Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Les enfants ont des soucis

    P1050521.JPGAprès la rencontre avec mes jeunes lecteurs (6e du Collège Étienne Lapassat à Romans) lors du Salon du Livre Jeunesse de Châtillon St Jean, un thème d'écriture leur a été proposé à partir du roman « Najib l’enfant de la nuit ». Les enfants pouvaient écrire en leur propre nom à l’un des héros du livre pour parler de leur souci ou se substituer à l’un des personnages. Il est remarquable qu’ils ont souvent intégré les éléments de l’histoire pour la continuer  par une lettre de Najib à Pilou, ou de Pilou à Najib, les deux amis au centre de l’intrigue, tout en y introduisant leur propre souci. Parfois, ils allaient chercher inspiration chez les personnages secondaires, Simon, Meriem ou même Juliette à peine entrevue dans le roman. L’un d’eux a même imaginé qu’il avait vu Najib sur la place du village alors qu’il s’y était arrêté lors d’une randonnée à vélo. Ils ont montré une connaissance du livre qui m’a impressionnée et je pense que l‘approche pédagogique de leur professeur y est pour beaucoup. Le projet d'écriture portait aussi sur le brouillon, son évolution jusqu'au texte définitif.

    Leurs soucis ? Divorce des parents, solitude, moquerie, difficultés à l’école, racisme, mésentente avec les parents, décès d’un proche, problème de drogue pour un membre de la famille, disputes avec des copains.

    Extraits de lettres : « Maintenant, je vais te parler de mon problème : j’aime quelqu’un qui ne m’aime pas »

     « Chère Meriem, Je suis triste, tu me manques énormément, c’était super de jouer Slimane avec toi qui étais la princesse. À l’école, je n’ai pas tellement d’amis. Ils me rejettent, disent que je suis idiot parce que je suis nul à l’école ! Mes seuls amis, c’est vous »

    « Cher Simon, …Meriem m’a dit qu’on peut te confier tous les secrets, donc j’ai décidé de te parler du mien. Je voulais te parler d’un petit souci : mes parents sont en plein divorce, moi je suis au milieu de tout ça. On ne peut plus manger ensemble, chacun est de son côté. Et aussi, maman va déménager, je vais partir avec elle, partir loin d’ici. Je vais perdre touts mes amis et tous les week-ends, je devrai aller chez mon papa. Je devrai changer d’école… et je ne peux rien dire, je ne peux que supporter les cris de mes parents. J’ai peur et j’ai besoin de toi et de ton soutien. »

    Les lettres sont actuellement exposées à la Médiathèque de La Monnaie à Romans. Les  bibliothécaires, Patricia, Isa et  Lila sont à l’origine du projet avec Rachel Mandon, documentaliste dynamique et attentive et leur professeur Jacquie Grimaldi. L’engagement des élèves vient aussi de l’implication des adultes autour d’eux qui ont créé un climat de confiance. La présence chaleureuse de Jean René Perchet Principal du Collège lors de l’exposition des lettres à la Médiathèque a aussi valorisé le travail de tous. 

     

     

  • Belles Dames de passage

    P1050375.JPG

    Hier, 16 mai 2009, nous avons été surpris par un phénomène que nous n'avions jamais observé : le temps était beau, nous mangions sur la terrasse et nous avons vu arriver du sud et se diriger vers le nord des vagues de papillons orangés. Quand ils arrivaient devant la maison, ils s'élevaient au-dessus du toit pour surmonter l'obstacle. Nous avons réussi à en intercepter un et les avons ainsi identifiés : il s'agit de Belles Dames. Elles ne se posaient pas, attirées vers une destination lointaine. Leur passage continu a bien duré deux à trois heures, plus peut-être. Ce qui était impressionnant, plus encore que la multitude, c'était l'élan déterminé qui entraînaient ces voyageuses vers leur but. Ces Belles Dames, selon le site d'Enviscope Rhône-Alpes, viendraient d'Afrique du Nord pour se reproduire en Europe du Nord et à l'automne leurs descendantes entreprendraient une migration inverse.

    (photo: Belle Dame locale sur le thym)

  • Le village de l'Allemand

    41oThloy11L._SL500_AA240_.jpg

    « Plus on se prépare dans la vie, moins on est prêt » écrit dans son journal Rachid Helmut, né de père allemand et de mère algérienne, devenu par la contraction de ses prénoms Rachel. Le jeune ingénieur qui vit en France ne s’attendait pas à l’héritage qui lui échoit à la mort de ses parents en Algérie, victimes du GIA.

    Boualem Sensal a l’habileté de nous faire vivre ou revivre, à la fois « la sale guerre » des années 90 en Algérie, la Shoah vue par un jeune Arabe et la situation d’une banlieue française investie par les islamistes. Le journal de Rachel se double de celui de son jeune frère Malrich (Malek Ulrich) qui découvre la tragédie vécue par son aîné. Ce roman d’une grande intensité est fondé sur une histoire authentique, nous dit la quatrième de couverture. À travers cette histoire, l'auteur entraîne le lecteur dans sa réflexion qui s’appuie sur la pensée de Primo Levi. Il fait le procès du silence qui engendre les ombres.

    « Les enfants ne savent pas / Ils vivent, ils jouent, ils aiment. / Et quand ce qui fut vient à eux, / Les drames légués par les parents, / Ils sont devant des questions étranges, / Des silences glacés, / Et des ombres sans nom. / Ma maison s’est écroulée et la peine m’accable, / Et je ne sais pas pourquoi / Mon père ne m’a rien dit. » (Boualem Sensal)