous tendions l’oreille, nous entendrions les voix des âmes errantes dans les airs et les cris de ceux qui ont trouvé le chemin des premières cavernes. Le silence est une voix qui s’est évaporée, cachée dans le vent et brisée en échos conservés dans des jarres cosmiques » Ce n’est pas un hasard si je lis ces mots en ce moment, ces mots tirés de « La trace du papillon ».

    La poésie seule donne liberté espace. La poésie ne pense pas, elle vibre d’inconnu.

    Geneviève