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La poésie et maintenant

Une journée de rencontre et d'échange était organisée par l'ARALD (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la Documentation) le 19 mars 2014 à la Bibliothèque de Lyon Part-Dieu sur le thème de la poésie. Des intervenants du monde de l'édition, de la librairie, des bibliothèques et des poètes se sont succédé.

Nous ne souhaitons pas faire un compte-rendu de cette journée, mais mettre en lumière des propos qui font écho en nous et d'y mêler nos propres réactions. Jean-Pierre Bobillot fit un portrait de cette chose multiforme : le livre, l'oralité, la scène, la performance… Il ne s'agit pas de mettre le mot poésie à la sauce du paysage, du printemps, de l'art, ni même de faire un bilan de ce qu'elle fut, mystique, épique ou lyrique mais bien plutôt de regarder la poésie maintenant et elle est plurielle. Faire de la poésie, dit-il, c'est entrer dans le langage, objet du désir.

Il y a le "faire" du poète et le "dire" du lecteur.

Sur le "faire", Francis Ponge disait : "Je crois ma vision fort commune", et c'est bien cela que la poésie tient dans ses mots, la vie au quotidien. Est-ce la poésie sonore de Bernard Heidsick dans "Carrefour de la Chaussée d'Antin" qui cueille mots et sons de l'instant ou est-ce une poésie méditative… ou…?

Paul Vincensini l'appelait "cet enfant impossible" qui donne idée de l'éventail des couleurs, qui donne aussi l'idée de la source, de la fragilité et de l'authenticité.

Dans la réflexion sur "La poésie au cœur de la cité", quelqu'un a dit : la poésie, c'est sortir de soi pour faire entrer les autres.

Pas une, mais des poésies. On les trouve dans les livres, les revues, les lectures, les récitals, les performances, là où elle prend résonance. Le martèlement dans la lecture de Claire Rengade nous ramenait au poème de Blaise Cendrars "50 mesures de do-ré"… dédié à Eric Satie (Du monde entier - Poésie / Gallimard). La quête reste donc la même. Aller au plus loin, découvrir d'autres mondes, d'autres parties de soi. Mouvement perpétuel. Le poème est un corps en mouvement.

Un temps fort. Le poète Patrick Laupin nous a fait vivre l'authenticité de son action au cours d'ateliers d'écriture dans les écoles. Parce qu'il est au cœur de la poésie et en empathie avec les enfants, il crée le lien qui donne aux écoliers qui ne savent pas quoi écrire, la possibilité de passer le mur du langage, de faire émerger les mots qui sont tapis au fond d'eux-mêmes. Il dit aux enfants : "on fait des écritures". Chacun a une écriture, chacun a un livre en soi. Il rappelle le mot de William Blake : Tout le monde a une conscience poétique. Il nous livre quelques paroles et écrits de ces enfants. Il raconte : une petite-fille ne peut pas écrire. Elle dit : j'ai plein d'oublis. Elle revient un peu plus tard et dit : l'oubli a des trous dans ses poches. Il a rendu compte de ces rencontres avec les enfants dans "Le courage des oiseaux" Ed. La rumeur libre et à paraître prochainement, "L'alphabet des oubliés".

Ce qu'il nous apporte en ce début d'après-midi, c'est son enthousiasme : nous buvons ses mots, ses commentaires qui font courir un frémissement, une joie de vivre en poésie.

Alors si la poésie est en chacun de nous, pourquoi est-elle la parente pauvre dans nombre de librairies, de bibliothèques, internet…? Pourquoi les poètes sont-ils absents de notre environnement ? Pourquoi est-elle encore si souvent seulement récitation à l'école et explication de textes au lycée, pourquoi n'est-elle pas parole vivante ? La poésie ne peut être objet d'analyse. Elle est source et expression de vie.

A la suite de cette journée, nous nous sommes interrogés sur l'absence de la poésie dans notre société. Faut-il la vouloir présente à tout prix ? Jean-Pierre Bobillot faisait remarquer qu'elle était "hors-la-loi". N'est-ce pas sa "rareté" qui lui permettra de survivre dans cette période de consommation à outrance. Elle demeure un refuge, un moment à soi. André du Bouchet n'écrit-il pas dans l'ajour - Poésie / Gallimard : "Je n'ai rien su avant de m'immobiliser". La poésie est une immobilité terriblement mobile.

Reconnaissons qu'elle n'est pas toujours évidente.

"L'obscurité qu'on lui reproche ne tient pas à sa nature propre, qui est d'éclairer, mais à la nuit même qu'elle explore, et qu'elle se doit d'explorer : celle de l'âme elle-même et du mystère où baigne l'humain." nous dit René Char.

Pour finir ce propos un poème de Patrick Laupin extrait  de "Le jour l'aurore" paru en 1981

"le jour l'aurore

les arbres tremblent

comme un délire

le langage le monde

ne nous appartiennent pas"

 

Geneviève et André

Commentaires

  • C'est ce que je disais dans le commentaire d'avant...La poesie appartient trop souvent au monde interieur de celui qui ecrit pour pouvoir etre comprise par les autres....C'est pour cela que la poesie est tres tres peu lue;c'est trop chiant
    "La poesie c'est sortir de soi pour faire entrer les autres"....C'est tout a fait le contraire...la poesie c'est rester avec soi,sans penser un moment aux autres

  • Bonjour Claude,
    Nous répondons à vos 2 commentaires. Merci pour votre sincérité. La poésie, c'est plonger dans l'océan des sensations, des images, au plus profond de la vie. C'est entendre une musique, celle du poète. Parfois on ne l'entend pas. Nous sommes semblables et différents. On peut vivre sans poésie, sans art, sans musique. A chacun de savoir ce qui le touche, lui fait du bien, lui permet de vivre plus intensément.
    Hélène Dorion, poète québécoise écrit :
    "Le poème va
    vers l'inavoué
    comme une voix
    enfin entendue
    de ce qui tremble en nous"
    Bien à vous. Geneviève et André

  • Voila enfin des mots que je peux comprendre,sans me casser la tete...
    Merci a vous
    Bien Cordialement

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