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  • D'Aimé Césaire à Daniel Maximin

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    Ce matin, lever de soleil, je pense à la Guadeloupe. J'ai envie de rendre hommage aux Guadeloupéens qui se battent pour plus de justice dans ces terres lointaines auréolées de la voix d'Aimé Césaire. Il y a soixante-dix ans, dans "Cahier d'un retour au pays natal", il écrivait : "Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit... Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et de pestilences, car il n'est pas vrai ... que nous n'avons rien à faire au monde, qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde, mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur ..."

    C’est cette ferveur que je trouve dans « Soufrières » de Daniel Maximin, des mots de terre et de feu, une vibration qui épouse les tremblements volcaniques, une intériorité nourrie du « lait du feu ». Marie-Gabriel qui héberge la jeune Élisa devenue muette depuis que son petit frère est mort ne lui dit-elle pas  : « Fais confiance à ta fragilité. » C’est une phrase qui m’a portée parfois quand j’avais à affronter des choses qui me dépassaient. Élisa est un beau personnage qui a l’intelligence des sens. Il y a aussi dans ce roman une amplitude dans la vision, une relation avec les vivants et les disparus, avec l'univers, et c'est tellement opposé à la vision individualiste de la métropole.

    « Souviens-toi du poème, souviens-toi de sa musique, ceux qui sont morts ne sont jamais partis, ils sont la voix du feu, de l'eau, de l'herbe, du souffle, de l'ombre, de l'arbre, du vent et du buisson. »

    Geneviève

  • Les voleurs de temps

    Nous volons le temps aux rencontres amicales, aux sorties théâtre, cinéma, aux conférences antinucléaires, nutritionnistes, écologiques, philosophiques, anecdotiques, aux aménagements  de maison, au jardinage, au footing, à la marche, aux exercices physiques. Nous le gardons jalousement pour nous tenir de longues heures devant des écrans où nous déversons des mots qui gambadent, crachent, fulminent dans nos têtes. Nous les capturons tandis qu’ils nous résistent, nous charment, nous enchaînent. Sur la page, les mots défilent, jouent à saute-mouton et ne nous laissent jamais en repos. La nuit, ils nous hantent, nous réveillent, nous obligent à prendre des notes. Parfois ils se dérobent et nous plongent dans les affres du vide, sans que nous puissions pour autant nous échapper vers des activités plus sociables.
    Écrire, c'est parfois créer sa propre prison. Les personnages imaginaires nés d’un réel lancinant en sont les gardiens. Ils nous libèrent enfin avec le point final que nous cherchons à atteindre comme un sommet inaccessible.
    Nous revenons alors vers la cité, légers, un peu dépaysés. On se dit que l’on va être libre comme l’air, si libre qu’il sera simple d'agir, d’aller vers d’autres visages: «bonjour, comment va le monde ?»
    Bref l’idée serait de ne plus écrire alors que des fourmillements nous signalent que d’autres personnages enfouis dans des carnets ou au fond d’une poche sont en train de se réveiller et se préparent à nous envahir, à lier nos mains et nos esprits. Ils parlent de nécessité, ils nous promettent des heures d’enchantement, il y en a, c’est vrai.